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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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religieuses de Kingsbridge de la conduire ici
aujourd’hui même. Apparemment, ces pipelettes de bonnes sœurs n’avaient rien
trouvé de mieux que de rapporter son ordre au comte William. « Dame
Matilda était sous la tutelle du comte Roland, paix à son âme !
répondit-il, soulignant par ces derniers mots que ce lien avait pris fin au
décès du tuteur.
    — Je m’attendais à ce que mon mari, en tant qu’héritier
du comte, soit chargé de veiller sur elle, répliqua-t-elle et il était évident
que le choix du roi ne lui seyait pas.
    — Le souverain en a décidé autrement, riposta Ralph. Il
me l’a donnée pour épouse. »
    De par cette décision royale, la jeune fille était passée
automatiquement sous sa tutelle avant même les noces, de sorte que, à
strictement parler, le comte William et dame Philippa n’auraient pas dû
s’inviter d’autorité chez lui comme s’ils étaient les garants de Tilly.
Toutefois, en sa qualité de suzerain, William était en droit de visiter à sa
guise n’importe lequel de ses vassaux.
    À quoi bon entamer une dispute ? jugea Ralph. Le comte
avait mille moyens de lui compliquer la vie. Cependant, le fait qu’il se soit
déplacé jusqu’à Tench depuis Shiring – assurément sur les instances de son
épouse – démontrait à lui seul qu’il doutait un peu de son autorité. Ralph
décida donc de ne pas se laisser intimider. Sept années passées à guerroyer lui
avaient inculqué la confiance nécessaire pour défendre une indépendance à
laquelle il avait droit.
    De plus, croiser le fer avec Philippa n’était pas pour lui
déplaire. Cette occasion lui offrait un prétexte pour laisser son regard errer
de la ligne autoritaire de sa mâchoire à la plénitude de ses lèvres.
Manifestement, il en coûtait à cette gente dame de se retrouver dans
l’obligation de converser avec lui.
    « Tilly est très jeune, fit-elle remarquer.
    — Elle aura quatorze ans cette année, laissa tomber
Ralph.
    L’âge de notre reine quand elle a épousé le roi, comme le
souverain s’est plu à nous le préciser, au comte William et à moi-même, après
la bataille de Crécy.
    — Le jour qui suit une bataille n’est pas
nécessairement le meilleur moment pour décider du destin d’une jeune
fille », émit encore Philippa sur un ton étouffé.
    Ralph réagit aussitôt : « En ce qui me concerne,
je me sens obligé de me soumettre aux décisions de Sa Majesté.
    — Comme nous tous », dit-elle dans un murmure, et
sa phrase déclencha chez Ralph le sentiment de l’avoir vaincue. Il en éprouva
brusquement une satisfaction de nature quasiment sexuelle, comme s’il venait de
la posséder.
    Enchanté de lui-même, il se tourna vers Daniel. « Ma
future épouse devrait arriver pour le dîner. Assure-toi qu’un festin nous
attend.
    — J’y ai déjà veillé », intervint Philippa.
    Observant une lenteur étudiée, Ralph tourna la tête jusqu’à
ce que ses yeux se posent à nouveau sur le visage de son interlocutrice. Elle
rougit. En pénétrant dans sa cuisine et en donnant des ordres à ses serviteurs,
elle avait dérogé à la bienséance et le savait.
    « J’ignorais à quelle heure vous arriveriez. »
    Ralph ne répondit pas. Elle ne lui présenterait pas
d’excuses.
    Cependant, elle s’était sentie obligée de lui fournir une
explication. Pour une femme aussi fière, cela équivalait à un recul, et il se
réjouit dans son for intérieur.
    Depuis un court instant, des bruits de chevaux parvenaient
du dehors. Sieur Gérald et dame Maud firent leur entrée. Ralph s’élança vers
eux pour les embrasser, il n’avait pas vu ses parents depuis plusieurs années.
    Ils avaient tous deux la cinquantaine. Sa mère lui parut
plus vieillie que son père. Elle avait les cheveux blancs, le visage ridé, et
le maintien d’une femme âgée, le corps légèrement penché en avant. Son père
semblait avoir conservé sa robustesse. Sa barbe rousse ne recelait pas un seul
poil gris et sa mince silhouette était toujours aussi gaillarde. Cependant, sa
joie et sa fierté de retrouver un fils aussi valeureux ne devaient pas être
étrangères à la vigueur qu’il affichait, car il bombait le torse et secouait le
bras de Ralph comme s’il pompait l’eau d’un puits. Ses parents arboraient tous
deux des vêtements neufs, sieur Gérald un lourd manteau de laine, dame Maud une
cape de fourrure, acquis l’un et l’autre grâce à l’argent que leur fils

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