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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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poitrine d’une longue lame effilée qui
s’était enfoncée dans son cœur battant.
    Jamais il n’avait osé confesser ce péché et il se demandait
avec angoisse combien de temps il lui faudrait endurer le feu du purgatoire
avant d’en être purifié.
    Comme l’évêque et les autres dignitaires demeuraient au
palais du prieur et que l’entourage du comte de Monmouth occupait toutes les
chambres d’hôtes de l’hospice, Ralph logeait à l’auberge. Il était descendu à
La Cloche, la taverne que son frère avait restaurée. C’était la seule maison de
la ville à comporter deux étages : au premier, au-dessus de la vaste salle
de restaurant, se trouvaient deux salles communes, l’une pour les hommes
l’autre pour les femmes, et, au second, six chambres particulières réservées
aux clients fortunés.
    À la fin du banquet, Ralph et sa compagnie rentrèrent à
l’auberge. Les hommes, installés devant l’âtre, réclamèrent du vin et se
lancèrent dans des parties de dés. Quelque peu en retrait, Philippa discutait
avec Caris tout en chaperonnant Odila, que le comte de Monmouth avait suivie
jusque-là.
    Des jeunes personnes éperdues d’admiration, comme en
attirent toujours les gentilshommes prodigues, avaient formé un cercle autour
des joueurs. Dans l’euphorie de la boisson et la fièvre du jeu, Ralph oublia
peu à peu ses tracas.
    Bientôt, il remarqua en face de lui une jeune blonde au
regard intense qui ne le quittait pas des yeux tandis qu’il perdait joyeusement
ses pièces d’argent, une pile après l’autre. Il lui fit signe de s’approcher.
Elle lui apprit son nom : Ella, et s’assit près de lui. Il se remit à
jouer. Comme la jeune fille, fébrile, agrippait sa cuisse aux moments décisifs,
il se dit que ce n’était sans doute pas innocent : une femme sait toujours
ce qu’elle fait.
    Très vite, il se désintéressa du jeu et reporta son
attention sur elle. Laissant ses hommes continuer à parier, il entreprit de
lier connaissance. Elle n’avait rien de commun avec Philippa : elle était
gaie, sensuelle et fascinée par lui. Ses mains se promenaient sans cesse entre
leurs deux corps : tantôt pour écarter une mèche de cheveux de son visage
ou se poser sur sa gorge, tantôt pour lui tapoter le bras ou effleurer son
épaule en riant. Elle semblait passionnée par le récit de ses aventures en France.
    À son grand déplaisir, Ralph vit son frère entrer dans la
taverne et se diriger vers lui. Merthin avait donné La Cloche en location à la
plus jeune fille de Betty la Boulangère, mais il se souciait malgré tout de son
succès. Il s’inquiéta de savoir si Ralph trouvait les lieux à sa convenance.
Celui-ci acquiesça et lui présenta sa compagne. « Je connais Ella »,
lâcha Merthin avec une étonnante absence de courtoisie.
    Ralph n’avait revu son frère que deux ou trois fois depuis
la mort de Tilly. En chacune de ces occasions, comme à son mariage, par
exemple, ils n’avaient guère eu le temps de causer. Toutefois, à la façon dont
Merthin le regardait, il sentait qu’il le soupçonnait d’être le meurtrier de
Tilly. Cette suspicion se dressait entre eux telle une présence dont on ne
parlait pas mais qu’on ne pouvait ignorer, de même que le paysan pauvre ne
saurait ignorer la vache qui partage son logis exigu. Si d’aventure ils
abordaient un jour le sujet, ils ne se reparleraient jamais plus, Ralph en
était convaincu.
    Une fois de plus, par une sorte de consentement mutuel, ils
se contentèrent d’échanger des platitudes et Merthin repartit, prétextant un
travail à finir. Ralph se demanda brièvement à quel genre de travail son frère
pouvait bien s’adonner au crépuscule, un soir de décembre. Il n’avait pas la
moindre idée de la façon dont Merthin occupait ses journées. Il ne chassait
pas, n’avait pas de cour à entretenir et ne fréquentait pas celle du roi.
Passait-il vraiment tout son temps, chaque jour de sa vie, à tracer des plans
et à surveiller le travail de ses ouvriers ? Pour sa part, une vie
pareille l’aurait rendu fou. Son frère, cependant, semblait en tirer des
revenus stupéfiants. Merthin ne semblait jamais à court d’argent, alors que
lui-même avait connu en permanence des difficultés financières avant de devenir
comte de Shiring.
    Ralph reporta son attention sur Ella. « Mon frère est
un peu grincheux, dit-il en manière d’excuse.
    — C’est normal, répliqua-t-elle avec un gloussement, il
n’a

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