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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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l’évêque avait accepté de l’aider. Malgré la peste, la
civilisation avait-elle une chance de reprendre ses droits à Kingsbridge ?
    Caris aperçut l’Archevêque, le chat de Godwyn, devant la
porte de service où l’on avait jeté les déchets du repas. Il était en train de
dépiauter une carcasse de poulet. Elle le chassa du pied. Il détala, puis se
retourna vers elle, le dos rond, la queue dressée avec arrogance.
    Elle se replongea dans ses réflexions. Quel était le
meilleur moyen de mener à bien son projet ? Perdue dans ses pensées, elle
monta l’escalier. Arrivée en haut des marches, elle poussa la porte de la
chambre qu’elle partageait avec Merthin.
    L’espace d’un instant, elle se demanda si elle ne s’était
pas trompée de pièce. Deux hommes se tenaient au milieu de la salle, nus comme
des vers, et s’embrassaient, enlacés. Il lui fallut quelques secondes pour
reconnaître Henri et son assistant, le chanoine Claude. Elle se souvint alors
que sa chambre avait été attribuée à l’évêque pour la durée de son séjour à
Kingsbridge, et cela tout naturellement puisque c’était la meilleure du
prieuré.
    Ils n’avaient pas entendu la porte s’ouvrir et ne s’étaient
pas rendu compte de sa présence.
    « Oh ! » s’écria-t-elle, ébahie.
    Ils se tournèrent vers elle en même temps. Une expression de
culpabilité horrifiée se répandit sur les traits d’Henri.
    « Je suis désolée ! » s’écria Caris.
    D’un bond, les deux hommes s’écartèrent l’un de l’autre,
comme s’ils pouvaient encore nier la situation en dépit de leur nudité. Henri
était corpulent ; il avait le ventre rond, des jambes épaisses et le torse
ombré de poils gris. Claude, plus jeune et plus mince, était glabre, hormis une
touffe de poils châtains au niveau du pubis. C’était la première fois que Caris
voyait deux pénis en érection au même moment.
    « Je vous demande pardon ! balbutia-t-elle, ne
sachant où poser les yeux. C’est ma faute, j’ai oublié...»
    Elle se répandait en excuses tandis que les prélats, frappés
de stupeur, ne disaient pas un mot.
    Reprenant ses esprits, elle tourna les talons et claqua la
porte derrière elle.
    *
    À la fin du banquet, Merthin avait quitté le prieuré en
compagnie de Madge. Il avait une grande amitié pour cette petite femme bien en
chair, au menton en galoche et au derrière rebondi. Il admirait le courage et
la détermination avec lesquels elle faisait prospérer son entreprise, malgré la
mort de son mari et de ses quatre enfants, emportés par la peste. Coûte que
coûte, elle continuait à tisser la laine et à la teindre en rouge selon la
recette de Caris.
    « Admirable, le sermon ! dit-elle à Merthin. Caris
a raison, comme d’habitude. Nous devons nous reprendre en main.
    — Si quelqu’un n’est pas concerné, c’est bien vous,
Madge !
    Vous ne vous êtes jamais laissée aller, malgré les épreuves.
    — Non, c’est vrai que j’ai tenu bon. Mais j’ai du mal à
trouver des ouvriers pour m’aider à l’atelier.
    — On est tous dans le même cas. Moi, ce sont les maçons
que je n’arrive pas à embaucher.
    — Le manque de main-d’œuvre est mon seul problème, car
le cours de la laine vierge n’a pas augmenté, et mon drap écarlate se vend
encore très bien. J’aimerais seulement en produire davantage.
    — Vous savez, remarqua Merthin, pensif, je me souviens
qu’à Florence, les tisserands travaillaient sur des métiers beaucoup plus
rapides que les nôtres : des métiers à pédale.
    — Vraiment ? dit Madge avec intérêt. Je n’ai
jamais entendu parler de ça. Comment fonctionnent-ils ?
    — Comment vous expliquer... Vous connaissez le principe
du tissage, évidemment : on tend un certain nombre de fils sur la longueur
d’un cadre pour former ce qu’on appelle la chaîne, et on entrelace ensuite un
autre fil à cette chaîne, dans la largeur, en le faisant passer une fois
au-dessus, une fois en dessous, jusqu’au bout, avant de repartir dans l’autre
sens. Et cela, c’est la trame.
    — Exact. Mais ce que vous décrivez là, c’est un métier
de base. Les nôtres sont plus élaborés que cela.
    — Je sais bien. Les vôtres sont plus rapides, ils
comportent une barre mobile, appelée harnais, à laquelle sont attachés les fils
de la chaîne, un sur deux très exactement. Quand on soulève ce harnais, la
moitié des fils remonte pendant que l’autre moitié reste en

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