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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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préparation des remèdes, et, juste à côté, un potager où faire
pousser des plantes médicinales. Et puis des latrines spacieuses et aérées,
avec des tuyaux amenant l’eau, nécessaire au nettoyage. En fait, ce que je
veux, c’est un endroit vaste et bien éclairé. Mais surtout situé à trois cents
pas au moins des autres bâtiments du prieuré, c’est primordial. Je tiens à
séparer les malades des bien-portants !
    — Je vois. Je te ferai des plans demain matin. »
    D’un coup d’œil, elle s’assura que personne ne les observait
et l’embrassa. « Tu te rends compte de ce que cela représente pour
moi ? Cet hospice sera l’aboutissement de toute ma vie de travail !
    — Voyons, tu n’as que trente-deux ans. C’est un peu tôt
pour parler ainsi, tu ne crois pas ?
    — Je ne sais pas quel âge j’aurai quand cet hôtel-dieu
ouvrira ses portes.
    — Tu ne seras pas bien vieille, ne t’inquiète pas. Je
vais lancer le chantier tout de suite ; mes maçons pourront y travailler
pendant que je creuserai les fondations de la nouvelle tour de la cathédrale.
L’hospice terminé, ils me rejoindront pour aider à sa construction. »
    Ils repartirent vers le palais du prieur. Caris se
réjouissait de l’enthousiasme de Merthin. « Elle mesurera combien de
pieds, ta tour ?
    — Quatre cent cinq.
    — Et combien fait celle de Salisbury ?
    — Quatre cent quatre.
    — Ce sera donc la plus haute d’Angleterre !
    — Oui, jusqu’à ce qu’un autre bâtisseur en construise
une plus haute. »
    Ainsi Merthin réaliserait son rêve, lui aussi, pensa Caris,
en glissant son bras sous le sien. Elle était heureuse. N’était-ce pas
étrange ? La peste avait fait des centaines de victimes à Kingsbridge,
Ralph avait assassiné Tilly et, pourtant, elle se sentait emplie d’espoir. Ses
projets étaient sur la bonne voie. Le nouveau mur d’enceinte, le corps de
police, la tour, la charte royale et, surtout, cet hôtel-dieu : si elle
parvenait à les mener tous à bien, la ville renaîtrait de ses cendres. Comment
trouverait-elle le temps de s’occuper de tout ?
    Elle entra dans la maison du prieur sans lâcher le bras de
Merthin. Dans la grand-salle, elle aperçut l’évêque Henri et sieur Grégory en
grande conversation avec un troisième personnage. Le nouveau venu lui tournait
le dos, et pourtant sa silhouette lui était désagréablement familière. Un
frisson la parcourut. Puis l’homme se retourna. Son expression sardonique, triomphante
et moqueuse, débordait de haine.
    C’était Philémon.

 
74.
    L’évêque Henri et le reste des invités quittèrent
Kingsbridge le lendemain matin. Après le petit déjeuner, Caris retourna au
palais du prieur et monta dans sa chambre, désormais libérée.
    Ouvrant la porte, elle tressaillit. Pour la seconde fois en
deux jours, elle découvrait des hommes dans sa chambre ! Cette fois-ci,
c’était Philémon, de profil devant la fenêtre, plongé dans la lecture d’un
livre. Vêtu, Dieu merci ! Mais amaigri par les épreuves des six derniers
mois, lui sembla-t-il.
    « Que fais-tu ici ? » s’exclama-t-elle.
    Il feignit l’incompréhension. « C’est la maison du
prieur. Qu’y a-t-il d’étonnant à ce que je m’y trouve ?
    — Ce n’est pas ta chambre !
    — Je suis le sous-prieur de Kingsbridge. Je n’ai pas
été relevé de mes fonctions, que je sache. Le prieur est mort. Qui d’autre que
moi pourrait vivre ici ?
    — Moi, bien sûr.
    — Vous n’êtes pas moine.
    — L’évêque Henri m’a nommée prieure suppléante. Hier
soir, malgré ton retour, il ne m’a pas déchue de ces fonctions. Je suis ta
supérieure, tu dois m’obéir.
    — Vous êtes une religieuse : vous devez vivre dans
la clôture des religieuses et non pas dans une demeure dévolue aux moines.
    — J’y habite depuis des mois.
    — Seule ? »
    Caris se rendit compte soudain qu’elle s’avançait en terrain
glissant. Quand bien même elle avait veillé à ne pas étaler au grand jour sa
relation avec Merthin, Philémon avait deviné qu’ils vivaient plus ou moins
maritalement. Il avait un instinct de bête sauvage pour détecter les faiblesses
chez ses proies.
    Elle réfléchit. Elle pouvait lui ordonner de déguerpir, elle
pouvait même le faire jeter dehors : Thomas et les novices lui obéiraient.
Mais que se passerait-il alors ? Philémon ferait tout ce qui était en son
pouvoir pour provoquer un scandale. Il clamerait haut et

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