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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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demi-boule.
    — Un toit en forme de boule ? s’étonna Merthin.
Mais comment tient-il ? »
    Buonaventura eut un petit rire. « Je suis un marchand
de laine, jeune homme. Je peux dire, rien qu’en frottant des brins entre mes
doigts, si cette laine vient d’un mouton Cotswold ou d’un Lincoln. Mais te dire
comment on construit un casier à poules, j’en serais incapable. Alors un dôme,
tu penses...»
    Maître Elfric s’avançait vers eux dans ses vêtements coûteux
d’artisan prospère qui, sur lui, donnaient toujours l’impression d’avoir été
empruntés à quelqu’un. Flagorneur-né, le patron de Merthin s’inclina
profondément devant Buonaventura, ignorant délibérément son apprenti et Caris.
« Très honoré de vous voir de nouveau parmi nous, seigneur. »
    Merthin s’éloigna. Déjà Caris lui demandait : « À
ton avis, combien crois-tu qu’il existe de langues ?
    — Cinq, répondit-il sans réfléchir, habitué qu’il était
à ses questions inattendues.
    — Non, sérieusement ! Il y a l’anglais, le
français et le latin, ce qui fait déjà trois. Et puis il y a le florentin et le
vénitien, qui sont différents mais possèdent des mots en commun.
    — Cinq, donc, dit-il en entrant dans son jeu. Mais il y
a aussi le flamand. » Cette langue parlée par les marchands venus de
Flandre, d’Ypres, de Bruges ou de Gand, villes célèbres pour leur drap de
laine, était comprise par très peu de gens à Kingsbridge.
    « A ce compte-là, ajoutons alors le danois !
    — Les Arabes aussi emploient une langue bien à eux.
Pour l’écrire, ils utilisent d’autres lettres que nous !
    — Mère Cécilia assure que les barbares ont chacun leur
langue et qu’ils ne savent même pas l’écrire. Les Écossais, les Gallois, les
Irlandais et bien d’autres peuples, probablement. Ça nous en fait onze. Mais
peut-être y en a-t-il dont nous n’avons jamais entendu parler ! »
    Merthin sourit. Caris était la seule personne avec qui il
pouvait échanger des propos semblables. Aucun de leurs amis n’aurait compris
l’amusement qu’ils trouvaient à imaginer de drôles de gens menant des vies
complètement différentes de la leur. Caris, par exemple, pouvait l’interroger à
brûle-pourpoint : « À quoi cela ressemble-t-il de vivre tout au bout
du monde ? »
    « Est-ce que les prêtres se trompent à propos de
Dieu ? » « Comment peux-tu savoir que tu n’es pas en train de
rêver en ce moment ? » Faisant assaut d’imagination dans leurs
spéculations, ils se laissaient emporter dans des voyages extraordinaires.
    Le bourdonnement des conversations cessa soudain. Moines et
religieuses rejoignaient leurs stalles. Le chef de chœur, Carlus, arriva le
dernier. Aveugle, il se déplaçait sans l’aide de personne à l’intérieur de la
cathédrale comme des divers bâtiments du monastère. Il connaissait tous les
piliers du sanctuaire, la moindre de ses dalles. Il marchait avec lenteur,
naturellement, mais d’un pas aussi sûr qu’un homme voyant parfaitement. De sa
voix profonde de baryton, il lança une note et le chœur tout entier entonna une
hymne.
    Merthin avait à l’égard du clergé une attitude de tranquille
scepticisme. Les prêtres détenaient un pouvoir qui n’était pas toujours
proportionnel à leur savoir, un peu comme Elfric, son patron. Néanmoins, il
aimait bien aller à l’église. Les offices le plongeaient dans une sorte de
transe. La musique, l’architecture, les incantations latines, tout cela
l’enchantait. Dans la profondeur de ces lieux, il avait le sentiment de dormir
éveillé.
    La sensation qu’un torrent de pluie s’écoulait sous ses
pieds le saisit à nouveau. Son regard parcourut les trois étages de la
nef : l’arcade, la galerie et la claire-voie. Les colonnes avaient été
faites en posant une pierre sur l’autre, il le savait. Pourtant, à première
vue, il se dégageait d’elles une impression très particulière car les blocs de
pierre constituant les piliers avaient été taillés de façon à imiter un
faisceau de tiges. Il s’attacha à suivre le trajet de l’une de ces tiges en
partant du plus bas, du pied d’un des quatre piliers délimitant la croisée du
transept. Depuis l’énorme socle carré, il fit remonter son regard jusqu’à
l’endroit où elle se séparait des autres et, tel un rejet, s’élançait au nord
pour former une arche au-dessus du bas-côté ; puis, de là, montait jusqu’à
la

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