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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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religieuses s’occupent
de lui mais, dès demain, je le ramènerai chez moi, au manoir de Tench. J’ai
trouvé une nourrice. » Voyant là l’occasion d’aborder le sujet qui
l’intéressait par une fine allusion, il ajouta : « Il est vrai, bien
sûr, qu’il aura besoin d’une véritable mère pour l’élever.
    — Bien sûr, oui. »
    Se rappelant soudain que la comtesse était en deuil, elle aussi,
il dit avec un soupir : « Mais vous savez vous-même ce que c’est que
de perdre l’être aimé.
    — J’ai eu la joie de connaître vingt et une années de
merveilleux bonheur auprès de mon cher William.
    — Vous devez vous sentir bien seule.
    — En effet. J’ai perdu les trois hommes de ma
vie : William et nos deux fils. Le château paraît si vide...»
    Le moment n’était certes pas le mieux choisi pour faire sa
demande, mais rien n’empêchait Ralph de préparer le terrain. « Peut-être
ne le restera-t-il pas longtemps. »
    Elle le dévisagea avec ébahissement, n’en croyant pas ses
oreilles, avant de lui tourner le dos pour converser avec son autre voisin de
table, l’évêque Henri. Conscient de l’avoir offensée, Ralph demeura coi. Il ne
tarda pas à reporter son attention sur sa voisine de droite, damoiselle Odila,
la fille de dame Philippa.
    « Voulez-vous goûter à ce pâté en croûte ? lui
demanda-t-il. Il est au paon et au lièvre. » Elle hocha la tête et il lui
en coupa une part. « Quel âge avez-vous ?
    — J’aurai quinze ans cette année. »
    Elle était grande et possédait déjà une silhouette semblable
à celle de sa mère, une gorge pleine et des hanches voluptueuses. « Je
vous aurais crue plus âgée », dit-il, les yeux rivés sur sa poitrine.
    Il espérait lui faire un compliment, mais Odila, gênée,
rougit et se détourna.
    Ralph baissa les yeux sur sa platée et piqua un morceau de
porc au gingembre, qu’il mâchonna avec humeur, conscient de n’être pas très
doué pour ce que Grégory appelait « faire la cour ».
    *
    Caris avait pris place entre l’évêque Henri, à sa gauche, et
Merthin, à sa droite, convié au banquet en sa qualité de prévôt. À côté de lui
se trouvait sieur Grégory Longfellow, qui était demeuré à Kingsbridge depuis
les funérailles du comte William, trois mois plus tôt. Caris éprouvait un
profond dégoût à être assise à la même table que le meurtrier de Tilly et
l’homme qui l’avait, presque certainement, incité à commettre ce crime. Mais
elle remisa sa répugnance, décidée à ne pas se laisser distraire de son
objectif : sauver Kingsbridge. Elle avait un plan pour ce faire. La
reconstruction du mur d’enceinte n’en était que la première étape ; la
seconde nécessitait de rallier l’évêque Henri à sa cause.
    Elle servit au prélat un gobelet d’un délicieux vin rouge de
Gascogne. Il en but une longue goulée, puis, s’étant essuyé la bouche,
déclara : « Vous prêchez avec talent.
    — Je vous remercie, monseigneur, répondit Caris, bien
qu’elle ait parfaitement noté le reproche et l’ironie qu’il avait mis dans son
ton. Cette ville est en train de sombrer dans le chaos et la débauche. Si nous
voulons y remédier, il est de notre devoir d’insuffler de l’énergie et de
l’espoir aux paroissiens. Je ne doute pas que vous en conviendrez.
    — C’est un peu tard pour me poser la question, mais
j’en conviens cependant. »
    À défaut d’apprécier l’insubordination, l’évêque était un
homme réaliste qui savait reconnaître les qualités de ses interlocuteurs. Caris
s’en réjouit. Elle se servit une part de héron grillé parfumé au poivre et aux
clous de girofle, mais elle n’y toucha pas. L’important était de convaincre
l’évêque. « Mon projet ne se limite pas à la reconstruction du mur et à la
formation d’un nouveau corps de police.
    — Je m’en doutais un peu.
    — J’estime que l’évêque de Kingsbridge mérite
d’officier dans la cathédrale la plus haute de toute l’Angleterre. »
    Henri haussa les sourcils. « Voilà bien une chose à
laquelle je ne m’attendais pas !
    — Il Y a deux cents ans, notre prieuré était l’un des
plus importants du royaume. Il doit le redevenir. Une nouvelle tour de croisée symboliserait
sa renaissance et siérait à votre grandeur. »
    Henri esquissa un sourire sarcastique. Sentant qu’il n’était
pas insensible à la flatterie, Caris poursuivit : « La ville serait
la

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