Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
bien considéré, rebâtir ce
mur d’enceinte ne semblait pas la première des tâches à entreprendre.
    Des palefreniers apparurent, qui saisirent les brides des
chevaux. Ralph laissa Alan Fougère s’occuper du déchargement et marcha vers sa
nouvelle maison. Il boitait : sa jambe blessée le faisait toujours
souffrir après un long trajet à cheval. Le manoir de Tench, en pierre, avait un
aspect imposant, se dit-il avec satisfaction. Déserté depuis la mort du père de
dame Matilda, il nécessiterait certainement des réparations, mais à en juger
d’après l’extérieur, sa construction semblait récente. Dans les maisons du
temps jadis, lorsque le seigneur voulait avoir des appartements privés, il
devait faire ajouter des pièces tout au bout du vestibule, qui demeurait la
salle la plus vaste de tout le bâtiment. Ici, l’espace destiné à la famille
occupait apparemment la moitié du manoir.
    Ralph pénétra dans sa demeure d’un pas joyeux. Grande fut sa
déconvenue en apercevant au fond de la longue salle le comte William trônant
dans une haute cathèdre en bois sombre. Siège, selon toute évidence, réservé au
maître des lieux, à en croire les riches sculptures dont il était orné :
anges et lions sur le dossier, serpents et monstres sur les bras et les pieds.
    Une grande partie du plaisir de Ralph s’en trouva effacée
d’un coup. Comment apprécier pleinement son nouveau statut de propriétaire
lorsque le regard du suzerain pesait sur vous ? C’était comme de coucher
avec une femme pendant que son mari tendait l’oreille derrière la porte.
    Masquant son déplaisir, il salua le comte dans les formes
requises. William lui présenta l’homme debout à ses côtés : « Voici
Daniel. Il est bailli de ce bourg depuis une bonne vingtaine d’années. Il a
pris grand soin de cette seigneurie en lieu et place de mon père pendant toutes
les années où ta fiancée, Tilly, a vécu à Château-le-Comte. »
    Ralph salua le bailli avec raideur. Le message de William
était clair : il tenait à voir Daniel confirmé dans ses fonctions. Un
bailli aussi dévoué au comte Roland le serait tout autant à son fils, songea
Ralph. Or, s’il était une chose qu’il ne souhaitait pas, c’était bien qu’un
homme du comte contrôle son domaine. La personne qu’il nommerait à ce poste
devrait avant tout être loyal envers lui.
    William attendait que son vassal exprime son assentiment.
Dix ans plus tôt, Ralph aurait débattu aussitôt de la question. Mais il n’avait
pas passé tant d’années auprès du roi sans apprendre certaines choses,
notamment qu’un seigneur n’avait pas besoin de l’approbation de son suzerain pour
nommer un bailli. En conséquence, il désignerait qui bon lui semblerait et,
pour l’heure, tairait ses intentions. À peine William reparti, il assignerait
Daniel à une autre charge.
    Un silence s’instaura entre William et Ralph, chacun
demeurant muré dans son obstination. L’ouverture d’une grande porte donnant sur
les appartements privés rompit la gêne. La silhouette élancée de dame Philippa
s’encadra sur le seuil. Sa vue laissa Ralph pantelant. Sa passion d’antan lui
revint avec la violence d’un coup de poing au ventre. N’ayant pas vu dame
Philippa depuis plusieurs années, il découvrait aujourd’hui une femme mûre dans
toute la perfection de sa beauté. Peut-être était-elle un peu plus ronde que
dans son souvenir, ses hanches plus marquées, ses seins plus lourds, mais ces
rondeurs n’en rehaussaient que mieux ses attraits. En la voyant s’avancer vers
lui de sa démarche de reine, il se demanda avec rancœur pourquoi il n’avait pas
une épouse aussi belle.
    Dame Philippa lui sourit en agitant la main, elle qui jadis
daignait à peine le remarquer. « Ah, je vois que vous avez fait
connaissance avec Daniel ! »
    À l’évidence, elle aussi souhaitait voir l’intendant du
comte maintenu dans ses fonctions, d’où sa subite amabilité. Raison de plus
pour me débarrasser de lui sans tarder, se dit Ralph avec un plaisir secret et,
tout haut, il se contenta d’un : « Je viens juste d’arriver »
qui ne l’engageait pas.
    « Nous n’aurions pour rien au monde manqué votre
première rencontre avec Tilly, poursuivit dame Philippa, comme si elle se
sentait tenue d’expliquer leur présence. Elle fait partie de notre famille,
vous savez ? »
    Curieux de découvrir enfin à quoi ressemblait sa fiancée,
Ralph avait ordonné aux

Weitere Kostenlose Bücher