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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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peuple l’adore.
    — En quoi la relever de ses vœux résoudrait-il le
problème ? » s’étonna Henri.
    Merthin prit la parole pour la première fois :
« Puis-je émettre une suggestion ? »
    Tous les regards se dirigèrent sur lui.
    « Que la ville bâtisse un nouvel hospice ! Je
possède un grand terrain sur l’île aux lépreux. L’établissement abriterait un
nouveau couvent, séparé du prieuré, dont les religieuses seraient placées sous
l’autorité directe de l’évêque de Shiring sans dépendre du prieur de
Kingsbridge ou des moines médecins. Ce nouvel hospice pourrait avoir pour
directeur un laïc, un notable de la ville désigné par la guilde, qui en
nommerait la mère prieure. »
    S’ensuivit un long silence, le temps que cette proposition
radicale pénètre les esprits. Caris était sous le choc. Un nouvel hospice...
sur l’île aux lépreux... financé par la population de Kingsbridge... et géré
par un nouvel ordre de religieuses... détaché du prieuré...
    Elle parcourut des yeux l’assistance. À l’évidence, l’idée
n’était pas pour plaire à Philémon ou à frère Sime. Quant à Henri, Claude et
Lloyd, ils affichaient une mine perplexe.
    « Ce directeur sera très puissant, fit observer
l’évêque au bout d’un moment. Il représentera le peuple, réglera les factures
et nommera la mère prieure. Autrement dit, il aura la main-mise sur
l’établissement.
    — C’est exact, acquiesça Merthin.
    — Si j’autorise la création d’un nouvel hospice, les
habitants de Kingsbridge accepteront-ils de participer au financement de la
tour ? »
    Madge la Tisserande sortit de son silence : « Oui,
à condition que la bonne personne soit désignée au poste de directeur.
    — Et, à votre avis, qui devrait être l’heureux
élu ? » s’enquit Henri.
    Caris s’aperçut que tous les regards convergeraient sur
elle.
    *
    Quelques heures plus tard, emmitouflés dans de gros manteaux
et chaussés de bottes, Caris et Merthin fendaient la neige jusqu’à l’emplacement
potentiel du futur hôpital : situé sur le versant ouest de l’île, il se
dresserait à proximité de la maison de Merthin et surplomberait la rivière.
    Caris était encore grisée par ce revirement inattendu :
après presque douze ans passés dans un couvent, voilà qu’elle serait bientôt
relevée de ses vœux et redeviendrait une citoyenne ordinaire. Son départ du
prieuré ne lui causait pas d’angoisse, toutes les personnes qu’elle y avait
chéries étaient mortes aujourd’hui : mère Cécilia, la vieille Julie, Mair,
Tilly. Elle appréciait sœur Joan et sœur Oonagh, mais c’était un sentiment
différent.
    De surcroît, elle allait reprendre la direction d’un
hospice. Elle serait habilitée à en désigner la mère prieure, et même à la
renvoyer au besoin ; elle pourrait mettre en pratique l’enseignement
qu’elle avait tiré de l’épidémie. L’évêque avait tout accepté.
    « Nous devrions reprendre ce plan de cloître, conseilla
Merthin. Tu n’as eu qu’à t’en féliciter pendant le bref laps de temps où tu as
été à la tête de l’hôtel-dieu. »
    Face à cette étendue de neige immaculée, elle admira son
talent de bâtisseur, sa capacité à imaginer des murs et des salles là où
elle-même ne voyait que du blanc.
    « La voûte du porche servait un peu de vestibule,
précisa-t-elle. C’était là que les patients attendaient et que les religieuses
procédaient à un premier examen avant de décider dans quelle salle les placer.
    — Tu le souhaiterais plus grand ?
    — Je pense qu’il devrait s’agir d’une vraie salle
d’accueil.
    — Très bien.
    — Je n’arrive pas à y croire, Merthin. Tous mes
souhaits sont exaucés.
    — C’est ce que j’avais escompté.
    — Ah oui ?
    — Je me suis demandé ce qui pourrait te faire plaisir
et j’ai tout mis en œuvre pour te l’offrir. »
    Elle le regarda. Il avait parlé sur un ton désinvolte, comme
s’il ne faisait qu’expliquer l’enchaînement de pensées qui l’avait conduit à
suggérer la construction du nouveau bâtiment. Qu’il se soucie de ses désirs et
se préoccupe du moyen de les réaliser la touchait infiniment, même s’il ne
semblait pas s’en apercevoir.
    « Philippa a-t-elle accouché ? se
renseigna-t-elle.
    — Oui, la semaine dernière.
    — Garçon ou fille ?
    — Garçon.
    — Félicitations. L’as-tu vu ?
    — Non. Aux yeux du monde, je ne suis

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