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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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avait-il tant de mal à
converser avec dame Philippa ? Était-ce parce que, aujourd’hui, il
enterrait sa femme ? Parce que Philippa était comtesse ? Parce qu’il
était épris d’elle depuis des années et n’arrivait pas à croire qu’elle puisse
enfin devenir son épouse ?
    « Rentrerez-vous à Château-le-Comte après les
funérailles ? lui demanda-t-il.
    — Oui, nous repartons demain.
    — Y resterez-vous longtemps ?
    — Comment cela ? Je ne vois pas où j’irais. »
Elle fronça les sourcils. « Pourquoi me posez-vous cette question ?
    — Parce que j’aimerais vous y rendre visite, si vous me
le permettez.
    — Dans quel but ? lâcha-t-elle, glaciale.
    — Je voudrais discuter avec vous d’un sujet qu’il ne
serait pas convenable d’évoquer en ce lieu et à cette heure.
    — Que diable voulez-vous dire ?
    — Je viendrai vous voir dans les jours qui
viennent. » Philippa éleva le ton, de plus en plus agitée : « De
quoi pourrions-nous bien parler ?
    — Comme je vous l’ai dit, il serait malséant d’en
discuter aujourd’hui.
    — Parce que nous enterrons votre épouse ? »
    Ralph opina du chef.
    « Dieu du ciel ! murmura Philippa, soudain très
pâle. Vous n’insinuez tout de même pas que...
    — Encore une fois, je ne souhaite pas aborder le sujet
maintenant.
    — Mais je dois savoir ! s’écria-t-elle.
Auriez-vous l’intention de demander ma main ? »
    Ralph hésita. Puis, avec un haussement d’épaules, il
acquiesça d’un signe de tête.
    « Mais... qu’est-ce qui vous y autorise ?
jeta-t-elle. Il vous faut la permission du roi ! »
    Il planta son regard dans le sien et haussa brièvement les
sourcils.
    « Non ! » s’exclama Philippa en se levant
d’un bond.
    Tous les convives se tournèrent vers elle.
    Elle dévisagea Grégory. « Est-ce vrai ? Le roi
s’apprêterait-il à me donner à cet individu ? » dit-elle en pointant
sur son voisin un doigt méprisant.
    Ses paroles firent à Ralph l’effet d’un coup de couteau. Il
ne s’était pas attendu à une réaction aussi violente de sa part. Était-il si
repoussant ?
    Grégory lui jeta un regard de reproche. « Ce n’était
pas le moment d’aborder le sujet.
    — Alors, c’est vrai ! s’écria Philippa. Que Dieu
me vienne en aide ! »
    Ralph croisa le regard d’Odila. Elle le fixait d’un air
horrifié. Qu’avait-il pu faire pour lui déplaire à elle aussi ?
    « Je n’aurai pas la force de le supporter ! gémit
Philippa.
    — Quoi ? dit Ralph. Qu’y a-t-il de si terrible à
cela ? De quel droit nous rabaissez-vous ainsi, ma famille et
moi-même ? » Il promena les yeux sur la tablée, figée dans le
silence. Son frère, son allié Grégory, l’évêque, la mère prieure, quelques
petits hobereaux et les notables de la ville, tout le monde se taisait, ébahi
et intrigué par l’explosion de colère de Philippa.
    Elle ne prit pas la peine de lui répondre. S’adressant à
Grégory, elle hurla : « Je m’y refuse ! Je m’y refuse, vous
m’entendez ? » Elle était blanche de rage ; des larmes coulaient
sur ses joues.
    Bien qu’en ce moment elle l’humilie et le rejette avec tant
de véhémence, Ralph ne put s’empêcher d’admirer sa beauté.
    « Cette décision n’est pas de votre ressort, dame
Philippa ! déclara Grégory avec froideur. Et elle n’est certainement pas
du mien. Le roi agira comme bon lui semblera.
    — Peut-être m’obligerez-vous à passer une robe de
mariée et à marcher jusqu’à l’autel, martela-t-elle avec fureur. Mais lorsque
l’évêque me demandera si j’accepte de prendre Ralph Fitzgerald pour époux, ne
comptez pas que je dise oui ! Je ne le dirai jamais ! Oh non !
Jamais, jamais, jamais ! »
    Elle quitta la salle, portée par sa fureur, sa fille sur les
talons.
    *
    À la fin du banquet, les citadins rentrèrent chez eux, et
les invités de marque montèrent faire la sieste dans leur chambre. Caris
demeura dans la salle pour superviser le nettoyage. Elle était désolée pour
Philippa, profondément désolée. D’autant plus désolée qu’elle savait que Ralph
avait tué Tilly, ce que Philippa ignorait. Elle espérait de tout son cœur que
la comtesse ne connaîtrait pas le même sort. Toutefois, d’autres sujets
requéraient son attention pressante : l’avenir de toute la ville. Les
choses s’étaient passées mieux qu’elle ne l’avait escompté. Les citadins
l’avaient acclamée et

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