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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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sortent du
four. J’ai pensé que vous n’en auriez pas », dit-elle en faisant passer
son plat à la ronde. David Johns versa de la bière aux nouveaux venus et tout
le monde se rassit.
    « Comment avez-vous trouvé le courage de vous
enfuir ? demanda Ulla avec admiration. À votre place, j’aurais été morte
de peur. »
    Gwenda commençait à narrer leurs aventures quand Jack et
Ellie arrivèrent du moulin, apportant avec eux un plat de poires cuites au
miel. Wulfric mangea beaucoup et but plus encore. L’atmosphère se détendit et
la mauvaise humeur de Gwenda se dissipa un peu. D’autres voisins se joignirent
à eux, chacun venant avec un cadeau.
    Quand Gwenda raconta comment les villageois d’Outhenby
s’étaient dressés contre Ralph et Alan, armés de leurs pelles et de leurs faux,
l’assemblée tout entière éclata d’un rire joyeux. Mais lorsqu’elle en vint à la
journée présente, son amertume la reprit. « Tout s’est ligué contre nous,
marmonna-t-elle amèrement. Ralph et ses sbires, bien sûr, mais le roi et
l’Église aussi. Nous n’avions aucune chance. »
    Les voisins hochèrent la tête avec compassion.
    « Quand il a passé la corde autour du cou de mon pauvre
Wulfric..., commença-t-elle, mais sa voix se brisa et elle dut avaler une
gorgée de bière pour parvenir à dominer son chagrin. Quand il a passé cette
corde au cou de l’homme le plus fort et le plus courageux que j’aie connu à ce
jour – et vous tous de même –, et quand ensuite il s’est mis à le promener à
travers le village comme une bête de foire, ce monstre sans cœur, arrogant et
brutal, j’aurais voulu que le ciel nous tombe sur la tête et nous écrabouille
tous autant que nous étions ! »
    Ces dures paroles recueillirent l’assentiment général car,
de tous les maux que les serfs avaient à subir de leurs seigneurs – famine,
tromperies, coups et vols –, l’humiliation était certainement le pire, et ils
ne le pardonnaient jamais.
    À présent, le soleil était couché. Dehors, il faisait déjà
noir. Le désir d’être seule revint tarauder Gwenda. Elle n’avait pas même envie
de parler à Wulfric. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était s’étendre et ruminer
ses tristes pensées. Elle s’apprêtait à demander aux voisins de partir quand le
bailli entra.
    Tout le monde se tut aussitôt.
    « Que nous voulez-vous ? demanda Gwenda.
    — Je vous apporte une bonne nouvelle ! »
lança-t-il joyeusement.
    Elle fit la grimace. « Il ne saurait y avoir de bonne
nouvelle pour nous, un jour comme aujourd’hui.
    — Attends de l’entendre, tu jugeras après.
    — C’est bon. De quoi s’agit-il ?
    — Le seigneur Ralph dit que Wulfric doit récupérer les
terres de son père. »
    À ces mots, Wulfric bondit sur ses pieds. « En tant que
métayer ? Pas seulement pour y travailler comme journalier ?
    — En tant que métayer, au même titre que ton père,
déclara Nathan et il y avait tant de chaleur dans sa voix qu’on aurait pu
croire qu’il n’était pas seulement un messager mais l’auteur de cette bonne
action.
    — C’est merveilleux ! s’écria Wulfric, le visage
rayonnant.
    — Acceptes-tu ? demanda Nathan gaiement, comme
s’il ne s’agissait que d’une simple formalité.
    — Refuse, discute des termes avant d’accepter quoi que
ce soit ! intervint Gwenda à voix basse. Profites-en pour ne pas demeurer
asservi comme ton père. Réclame un métayage libéré des obligations féodales.
C’est le moment ou jamais ! Après, il sera trop tard pour négocier !
    — Négocier ? » répéta Wulfric. Et d’ajouter
après une brève hésitation : « Pas question. Ça fait douze ans que
j’attends cet instant ! » Se tournant vers Nathan, il déclara :
« J’accepte ! »
    Il leva sa tasse.
    Tout le monde applaudit.

 
70.
    Au lendemain du dimanche de Pâques de l’an 1349, les malades
recommencèrent à affluer à l’hospice. Après l’accalmie trompeuse des premiers
mois de l’année, la peste avait resurgi, plus virulente que jamais. La salle
commune, bondée, offrait un spectacle consternant. Les paillasses disposées en
épi étaient si serrées les unes contre les autres que les religieuses devaient
veiller à chacun de leurs pas à ne pas trébucher. Elles circulaient toutefois
avec plus de facilité depuis que les familles avaient déserté le chevet de
leurs proches. Au début, malgré le danger, l’amour l’avait emporté sur

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