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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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reculèrent d’un pas. Godwyn se
pencha sur le géant. Il appliqua sa main sur son front et son cou avant de
prendre son pouls. « Qu’on me montre l’urine du patient ! »
ordonna-t-il.
    Les moines médecins attachaient une grande importance à
l’examen des urines. L’hospice possédait toute une collection de bouteilles en
verre appelées « urinoirs », réservées à cette collecte. Caris en
remit une à Godwyn. Il n’était pas nécessaire d’être passé par Oxford pour
constater la présence de sang dans celle-ci.
    Godwyn restitua le flacon à Caris. « Cet homme souffre
d’une montée de sang et doit subir une saignée. Qu’on le nourrisse ensuite de
pommes aigres et de tripes ! »
    Godwyn racontait des bêtises. Merthin s’abstint de tout
commentaire. Il n’avait plus de doute sur la maladie de son ami. Ces plaques
sur la peau, ces saignements, cette soif inextinguible, c’étaient bien les
caractéristiques du mal qui avait emporté Silvia et toute sa famille, le
laissant lui-même en vie.
    La peste était arrivée à Kingsbridge ! La grande
moria .
    *
    En cette veille de la Toussaint, à l’heure où le soir
tombait, Marc le Tisserand commença à ne plus pouvoir respirer.
    La révolte s’empara de Caris comme chaque fois qu’elle
devait admettre son impuissance. Marc sombra dans un coma agité. Il avait les
yeux fermés et ne semblait plus avoir conscience du monde qui
l’entourait ; il suait et haletait. À la demande de Merthin exprimée par
gestes, Caris palpa ses aisselles et y découvrit un gros renflement brûlant.
Elle s’abstint de l’interroger en présence de Madge et de ses quatre enfants éplorés.
Près de l’autel, les religieuses priaient et chantaient des cantiques.
    Marc fut soudain pris de convulsions. Un flot de sang
jaillit de sa bouche et il retomba en arrière, immobile. Il ne respirait plus.
    Dora, sa fille aînée, éclata en pleurs. Les trois fils,
hébétés, luttaient contre leurs larmes. Madge se mit à sangloter.
« C’était le meilleur des hommes sur toute la terre. Pourquoi Dieu nous
l’a-t-il enlevé ? »
    Caris combattait son chagrin. Comparée à la leur, sa
tristesse était minime, mais elle ouvrait la voie à de douloureuses
interrogations. En effet, pourquoi Dieu choisissait-il si souvent de rappeler à
lui les êtres les meilleurs et de laisser vivre les pires ? Admettre qu’il
se penchait sur tous avec la même bienveillance était bien difficile dans les
moments de grande douleur. À en croire les prêtres, la maladie était un
châtiment envoyé par le Seigneur pour nous punir de nos péchés. Mais pour quel
péché Marc et Madge auraient-ils dû être punis ? Ils s’aimaient l’un
l’autre, ils prenaient soin de leurs enfants et ils travaillaient sans
relâche !
    À ces questions d’ordre théologique, l’homme n’était pas en
mesure d’apporter une réponse. D’autres, en revanche, relevaient du domaine
pratique et devaient être résolues sans perdre un instant. En premier lieu, il
convenait de découvrir à quel mal Marc avait succombé. Or, Merthin semblait
détenir certaines connaissances.
    Ravalant ses larmes, Caris commença par renvoyer Madge et
ses enfants chez eux afin qu’ils se reposent un peu. Puis elle ordonna aux religieuses
de préparer le corps pour l’enterrement. Enfin elle dit à Merthin qu’elle
voulait lui parler.
    « Moi aussi », répondit-il.
    Caris décela dans sa voix une rare inquiétude. Ses craintes
s’amplifièrent. « Allons dans la cathédrale, nous pourrons y parler
tranquillement. »
    Dehors, un vent d’hiver balayait la pelouse. La nuit était
claire ; à la lumière des étoiles, ils suivirent aisément le chemin
jusqu’à la cathédrale. Dans le chœur, des moines préparaient le sanctuaire en
prévision de l’office qui devait se tenir à l’aube. Caris et Merthin se
réfugièrent dans la partie nord-ouest de la nef, à l’abri des regards
indiscrets. Caris tremblait. Elle serra sa robe plus étroitement contre elle.
« Tu sais de quoi Marc est mort ? »
    Merthin eut un soupir saccadé. « De la peste, dit-il. La
grande moria.  »
    Cette réponse tant redoutée eut raison des derniers doutes
de Caris. Elle insista néanmoins sur un ton revendicateur. « Comment
peux-tu l’affirmer avec tant de certitude ?
    — À Malcombe, Marc est en affaire avec des marins de
Bordeaux. Là-bas, les corps s’entassent dans les rues.
    — Il en revient justement ! Mais

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