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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qu’on n’en
déchiffrait plus le texte calligraphié jadis avec tant de soin.
    À l’intérieur, la paroi présentait des fissures. Ce n’était
pas forcément un signe de fragilité. Tous les bâtiments bougeaient. Une lézarde
pouvait simplement témoigner d’une adaptation de l’édifice aux mouvements du
terrain. Pour en avoir le cœur net, il fallait l’étudier d’un œil expert.
    Dans cette intention, Merthin grimpa en haut d’une fenêtre
et laissa pendre un fil à plomb.
    La plupart des lézardes apparues dans ce mur étaient sans
gravité. L’une d’elles, toutefois, éveilla sa curiosité en raison de sa forme.
Un regard plus attentif lui apprit que quelqu’un avait profité de cette fissure
naturelle pour desceller une pierre.
    À peine l’eut-il retirée, qu’il découvrit la cachette d’un
voleur. Il en extirpa tout ce qu’elle contenait : une broche féminine
ornée d’une grosse pierre verte, une boucle de ceinture en argent, un châle en
soie et un Psaume écrit sur un rouleau de parchemin. Un dernier objet, tout au
fond du trou, ne possédait aucune valeur marchande. C’était un bout de bois
poli où était gravé « M : Phmn : AMAT. »
    « M » était une initiale ; Amat le
verbe latin signifiant « aimer ».
    Quant aux lettres « Phmn », elles devaient
désigner Philémon.
    Preuve accablante de l’identité du coquin.
    Fille ou garçon, quelqu’un dont le nom commençait par
« M » avait aimé Philémon et lui avait remis ce présent. Et celui-ci
l’avait soigneusement conservé avec ses autres larcins.
    Le prieur traînait depuis l’enfance une réputation de
chapardeur. Tout autour de lui, les objets disparaissaient. A priori, c’était
là qu’ils atterrissaient. Merthin se plut à imaginer Philémon, seul,
s’introduisant dans cette salle, peut-être de nuit, descellant la pierre et
admirant son butin. Assurément, il souffrait d’une sorte de maladie.
    La rumeur ne lui avait jamais prêté d’amants. À l’instar de
son mentor Godwyn, il semblait faire partie des rares personnes peu attirées
par les plaisirs de la chair. Pourtant, un jour, quelqu’un l’avait aimé et
c’était un souvenir qu’il chérissait.
    Doté d’une excellente mémoire, Merthin remit les objets
exactement à leur place, réinséra la pierre et redescendit l’escalier en
colimaçon, plongé dans d’étranges pensées.
    *
    Ce fut pour Ralph un grand étonnement que de voir Philippa
arriver au château.
    En cette rare journée ensoleillée d’un été jusque-là
pluvieux, une chasse au faucon lui aurait procuré le plus grand plaisir, mais
il avait eu le désagrément de devoir rester chez lui. En effet, la plupart de
ses intendants, baillis et régisseurs, avaient sollicité une audience
d’urgence, se trouvant confrontés à un problème identique : la pénurie de
main-d’œuvre à l’approche des moissons.
    Ralph n’avait aucune solution à leur proposer. Il traînait
déjà en justice les journaliers qui abandonnaient leur village au mépris de la
loi pour trouver ailleurs un meilleur salaire, mais les rares contrevenants qui
se faisaient attraper ne s’acquittaient de l’amende que pour s’enfuir encore.
Les baillis se débrouillaient comme ils le pouvaient. Telle était donc la
situation qu’ils tenaient à expliquer au seigneur et celui-ci n’avait d’autre
choix que de les écouter en approuvant leurs stratégies de fortune.
    La grande salle était bondée : outre les baillis,
plusieurs chevaliers, des hommes d’armes et deux prêtres s’entassaient parmi
une bonne dizaine de domestiques indolents.
    Et voilà qu’au milieu d’un silence, le cri des freux
retentit comme un avertissement. Tournant la tête, Ralph aperçut son épouse sur
le seuil.
    Les premières paroles de dame Philippa s’adressèrent aux
serviteurs : « Martha ! La table est encore souillée des restes
du déjeuner. Va quérir de l’eau chaude et hâte-toi de la récurer. Dickie, tu
lambines ici, à tailler un bout de bois, alors que le destrier préféré du comte
est tout crotté. Regagne ta place aux écuries et nettoie son cheval. Quant à
toi, petit, mets ce chiot dehors : il vient de pisser par terre. Seul le
mastiff de ton seigneur a le droit d’entrer au château, tu le sais
bien ! »
    De tous côtés, les domestiques s’affairèrent ; même
ceux à qui leur maîtresse n’avait rien dit se découvrirent soudain une
occupation urgente.
    Ralph ne s’offusqua

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