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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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d’une rue bientôt bordée d’échoppes, Caris sentit ses résolutions
faiblir. Les restrictions auxquelles l’astreignaient ses vœux monastiques
recommencèrent à lui peser. La passion de Mair, jadis agréable dérivatif, se
mit à l’irriter et des pensées sur la vie qu’elle pourrait mener, mariée à
Merthin, lui vinrent de plus en plus souvent à l’esprit.
    De même, elle pensa beaucoup à Lolla. Dans un premier temps,
l’idée de tout abandonner pour s’occuper d’une petite fille qui n’était pas la
sienne l’avait rebutée. Sa vindicte s’estompa dès qu’elle l’eut rencontrée. Et
elle ne put s’empêcher de la comparer à l’enfant qu’elle aurait pu avoir. Lolla
avait des yeux sombres et des cheveux noirs, vraisemblablement hérités de sa
mère italienne ; sa fille à elle aurait peut-être eu les yeux verts de
tous les Lainier.
    Caris, hélas, ne pouvait parler à personne de ses
atermoiements. Mère Cécilia lui aurait dit de ne pas rompre ses vœux, Mair
l’aurait suppliée de rester. Dans la solitude de la nuit, Caris souffrait donc
mille morts.
    Sa querelle avec Merthin la mettait au désespoir. Quand il
lui avait tourné le dos, dans la cathédrale, elle avait couru cacher ses pleurs
dans sa pharmacie. Pourquoi fallait-il que les choses soient si
difficiles ? Elle avait seulement voulu aider Wulfric.
    Ce fut à Madge qu’elle finit par se confier. Leur
conversation eut lieu alors que Merthin séjournait à Tench.
    Deux jours après son départ, Madge débarqua à l’hospice au
point du jour, juste au moment où Caris effectuait sa ronde avec Mair.
« Je me fais du souci pour Marc, dit-elle.
    — Il est revenu de Melcombe avec de la fièvre et des
maux d’estomac, expliqua Mair qui était passée le voir chez lui la veille. Je
ne vous en avais pas parlé parce que ça ne m’avait pas semblé grave.
    — Mais maintenant, il crache le sang, insista Madge.
    — Je viens ! » répondit Caris. Marc étant un
vieil ami, elle préférait s’occuper de lui en personne. S’étant munie de
quelques médicaments, elle partit avec Madge.
    Les Tisserand habitaient dans la grand-rue, au-dessus de
leur magasin. Caris ne s’attarda pas auprès de leurs trois fils qui attendaient
anxieusement dans la grande salle où la famille prenait ses repas. À la suite
de Madge, elle entra directement dans la chambre à coucher. Une puanteur
insupportable l’assaillit aussitôt, et pourtant elle était habituée aux
remugles des salles d’hospice où l’odeur de transpiration et de vomi se mêlait
à celle des excréments.
    Étendu sur une paillasse, Marc transpirait à grosses
gouttes. Son ventre ballonné aurait pu rivaliser avec celui d’une femme
enceinte. Dora, sa fille de dix-sept ans, se tenait à son chevet.
    Caris s’agenouilla auprès de lui. « Comment vous sentez
vous ?
    — Mal, répondit Marc d’une voix cassée. Je peux avoir à
boire ? »
    Dora tendit une tasse de vin à Caris, qui la tint contre les
lèvres de Marc. Ce géant terrassé suscitait en elle la même surprise
déconcertée que la vue d’un chêne séculaire abattu par la foudre.
    Elle posa la main sur son front. Il était brûlant.
« Donnez-lui à boire aussi souvent qu’il le demande. Mais de la bière
coupée d’eau plutôt que du vin », ordonna-t-elle à la mère et à la fille.
    Elle se garda de confier à Madge l’inquiétude et la
perplexité que soulevait en elle cette maladie inconnue. Fièvre et diarrhée
étaient des maux courants ; cracher le sang, c’était autrement dangereux.
    Elle sortit de son sac une fiole d’eau de rose et en imbiba
un petit carré de lainage pour bassiner le visage et le cou du tisserand.
L’effet fut immédiat : la fraîcheur de l’eau apaisa momentanément le
malaise de Marc et le parfum des roses estompa la pestilence. « Les moines
en prescrivent dans les cas d’inflammation du cerveau. Ils disent que la fièvre
est chaude et humide et les roses fraîches et sèches. Que ce soit vrai ou pas,
ça le soulagera. Je vous en donnerai un peu en puisant sur mes réserves,
promit-elle à Madge.
    — Je vous remercie. »
    Hélas, Caris ne connaissait pas de remède contre les toux
mêlées de sang. À coup sûr, les médecins diagnostiqueraient un excès sanguin et
recommanderaient une saignée. C’était le traitement qu’ils ordonnaient dans
presque tous les cas, mais Caris ne croyait guère à ses bienfaits.
    Tout en tamponnant la gorge de Marc,

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