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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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retrouver sur la paille à cause d’une
charretée de pommes invendues ? Il a de l’argent, c’est évident ! À
Wigleigh, c’est lui qui détient le plus grand nombre d’acres depuis qu’il a
fait main basse sur les terres de ton père, voilà dix ans !
    — Oui, je comprends maintenant. »
    Elle resta à fixer le feu tandis qu’il sirotait sa bière.
Lorsqu’ils se couchèrent, Wulfric prit Gwenda dans ses bras. Elle posa la tête
sur sa poitrine, mais refusa de faire l’amour. Elle était trop en colère. Elle
se morigéna intérieurement d’en vouloir à son mari. Il n’y pouvait rien si
Perkin se conduisait lâchement avec eux. Ne pas toucher d’argent pour son
travail, c’était un malheur que tout journalier connaissait un jour ou l’autre.
Sa colère, se rendit-elle compte au moment de glisser dans le sommeil, avait
une autre origine. Laquelle ?
    Elle revit l’arrivée de Perkin et d’Annet ; elle revit
la façon dont cette idiote s’était affalée contre Wulfric en descendant du
chariot ; elle revit son sourire provocateur et Wulfric rougissant de
plaisir, et elle eut envie de le gifler. Je t’en veux, pensa-t-elle, parce que
cette saleté qui ne vaut pas trois sous arrive à faire de toi un fieffé
imbécile !
    *
    Le dimanche précédant Noël, les serfs tinrent réunion dans
l’église après l’office. Enveloppés dans des capes et des couvertures, ils se
blottissaient les uns contre les autres, en raison du froid qui sévissait
toujours. En l’absence du seigneur de Wigleigh, c’était Nathan le Bailli qui
réglait les affaires. Ralph Fitzgerald, en effet, n’avait pas remis les pieds
au village depuis plusieurs années, au grand bonheur de Gwenda. Pâturages et
attelages à bœuf ne devaient plus guère l’intéresser maintenant qu’il avait été
anobli et avait reçu trois autres villages pour faits de guerre.
    La question du jour concernait les terres d’Alfred
CourteMaison, décédé dans la semaine. Veuf sans descendance, il laissait dix
acres de terre arable.
    « Puisqu’il n’a pas d’héritier, Perkin se propose de
reprendre ses parcelles », déclara le bailli.
    Comment Perkin pouvait-il envisager de cultiver des terres
encore plus grandes ? Abasourdie par la nouvelle, Gwenda ne réagit pas
immédiatement. Aaron Dupommier, le joueur de cornemuse, la devança. « Il
va en avoir du pain sur la planche, le Perkin ! Vu qu’à cause de sa
maladie Alfred n’a fait ni les labours d’automne ni les semailles d’hiver, il
va devoir se cracher dans les mains !
    — Qu’est-ce que tu sous-entends ? réagit Nathan
avec agressivité. Tu veux cette terre pour toi ? »
    Aaron secoua la tête. « Si l’occasion se représente
d’ici quelques années, quand mes garçons seront en âge de m’aider aux champs,
je sauterai dessus à pieds joints. Pour l’heure, je n’ai pas les bras pour
cultiver cette terre.
    — Je les ai, moi ! » assura Perkin.
    Gwenda se concentra. À l’évidence, Nathan souhaitait que ces
parcelles reviennent à Perkin. À coup sûr, celui-ci lui avait promis un
dessous-de-table. Que Perkin, qui se prétendait ruiné, ait de quoi payer les
taxes de transmission corroborait seulement ses suppositions. Mais à quoi bon
démontrer à tous la duplicité de Perkin ? L’important pour Gwenda, c’était
trouver le moyen de tirer avantage de la situation.
    Mais en entendant Nathan affirmer que Perkin pourrait
engager un autre travailleur, son sang ne fit qu’un tour. « Une
minute ! s’écria-t-elle. Comment Perkin le paiera-t-il, alors qu’il ne
peut plus nous payer, Wulfric et moi, qui travaillons déjà pour
lui ? »
    Dans l’incapacité de la contredire, Perkin, pris au
dépourvu, garda le silence.
    « Bien, lâcha le bailli. Quelqu’un d’autre veut-il
prendre ces terres à sa charge ?
    — Nous ! lança Gwenda avec empressement. » Et
comme Nathan s’étonnait, elle précisa : « À l’heure actuelle, Wulfric
est payé en nourriture et, moi, je suis sans travail. Il nous faut des
terres. »
    Elle constata avec plaisir que plusieurs paysans opinaient,
signe qu’ils étaient favorables à sa proposition. Le comportement de Perkin à
leur égard n’avait pas été bien accepté par les villageois, chacun craignant de
connaître un jour cette triste situation.
    Voyant ses projets partir en fumée, Nathan réagit
vertement : « Je ne peux pas vous les attribuer. Vous n’avez pas de
quoi payer le

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