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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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liberté
dont ils ont besoin pour prospérer.
    — Je vois...
    — Cette charte conférerait à la guilde des marchands le
pouvoir de former son propre tribunal et d’édicter ses propres lois. En
d’autres termes, les marchands acquerraient un pouvoir réel, bien supérieur à
celui qu’ils détiennent aujourd’hui.
    — Mais croyez-vous que le roi serait prêt à vous
l’accorder ?
    — Pourquoi pas ? Les villes libres payent beaucoup
d’impôts.
    Cela ne sera pas pour lui déplaire. Jusqu’ici, le prieur de
Kingsbridge s’est démené pour que le souverain ne donne pas suite à la requête
des marchands.
    — Vous jugez les prieurs trop conservateurs ?
    — Trop timorés.
    — Eh bien, s’esclaffa l’évêque, on peut dire que vous
ne souffrez pas de ce défaut ! »
    Caris insista : « Je pense sincèrement que cette
charte nous est indispensable si nous voulons bâtir la nouvelle tour.
    — Je reconnais que cela vous aiderait sans doute.
    — Alors, vous êtes d’accord ?
    — Pour quoi ? Pour la tour ou pour la
charte ?
    — Les deux choses vont de pair.
    — Seriez-vous en train de me proposer un marché, mère
Caris ? s’amusa Henri.
    — Seriez-vous prêt à l’accepter ?
    — Eh bien, c’est dit. Construisez-moi une tour, je vous
aiderai à obtenir cette charte.
    — Non. Cela doit se faire dans l’autre sens. Il nous
faut d’abord la charte.
    — Ce qui signifie que je dois vous faire confiance.
    — Est-ce si difficile ?
    — Très sincèrement ? Non.
    — Dans ce cas, marché conclu ?
    — Marché conclu ! »
    Se penchant en avant, Caris s’adressa au voisin de Merthin.
« Sieur Grégory ?
    — Oui, mère Caris ? »
    Avec une politesse étudiée, elle s’enquit :
« Avez-vous goûté à ce lapin en sauce sucrée ? Je vous le
recommande. »
    Grégory prit le plat qu’elle lui tendait et se servit.
« Je vous remercie.
    — Dites-moi, vous vous souvenez sans doute que Kingsbridge
n’est pas une ville libre ?
    — Certainement. »
    C’était l’argument qu’il avait employé dix ans plus tôt pour
convaincre la cour royale de débouter la guilde dans l’affaire du foulon.
« L’évêque pense qu’il est temps pour nous de demander une charte au roi. »
    Grégory approuva d’un hochement de tête. « Il me semble
en effet que le roi pourrait accéder à une requête en ce sens, surtout si elle
lui est présentée avec tact et délicatesse.
    — Peut-être auriez-vous l’amabilité de nous
conseiller ? lui demanda Caris, en espérant que son écœurement ne se
lisait pas sur ses traits.
    — Volontiers. Si vous le voulez, nous discuterons des
détails un peu plus tard. »
    À l’évidence, Grégory exigerait un pot-de-vin, qu’il
désignerait sous le nom d’« honoraires ». « C’est entendu »,
dit Caris en réprimant un frisson.
    Les servantes commençaient à débarrasser la table. Caris
baissa les yeux sur son écuelle. Elle n’y avait pas touché.
    *
    « Nos deux familles sont apparentées, expliquait Ralph
à dame Philippa. Oh, cela remonte à bien longtemps, se hâta-t-il de préciser,
mais mon père descend en droite ligne du premier comte de Shiring, le fils de
dame Aliena et de Jack le Bâtisseur. » Il regarda Merthin, assis de
l’autre côté de la table, et reprit : « Je crois avoir hérité du sang
des comtes ; dans les veines de mon frère coule celui des
bâtisseurs. »
    Il guetta la réaction de Philippa. Elle ne semblait pas
impressionnée.
    « J’ai été élevé dans la demeure de feu votre
beau-père, le comte Roland, continua-t-il.
    — Oui, je me souviens de vous à l’époque où vous y
étiez écuyer.
    — Je me suis battu sous ses ordres en France, dans
l’armée du roi. À la bataille de Crécy, j’ai même sauvé la vie du prince de
Galles.
    — Mon Dieu, c’est formidable », dit-elle poliment.
    Il s’évertuait à lui démontrer sa valeur pour qu’elle le
considère comme son égal lorsqu’il lui ferait sa demande en mariage et ne
s’offusque pas. Mais il la sentait lointaine. Visiblement, sa conversation ne
lui inspirait que de l’ennui et peut-être aussi une certaine perplexité.
    On apporta les desserts : des fraises au sucre, des
gaufres au miel, des dattes, des raisins secs et du vin aux épices. Ralph se
servit une tasse de ce vin et la vida d’un trait pour la remplir à nouveau dans
l’espoir que l’alcool l’aiderait à se détendre. Pourquoi

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