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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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première fois qu’ils s’infligeaient ce supplice. Sans doute
allaient-ils de ville en ville, rejouant partout le même spectacle. Connaissant
Murdo, Caris se dit qu’un disciple n’allait pas tarder à promener une sébile
parmi les spectateurs.
    Soudain, une femme jaillit de la foule des villageois en
hurlant : « Moi aussi, je dois souffrir ! » Abasourdie,
Caris reconnut l’épouse de Marcel le Chandelier, Mared, une jeune femme timide
dont les péchés étaient sans doute minimes. Mais peut-être trouvait-elle dans
cette scène l’occasion de pimenter un peu sa morne existence. S’étant
débarrassée de sa robe, elle se tint devant le moine, nue comme au premier
jour. Son corps intact dont aucune marque ne déparait la blancheur était d’une
grande beauté.
    Murdo la contempla un long moment, puis il ordonna :
    « Baise-moi les pieds ! »
    Elle s’agenouilla devant lui et posa les lèvres sur ses
pieds crasseux, gratifiant la foule émue du spectacle de son séant.
    Murdo arracha un fouet des mains d’un pénitent et le tendit
à la jeune femme qui s’en cingla les épaules. La douleur lui arracha un cri
perçant. De traces rouges marbrèrent sa peau.
    D’autres badauds, des hommes pour la plupart, s’avancèrent à
leur tour, fébriles. Murdo leur enjoignit de sacrifier au même rituel. Puis, le
chaos repartit de plus belle et, dans le tintamarre des tambours et des
cloches, les pénitents recommencèrent à se flageller tout en se trémoussant
dans une gigue démoniaque.
    Ils étaient en proie à une frénésie inquiétante. Cependant,
nota Caris, leurs coups de fouets, bien que violents et douloureux, ne
semblaient pas leur causer de blessures irrémédiables.
    Soudain, Merthin se matérialisa à côté d’elle. « Que
penses-tu de tout ça ? lui demanda-t-il.
    — Je trouve ce spectacle extrêmement choquant. Je ne
sais pas pourquoi, car, si ces gens se flagellent, c’est qu’ils y trouvent leur
compte. Ça leur apporte peut-être du réconfort.
    — Je crois deviner ce qui te dérange. Tu penses que
Murdo les manipule.
    — Non, ce n’est pas ça...»
    En fait, ce qui la gênait, c’était l’absence de repentir. De
la part de pénitents, elle se serait attendue à une certaine réserve, à un
désir de réflexion, à du chagrin et à du remords, alors qu’elle ne sentait
qu’une atmosphère d’excitation.
    « C’est une orgie, dit-elle.
    — Oui, reconnut Merthin. Sauf que leur ivresse ne
provient pas de l’alcool, mais de la haine de soi.
    — Ils en tirent une sorte d’extase.
    — Cela dit, ils ne forniquent pas.
    — Ce n’est que le début. »
    Murdo reprit la tête de son cortège pour quitter l’enceinte
du prieuré. Comme Caris l’avait supposé, certains des flagellants sortirent des
bols et mendièrent auprès des badauds. À coup sûr, la procession allait
parcourir les principales rues de la ville et finirait par échouer dans une
auberge où tout le monde ferait ripaille aux frais des habitants.
    « Tu es bien pâle, dit Merthin en posant la main sur le
bras de Caris. Tu te sens bien ?
    — Je suis fatiguée », lâcha-t-elle sèchement, agacée
de s’entendre rappeler son épuisement. Avait-elle le choix, quand tant de
malades affluaient à l’hospice ? En même temps, c’était gentil de la part
de Merthin de s’inquiéter pour elle. Elle reprit sur un ton plus doux :
« Accompagne-moi au palais du prieur. C’est bientôt l’heure du
déjeuner. »
    La procession disparaissait au coin de la rue. Caris et
Merthin traversèrent le pré pour gagner le palais. La porte à peine refermée,
Caris noua ses bras autour du cou de Merthin, soudain tout émoustillée. Elle glissa
sa langue dans sa bouche, sachant qu’il appréciait ce genre de baiser.
Encouragé par son ardeur, il posa les mains sur ses seins et resserra doucement
ses doigts.
    Jamais ils ne s’étaient livrés à leur passion à l’intérieur
du palais. Caris se demanda si la vue des bacchanales de Murdo n’était pas
responsable de sa subite impudeur.
    « Tu es toute chaude ! » lui souffla Merthin
à l’oreille.
    Elle aurait voulu qu’il arrache sa robe et couvre sa
poitrine de baisers. Elle se sentait perdre pied. Si elle n’y prenait garde,
ils allaient se retrouver en train de faire l’amour par terre, dans cette pièce
où n’importe qui pouvait entrer à tout moment.
    D’ailleurs, une voix retentit. « Ne croyez pas que je
vous espionne. »
    Caris

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