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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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nourrie pendant dix-huit hivers avant de me vendre à des
hors-la-loi. »
    Peggy secoua la tête et entreprit de ramasser bruyamment les
assiettes sur la table.
    « Rentrons maintenant, il se fait tard », dit
Wulfric.
    Mais Gwenda ne se leva pas. C’était maintenant qu’il fallait
arracher des avantages à Perkin ! Sitôt qu’ils auraient mis le pied
dehors, le paysan jugerait l’affaire réglée et il ne serait plus possible alors
de revenir sur les termes de l’accord. Elle se concentra. Se rappelant que
Peggy ne leur avait pas offert de bière, elle déclara : « D’accord
pour la nourriture, mais ne comptez pas vous en tirer en nous servant du
poisson rance et de la bière coupée d’eau. Vous devrez nous servir exactement
ce que vous donnez à votre famille : de la viande, du pain, de la bière et
tout le reste. »
    Peggy émit un « tss tss » agacé. À l’évidence,
Gwenda avait déjoué ses intentions.
    « Cela, naturellement, si vous voulez que Wulfric
accomplisse le même travail que Rob et vous-même », ajouta Gwenda,
sous-entendant par là un fait connu de toute la tablée : Wulfric avait
abattu bien plus de travail que Rob lorsqu’il s’était agi de creuser le puits,
et certainement deux fois plus que Perkin.
    « C’est bon, lâcha Perkin, contraint de se soumettre.
    — Et il ne s’agit que d’un accord temporaire. Sitôt que
vous aurez de l’argent, vous recommencerez à nous payer en espèces.
    Et au même tarif qu’avant : un penny par jour et par
personne.
    — Oui. »
    Il y eut une courte pause et Wulfric demanda :
« Tout a été dit ?
    — Je crois, oui, répondit Gwenda. À présent, il ne vous
reste plus qu’à toper tous les deux. Pour sceller l’accord. »
    Les deux hommes s’exécutèrent.
    Ayant appelé leurs enfants, Gwenda et Wulfric partirent dans
la nuit noire. De gros nuages cachaient la lune et les étoiles et ils durent
effectuer le trajet jusque chez eux à la seule lueur filtrant autour des volets
et des portes des maisons qu’ils longeaient. Heureusement, ils connaissaient
par cœur tous les écueils du chemin.
    Laissant Wulfric allumer une lampe et faire du feu, Gwenda
s’occupa de coucher les garçons dans la cuisine. La famille persistait à ne pas
occuper les chambres à l’étage, préférant dormir en bas tous ensemble pour se
tenir plus chaud.
    Gwenda enveloppa les garçons dans des couvertures et les
installa près de l’âtre. Elle avait le cœur serré. Tout au long de son enfance,
elle s’était juré de ne pas vivre comme sa mère, dans la constante inquiétude
du lendemain. Depuis toujours, elle avait aspiré à l’indépendance. Si Wulfric
n’avait qu’un rêve – récupérer les terres de son père –, le sien était d’avoir
un petit lopin à cultiver, un mari travailleur et un seigneur compréhensif.
Hélas, elle se retrouvait aujourd’hui dans la situation tant redoutée :
indigente, mariée à un travailleur sans terre. Avec un patron qui ne pouvait
même pas leur verser leurs deux pennies par jour ! Si grande était sa
peine qu’elle n’avait même plus de larmes à verser.
    Voyant Wulfric aller prendre un pichet en terre sur
l’étagère pour se verser une bolée de bière, elle lui jeta avec aigreur :
« Profites-en ! Ce n’est pas demain la veille que tu t’en rachèteras ! »
    Wulfric ne releva pas. Ce fut sur son ton habituel qu’il
lâcha : « C’est quand même stupéfiant que Perkin n’ait pas un sou,
lui, l’homme le plus riche du village après Nathan le Bailli.
    — Mais bien sûr qu’il en a, de l’argent ! Il a
toute une jarre pleine de pennies cachée sous la pierre de sa cheminée. Je l’ai
vue de mes yeux !
    — Mais alors, pourquoi refuse-t-il de nous payer ?
    — Pour ne pas toucher à son épargne,
pardi ! »
    Wulfric en resta pantois. « Tu veux dire qu’il pourrait
nous payer s’il le voulait ?
    — Évidemment.
    — Eh bien alors, pourquoi devrais-je travailler pour de
la nourriture ? »
    Gwenda laissa échapper un grognement impatienté.
« Parce que c’est ça ou pas de travail du tout !
    — Nous aurions dû insister pour être payés !
maugréa Wulfric comprenant, mais un peu tard, qu’ils avaient été grugés.
    — Pourquoi ne l’as-tu pas fait ?
    — Je ne savais pas qu’il avait toute une jarre de
pennies sous la pierre de sa cheminée.
    — Mais enfin, Wulfric, crois-tu vraiment qu’un homme
aussi riche que Perkin puisse se

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