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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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paysan.
    William et Philippa quittèrent également la pièce. Daniel
fit entrer Perkin et le conduisit jusqu’à la table.
    « Je suis bien aise de voir Votre Seigneurie saine et
entière après ces guerres en France, commença Perkin avec son obséquiosité
habituelle.
    — Entier ? Enfin presque, répondit Ralph en
baissant les yeux sur sa main gauche où manquaient trois doigts.
    — Le village compatit à vos blessures, seigneur. Mais
quelles récompenses ! Un titre de chevalier, trois villages et dame
Matilda pour épouse !
    — Je te remercie de tes félicitations, mais quelle est
donc cette affaire pressante dont tu veux discuter ?
    — Seigneur, cela ne prendra pas trop de votre temps que
de l’écouter. Alfred CourteMaison est mort sans héritier à qui transmettre ses
terres. J’ai proposé de me charger de ses dix acres, et pourtant les temps sont
bien difficiles après tous les orages que nous avons connus cet été.
    — Abrège !
    — Oui, seigneur. Donc, Nathan le Bailli a pris une
décision que vous n’approuverez pas, me semble-t-il. »
    Ralph sentait l’impatience le gagner. Il se souciait fort
peu de savoir auquel de ses paysans iraient les dix acres de cet Alfred.
    « Quelle que soit la décision de Nathan...
    — Il a donné la terre à Wulfric.
    — Ah !
    — Au village, certains pensent qu’il la mérite
puisqu’il n’a pas de terre. Mais il n’a pas non plus l’argent pour payer la
taxe de transmission...
    — Tu n’as pas besoin de me convaincre ! le coupa
Ralph. Je ne laisserai pas ce fauteur de troubles posséder des terres dans un
village qui m’appartient.
    — Merci, seigneur. Puis-je dire à Nathan le Bailli que
vous souhaitez que les dix acres de terre me reviennent ?
    — Oui, jeta Ralph en voyant le comte et la comtesse
s’en revenir, suivis de ses parents. Je me rendrai à Wigleigh dans les deux
semaines à venir pour le confirmer en personne. » Sur ces mots, il renvoya
Perkin d’un geste de la main.
    Au même instant, dame Matilda fit son apparition.
    Elle pénétra dans le vestibule, flanquée de chaque côté par
une religieuse. En l’une d’elles, Ralph reconnut l’ancienne amie de son frère
qui avait signalé au roi que Tilly était trop jeune pour se marier, en l’autre
la nonne au visage angélique qui avait partagé l’épopée de Caris jusqu’à Crécy.
Il ignorait son nom. Derrière elles, leur servant de garde du corps, se tenait
le moine manchot qui l’avait capturé si adroitement neuf ans plus tôt :
frère Thomas.
    Ralph n’eut qu’à poser les yeux sur Tilly, au centre du
petit groupe, pour comprendre pourquoi les religieuses avaient voulu empêcher
le mariage. Avec son nez délicat parsemé de taches de rousseur et le petit
espace entre ses deux dents de devant, sa promise était l’innocence en
personne. On avait cherché à souligner son aspect enfantin en cachant ses
cheveux sous une coiffe toute simple et en la vêtant d’une robe de religieuse,
mais le tissu blanc ne parvenait pas à dissimuler ses courbes féminines. La vue
de cette toute jeune fille jetant autour d’elle des regards effrayés eut sur le
futur époux l’effet opposé à celui attendu.
    L’une des choses que Ralph avait apprises au service du roi,
c’était qu’il suffisait bien souvent de prendre la parole le premier pour se
rendre maître d’une situation. Fort de cette expérience, il ordonna d’une voix
péremptoire : « Approche, Tilly ! »
    La petite fit un pas dans sa direction. Les membres de
l’escorte hésitèrent puis restèrent à leur place.
    « Je suis ton mari, dit-il, et je m’appelle sieur Ralph
Fitzgerald, seigneur de Tench. »
    Elle leva sur lui des yeux terrifiés. « Je suis
heureuse de faire votre connaissance, messire.
    — Cette maison est la tienne désormais, comme elle
l’était au temps de ton enfance, quand ton père était le seigneur de ces lieux.
Dorénavant tu seras Mme de Tench, comme ta mère l’a été avant toi. Es-tu
heureuse d’être de retour dans ta famille et sous ton toit ?
    — Oui, seigneur, répondit-elle d’une voix désespérée.
    — Je suis sûr que les sœurs t’ont dit que tu devais
être une épouse obéissante et t’attacher à plaire en toute chose à ton mari,
qui est désormais ton seigneur et maître.
    — Oui, seigneur.
    — Fais connaissance avec ma mère et mon père. Ils
seront tes parents à l’avenir. »
    Elle esquissa une petite révérence à

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