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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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libéré de la présence dédaigneuse et réprobatrice
de Philippa fut une tentation trop forte. « Très bien. Faites ce que vous
voulez. Qu’est-ce qui vous retient, d’ailleurs ? Tilly ne m’avait pas
demandé la permission, vous savez.
    — Je voudrais d’abord qu’Odila soit mariée.
    — À qui ? »
    Elle le regarda comme s’il était stupide.
    « Oh, dit-il. Au jeune David, je suppose.
    — Il est amoureux d’elle, et je les trouve bien
assortis.
    — Il est mineur. Il doit demander la permission au roi.
    — C’est pour cela que j’évoque le sujet avec vous.
Accepteriez-vous de l’accompagner devant le roi et d’appuyer sa demande en
mariage ? Si vous me faites cette faveur, je jure de vous laisser en paix
jusqu’à la fin de mes jours. »
    Cela n’avait rien d’un sacrifice, réfléchit Ralph. Une
alliance avec Monmouth ne pouvait que lui être profitable. « Et vous
quitterez Château-le-Comte pour vous installer au couvent ?
    — Oui, sitôt Odila mariée. »
    C’était la fin d’un rêve, mais d’un rêve qui s’était mué en
une réalité sinistre. Sans doute valait-il mieux admettre l’échec et prendre un
nouveau départ.
    « C’est entendu, dit-il, en sentant se mêler en lui
regret et délivrance. Marché conclu. »

 
77.
    En cet an de grâces 1350, les fêtes de Pâques tombèrent tôt.
Le soir du Vendredi saint, un grand feu brûlait dans la cheminée chez Merthin.
Un souper froid attendait sur la table : poisson fumé, fromage crémeux,
pain frais, poires et un pichet de vin du Rhin. Merthin portait des
sous-vêtements propres et une tunique neuve de couleur jaune. Le sol avait été
balayé, et un bouquet de jonquilles ornait le buffet.
    Il était seul. Lolla passait la nuit chez ses serviteurs,
Arn et Em, qui vivaient dans une chaumière au bout du jardin. Lolla, qui avait
cinq ans, adorait dormir là-bas. Elle appelait cela « partir en
pèlerinage » et emportait un baluchon contenant sa brosse et sa poupée
préférée.
    Merthin ouvrit une fenêtre et regarda au-dehors. La surface
de l’eau frissonnait et les herbes du pré pliaient sous la brise froide qui
soufflait de Villeneuve. Il faisait presque nuit. Au loin, les dernières lueurs
de jour s’estompaient ; la lumière semblait chuter du ciel et sombrer dans
la rivière pour y être engloutie dans ses profondeurs obscures.
    Il se représenta une silhouette encapuchonnée se faufilant
hors du couvent et traversant en diagonale le pré devant la cathédrale. Elle
dépassait sans s’y attarder l’auberge de La Cloche illuminée et descendait la
grand-rue bourbeuse, tenant son visage dans l’ombre et ne parlant à personne.
Il l’imagina arrivée à la porte de la ville. Avait-elle pour la rivière noire
et glacée un regard méfiant, se remémorant un moment de désespoir assez profond
pour engendrer des pensées funestes ? Si tel était le cas, elle chassait
promptement ce souvenir. Elle s’engageait sur le pont qu’il avait bâti et le
franchissait d’un pas décidé. Retrouvant la terre ferme à l’île aux lépreux,
elle quittait la grand-rue, traversait une étendue d’herbe et de taillis où les
lapins s’en donnaient à cœur joie, contournait le lazaret en ruine et
débouchait sur le rivage sud. Là, elle frappait à la porte de sa maison.
    Il ferma la fenêtre et attendit. Nul bruit de pas ne
résonnait dans le silence. C’était son impatience qui le portait à croire que
l’heure avait déjà sonné.
    Il eut la tentation de se servir une tasse de vin, mais n’y
succomba pas : un rituel s’était instauré entre eux, il voulait en
respecter les phases.
    Les trois coups à la porte retentirent quelques instants
plus tard. Il alla ouvrir. Elle entra. Rejetant sa capuche en arrière, elle fit
tomber de ses épaules sa lourde cape de laine grise.
    Elle était plus grande que lui d’un bon pouce, et plus âgée
de quelques années. Son visage fier, parfois hautain, rayonnait de joie en ce
moment. Elle portait une robe coupée dans ce fameux écarlate de Kingsbridge. Il
la prit dans ses bras. Serrant contre lui son corps voluptueux, il déposa un
baiser sur ses lèvres pulpeuses en soupirant : « Ma chérie, ma
Philippa ! »
    Ils firent l’amour aussitôt, à même le sol, sans prendre le
temps de se dévêtir. Il avait faim de son corps, et elle plus encore du sien.
Il avait étalé sa cape sur la paille et elle s’y était allongée, relevant ses
jupes. À présent,

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