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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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être consulté sur le sujet.
Cependant, il a passé trois ans à étudier la médecine à l’université et il a
obtenu un diplôme. Il nous a fait remarquer que Caris n’avait, pour sa part,
reçu aucune formation et ne possédait, en dehors de ce que son expérience
pratique lui a enseigné, qu’une compréhension très limitée de la nature des
maladies. Lui-même est, en revanche, un médecin qualifié. Qui plus est, le seul
au prieuré et même le seul à Kingsbridge.
    — Tout à fait, répondit Sime.
    — Comment pouvez-vous dire que je n’ai reçu aucune
formation ? explosa Caris. Après toutes les années que j’ai passées à
prendre soin de patients...
    — Silence, s’il vous plaît ! l’interrompit Henri
en élevant à peine la voix, mais quelque chose dans le calme du prélat l’obligea
à se taire. J’étais sur le point d’évoquer toutes ces années de dévouement.
Vous avez accompli un travail extraordinaire, mère Caris. Vous êtes connue dans
tout le pays pour vos efforts sans relâche dans la lutte contre l’épidémie de
peste. Votre expérience et votre savoir-faire sont inestimables.
    — Merci, monseigneur.
    — Néanmoins, Sime est prêtre, diplômé de
l’université... et c’est un homme. Il nous apporte des connaissances
essentielles à la bonne direction de l’hospice d’un prieuré. Nous ne voudrions
pas le perdre.
    — Certains des professeurs de l’université approuvent
mes méthodes, dit Caris. Demandez à frère Austin.
    — Frère Austin a été envoyé à Saint-Jean-des-Bois,
expliqua Philémon.
    — Nous savons bien pourquoi ! » riposta
Caris.
    L’évêque intervint : « C’est à moi qu’il revient
de prendre une décision, pas à frère Austin ni aux professeurs de
l’université. »
    Caris n’était pas préparée à une telle confrontation. Elle
se rendait compte qu’elle était prise au piège d’une lutte de pouvoir. Épuisée,
souffrant d’une violente migraine, elle ne parvenait pas à rassembler ses
pensées. Elle n’avait pas pris le temps de réfléchir à une stratégie. En temps
normal, elle ne se serait pas rendue si vite à l’appel de l’évêque. Elle se
serait couchée. Débarrassée de son mal de tête après une bonne nuit de sommeil,
elle aurait élaboré un plan de bataille. Après, seulement, se serait-elle
rendue à la convocation d’Henri.
    Était-il trop tard ?
    « Monseigneur, dit-elle, je ne me sens pas en état de
mener cette discussion ce soir. Peut-être pourrions-nous la remettre à demain,
quand j’irai mieux ?
    — Inutile ! répondit Henri. J’ai entendu la
plainte de Sime, et je connais vos vues. En outre, je pars demain à
l’aube. »
    Il avait pris sa décision. Rien de ce qu’elle pourrait dire ne
ferait pencher la balance. Mais qu’avait-il décidé ? De quel côté
allait-il se ranger ? Elle n’en avait aucune idée. Elle se tut et
attendit, trop fatiguée pour tenter d’influer sur son destin.
    « L’homme manque de discernement, continua Henri. Comme
le dit saint Paul, nous voyons le monde dans un miroir et de façon confuse.
Nous nous trompons, nous nous égarons, nous multiplions les erreurs de
jugement. Nous avons besoin d’aide. C’est pourquoi Dieu nous a donné son
Église, le pape et les prêtres : pour nous guider, car nos propres
ressources sont faillibles et déficientes. Si nous n’écoutons que nous-mêmes,
nous échouerons à coup sûr. Nous devons toujours consulter ceux qui ont été
désignés pour nous éclairer. »
    Caris s’inquiéta. Ce discours semblait indiquer qu’il
s’apprêtait à soutenir Sime. Il n’était tout de même pas obtus à ce
point ?
    Si. « Frère Sime a étudié la littérature médicale de
l’Antiquité sous la supervision des grands maîtres de l’université. Ces
enseignements sont approuvés par l’Église. Nous devons donc reconnaître leur
autorité et, par voie de conséquence, celle de Sime. Son jugement ne saurait
être subordonné à celui d’une femme sans instruction, aussi courageuse et
admirable soit-elle. Ses décisions doivent prévaloir. »
    Caris éprouvait une lassitude et un écœurement si grands
qu’elle était presque heureuse que l’entretien se termine. Sime avait gagné. À
présent, elle ne désirait plus qu’une seule chose : dormir. Elle se leva.
    « Je suis navré de vous décevoir, mère Caris...» Elle
se dirigeait vers la porte.
    « Quelle insolence ! siffla

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