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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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parents et
souffrait d’une soif de vengeance qui frisait l’obsession. Le plaisir d’être un
seigneur ne s’accompagnait chez lui d’aucun sentiment de responsabilité
vis-à-vis des êtres placés sous son pouvoir. Leur bien-être ne comptait pas à
ses yeux. Tout ce qui constituait son entourage n’était là que pour satisfaire
ses désirs, les personnes aussi bien que les choses.
    Concernant Kingsbridge, Merthin était plus optimiste. En
effet, tout prêtait à croire que Marc serait élu prévôt à la Toussaint. On
pouvait s’attendre à voir la ville prendre un nouvel essor.
    Merthin arriva à Kingsbridge le dernier jour d’octobre,
veille de la Toussaint. C’était un vendredi. L’affluence était moindre que si
la fête était tombée un samedi, comme cela s’était produit l’année de ses onze
ans, l’année où il avait fait la connaissance d’une petite fille qui s’appelait
Caris et qui avait un an de moins que lui. Une atmosphère inquiète planait sur
la ville et tout le monde se promettait d’être couché sitôt la nuit venue.
    Dans la grand-rue, il rencontra le fils aîné de
Marc, John, qui lui annonça que son père avait été transporté à l’hospice.
    « Ce n’est pas le moment d’être malade, réagit Merthin.
    — Que voulez-vous, ce n’est pas un jour faste.
    — Je veux parler de la réunion de demain à la guilde de
la paroisse. Il faut absolument qu’il y assiste. Un prévôt ne saurait être élu in
abstentio .
    — Je doute qu’il soit en état de s’y rendre. »
    La nouvelle était alarmante. Merthin laissa son cheval à La
Cloche et confia Lolla aux bons soins de Betty, puis il partit pour le prieuré.
    À peine en eut-il franchi l’enceinte qu’il tomba sur Godwyn
et Pétronille, plongés dans une conversation animée. Ils devaient avoir dîné
ensemble et, maintenant, le prieur raccompagnait sa mère chez elle. À peine
eurent-ils aperçu Merthin qu’ils se turent subitement. Sans doute se
tourmentaient-ils à l’idée qu’Elfric perde l’élection. « Je suis bien
désolée d’apprendre que Marc est souffrant, déclara Pétronille sur un ton
mielleux.
    — Ce n’est qu’une fièvre, répondit Merthin en se
forçant à être aimable.
    — Nous prierons pour qu’il se remette rapidement.
    — Je vous en remercie. »
    Entré dans l’hospice, il découvrit une Madge, éperdue
d’angoisse, tenant une tasse contre les lèvres de son mari. « Il crache du
sang et je n’arrive pas à étancher sa soif ! »
    Marc avait le visage et les bras couverts de taches
violacées. Il transpirait à grande eau et saignait du nez.
    « Eh bien, Marc, ça n’a pas l’air d’aller fort !
    — À boire ! » marmonna le géant d’une voix
rauque, sans paraître le voir. »
    Il y avait dans sa voix une note de panique que Merthin ne
lui avait jamais entendue. La crainte le saisit. Marc se rendait souvent à
Melcombe et rencontrait là-bas des marins en provenance de Bordeaux, où la
peste sévissait.
    À l’évidence, le tisserand serait dans l’incapacité de se
rendre le lendemain à la réunion de la guilde. Merthin ne s’en inquiétait
plus : la mort aurait bientôt emporté quiconque se trouvait dans
cette salle. Il l’aurait volontiers hurlé à pleins poumons ; il sut
refréner son impulsion : personne n’écouterait un homme qui bredouillait
d’effroi et ne pouvait produire aucune preuve étayant ses dires. Peut-être se
trompait-il ? Mieux valait attendre un peu. Quand il se serait convaincu
qu’il s’agissait bien de la peste, il prendrait Caris à part et lui
expliquerait les choses calmement et logiquement. Pourvu seulement que ce
moment ne tarde pas trop à venir.
    Caris vint bassiner le visage de Marc avec un liquide
fleurant bon. À son expression de pierre, Merthin comprit qu’elle était
pleinement consciente de la gravité de la situation et jugulait ainsi ses
émotions.
    Marc serrait les doigts sur un petit rouleau de parchemin,
semblait-il. Une prière devait y être inscrite, ou un verset de la Bible, voire
une incantation magique. L’idée venait certainement de Caris car Madge n’avait
aucune foi dans la puissance des Écritures pour guérir les malades.
    Le prieur fit son entrée, suivi comme toujours de Philémon.
Celui-ci ordonna immédiatement à tout le monde de s’écarter du lit.
« Comment voulez-vous que cet homme guérisse s’il ne peut pas voir
l’autel ? »
    Merthin, Madge et Caris

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