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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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leur
avait envoyé.
    Ralph claqua des doigts à l’adresse de Daniel.
« Apporte-nous du vin ! » lança-t-il.
    L’espace d’un instant, on put croire que le bailli allait
protester de se voir rabaissé au niveau d’un domestique, mais il ravala sa
fierté et partit vers les cuisines.
    « Comte William et dame Philippa, permettez-moi de vous
présenter mon père et ma mère, sieur Gérald et dame Maud. »
    Contrairement à ses craintes, William et Philippa saluèrent
ses parents avec une courtoisie dénuée de condescendance.
    Gérald dit à William : « Nous avons été compagnons
d’armes, votre père et moi. Puisse-t-il reposer en paix ! En fait, comte,
je vous ai connu petit garçon. Bien sûr, vous ne pouvez pas vous souvenir de
moi. »
    Ralph espéra que son père éviterait de mentionner ses hauts
faits d’autrefois. Son passé glorieux ne ferait que souligner sa déchéance
actuelle.
    Mais William avait choisi de s’intéresser à la dernière
phrase de son père. « Eh bien, savez-vous, je crois bien que je me
rappelle...» Probablement voulait-il être aimable, tout simplement. Quoi qu’il
en soit, sieur Gérald en fut tout aise tandis que William continuait :
« Oui... en effet. Je me souviens d’un géant qui mesurait au moins sept
pieds de haut ! »
    Et sieur Gérald, qui était petit, de rire avec bonne humeur.
Dame Maud promenait les yeux tout autour de la pièce.
    « C’est une bien belle demeure que tu as là, Ralph.
    — Je voulais la décorer avec tous les trésors que j’ai
rapportés de France, mais je viens seulement d’arriver. »
    Une fille de cuisine apporta une cruche de vin et des
gobelets sur un plateau. Tout le monde prit un rafraîchissement. Le vin était
un bon bordeaux, clair et fruité. La maison était bien pourvue, nota Ralph.
Prêt à en attribuer le crédit à Daniel, il se dit, après réflexion, que
personne n’avait été là pour vider la cave. Hormis Daniel naturellement.
    Il s’enquit de Merthin auprès de sa mère.
    « Tout va très bien pour lui, répondit-elle fièrement.
Il est marié et il a une fille. Il est riche. En ce moment, il construit un
palais pour la famille de Buonaventura Caroli.
    — Les Italiens ne l’ont pas encore fait
comte ? » lança Ralph en manière de plaisanterie. Mais derrière sa
question, on sentit son désir de souligner que c’était lui, le cadet, qui avait
comblé les espoirs de leur père en restituant à la famille son ancienne
noblesse et que son frère, malgré ses nombreux succès, n’avait pas reçu de
titre.
    « Tout espoir n’est pas perdu », dit son père
gaiement comme s’il était imaginable que Merthin puisse être anobli en Italie.
    Sa réaction déplut à Ralph un bref instant.
    Puis sa mère demanda : « Pouvons-nous voir nos
chambres ? »
    Il marqua une hésitation. Que voulait-elle dire par
« nos chambres » ? La pensée l’effleura que ses parents se
voyaient déjà vivre au manoir, perspective horrible qu’il n’admettrait à aucun
prix. Non seulement ils ne cesseraient d’évoquer leur déshonneur passé, mais
leur présence lui imposerait de surcroît des contraintes permanentes. D’un
autre côté, ils ne pouvaient pas demeurer à la charge du prieuré et loger dans
une maisonnette d’une seule pièce, ce serait une honte pour le noble qu’il
était devenu. La question ne lui avait même pas traversé l’esprit jusque-là, il
allait devoir l’étudier sérieusement. Pour l’heure, il se contenta d’expliquer
qu’il n’avait pas encore eu le temps de visiter lui-même les quartiers privés
du manoir. « J’espère qu’ils seront suffisamment confortables pour
quelques nuits, dit-il.
    — Quelques nuits ? le coupa vivement sa mère.
Compterais tu nous renvoyer dans notre taudis de Kingsbridge ? »
    Ralph fut mortifié de voir le sujet abordé devant William et
Philippa. « Je ne pense pas qu’il y ait assez de place pour que vous
puissiez vivre ici à demeure.
    — Comment peux-tu le savoir, puisque tu n’as pas visité
la maison ? »
    Daniel interrompit la discussion en entrant pour déclarer
qu’un paysan de Wigleigh du nom de Perkin voulait présenter ses respects au
seigneur et débattre avec lui d’une affaire pressante.
    En temps ordinaire, Ralph l’aurait renvoyé pour avoir osé
s’immiscer dans la conversation. Heureux de la diversion, il enjoignit à sa
mère de visiter les chambres, pendant qu’il avait à faire avec le

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