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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Philémon.
    — Laissez-la partir », dit calmement Henri. Elle
sortit sans se retourner.
    Tout en marchant lentement entre les tombes pour rejoindre
le couvent, elle prit peu à peu la mesure de ce que signifiaient les paroles de
l’évêque. Sime était désormais en charge de l’hôtel-dieu. Elle allait devoir
obéir à ses ordres. Les malades contagieux ne seraient plus isolés ; les
religieuses ne porteraient plus de masque et ne se laveraient plus les mains au
vinaigre ; les patients les plus faibles subiraient encore des saignées et
des purges qui les affaiblissaient ; des cataplasmes à base d’excréments
animaux seraient encore appliqués sur les plaies pour forcer le corps à
produire du pus ; et nul ne se soucierait plus de préserver la propreté et
d’aérer la grand-salle.
    Elle traversa le cloître, monta l’escalier du dortoir et
s’enferma dans sa chambre sans avoir adressé la parole à quiconque. Elle
s’allongea, le visage pressé contre l’oreiller. La douleur lui vrillait le
crâne.
    Elle avait perdu Merthin, elle avait perdu l’hôtel-dieu,
elle avait tout perdu.
    Un coup sur la tête pouvait être fatal, elle le savait.
Peut-être s’endormirait-elle ce soir pour ne jamais plus se réveiller ?
    Ce serait aussi bien.

 
79.
    Merthin avait planté son verger au printemps 1349. Un an
plus tard, il n’avait à déplorer la perte que d’un seul arbre, même si l’issue
demeurait incertaine pour deux ou trois. Les autres portaient pour la plupart
de belles feuilles vigoureuses, mais il n’allait pas jusqu’à espérer une
récolte dès cette année. Pourtant, ô surprise, au mois de juillet, un
arbrisseau précoce produisit une dizaine de poires minuscules, d’un vert foncé
très prometteur.
    Il les montra à Lolla un dimanche après-midi. La fillette ne
put croire que ces petits cailloux durs deviendraient les fruits juteux et
acidulés qu’elle aimait tant. Elle pensa qu’il s’agissait là d’une nouvelle
taquinerie de son père et, lorsqu’il lui demanda d’où venaient les poires
mûres, elle riposta : « Du marché, voyons ! Cette
question ! »
    Merthin se dit que sa fille mûrirait, elle aussi ; son
petit corps maigrichon s’arrondirait et présenterait de gracieuses courbes,
bien qu’il ait du mal à imaginer Lolla devenue femme. Lui donnerait-elle des
petits-enfants ? Pour l’heure, elle n’avait que cinq ans. Il faudrait
attendre encore une petite dizaine d’années.
    Il était plongé dans ces réflexions sur l’évolution
lorsqu’il aperçut Philippa venant à lui de l’autre bout du jardin. Quel bon
vent l’amenait ? se demanda-t-il tout en remarquant la rondeur pleine de
ses seins. Elle n’avait pas coutume de lui rendre visite dans la journée.
Respectant sa position de beau-frère au cas où quelqu’un les aurait observés,
Merthin se contenta de déposer un chaste baiser sur la joue de Philippa.
    Elle semblait préoccupée. Depuis quelques jours, d’ailleurs,
elle était d’une réserve inhabituelle. Lorsqu’elle se fut assise dans l’herbe
auprès de lui, il l’interrogea d’une voix inquiète : « Un
souci ?
    — Je n’ai jamais su prendre de gants pour annoncer les
mauvaises nouvelles... Je suis enceinte.
    — Seigneur Dieu ! s’écria-t-il, incapable de
cacher son émoi.
    Mais c’est incroyable. Tu m’avais dit que...
    — Je sais. J’étais persuadée d’avoir passé l’âge. Ces
deux dernières années, mon cycle était irrégulier et il avait fini par cesser
complètement. Du moins le croyais-je. Car, depuis peu, je vomis le matin et mes
seins me font souffrir.
    — Oui, j’ai noté que ta poitrine s’était développée en
te voyant entrer dans le jardin. En es-tu certaine ?
    — Aucun doute n’est permis. Je le sais, j’ai été six
fois enceinte : j’ai eu trois fausses couches en plus de mes trois
enfants ! »
    Merthin sourit : « Eh bien, nous allons avoir un
bébé. »
    Philippa resta de marbre. « Réfléchis aux conséquences
avant de te réjouir. Je suis mariée au comte de Shiring. Je n’ai pas couché
avec lui depuis le mois d’octobre. J’ai quitté le domicile conjugal en février
et, en juillet, je suis enceinte de deux ou trois mois ? Le monde entier
saura que Ralph n’est pas le père, lui le premier ; et l’on dira que la
comtesse de Shiring a commis le péché d’adultère.
    — Il n’oserait pas...
    — Me tuer ? Il a déjà supprimé Tilly, non ?
    — Mon

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