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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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monastère, couvent et cité était indispensable. Si
cette dernière se désistait, le projet tout entier tombait à l’eau.
    « Je comprends, répondit Merthin sur un ton inquiet.
C’est effectivement un problème. »
    *
    Pendant la messe de Noël, Caris se prit à considérer que
l’année, somme toute, n’avait pas été si mauvaise. Les gens se remettaient des
ravages de la peste à une vitesse prodigieuse. Certes, l’épidémie s’était
accompagnée d’atroces souffrances et avait emporté presque la moitié de la
population, selon ses calculs. Toutefois ce quasi-naufrage de la vie civilisée avait
aussi été l’occasion de remettre en question quantité de principes établis.
Désormais, dans les campagnes, les rescapés cultivaient seulement les sols les
plus fertiles et la production par personne était en forte progression. Malgré
les multiples tentatives des nobles, comme le comte Ralph, pour faire appliquer
l’ordonnance sur les travailleurs, les paysans persistaient à fuir leurs
villages pour s’installer dans des lieux où les salaires étaient meilleurs et
les terres, bien souvent, plus fécondes. Caris voyait en cela un heureux
changement : le grain poussait en abondance, les troupeaux se
reconstituaient. En conséquence, le couvent était florissant. D’ailleurs,
depuis qu’elle s’était mis en tête de réorganiser le monastère, après la fuite
de Godwyn, le prieuré dans son ensemble connaissait une prospérité inconnue
jusqu’à ce jour. La richesse engendrant la richesse, la bonne santé des
campagnes amenait de l’activité à la ville. À Kingsbridge, les commerçants et
les artisans retrouvaient peu à peu leur opulence d’antan.
    À la fin de l’office, comme les religieuses quittaient la
nef, Philémon dit à Caris qu’il souhaiterait lui parler. « Voulez-vous me
rejoindre chez moi, mère prieure ? »
    À une époque, elle aurait accepté d’emblée et poliment, mais
ces temps-là étaient révolus eux aussi.
    « Non, je ne crois pas. »
    Il prit la mouche. « Vous ne pouvez pas me refuser un
entretien !
    — Je ne refuse aucun entretien, je refuse simplement de
me rendre dans votre palais. Je ne me laisserai plus traiter par vous en subalterne.
Cela étant, de quoi voulez-vous me parler ?
    — De l’hospice. J’ai reçu des doléances.
    — Adressez-vous à frère Sime. C’est lui qui en a la
charge, comme vous le savez.
    — Avez-vous perdu la raison ? jeta-t-il, exaspéré.
S’il avait pu régler le problème, je ne serais pas venu vous trouver. »
    Ils étaient arrivés au cloître des moines. Caris s’assit sur
la pierre froide du muret.
    « Cet endroit convient parfaitement à une discussion.
Qu’avez-vous à me dire ? »
    Philémon se résigna, malgré son agacement. Debout devant la
mère prieure, c’était lui, maintenant, qui était en position de subordonné.
    « Les habitants se plaignent de l’hospice.
    — Cela ne m’étonne pas.
    — Merthin m’en a touché un mot au banquet de Noël. Ils
préfèrent aller consulter des charlatans comme Silas l’Apothicaire.
    — Charlatan, lui ? Que dire alors de frère
Sime ? » Apercevant plusieurs novices l’oreille tendue dans leur
direction, le prieur s’emporta : « Allez-vous-en ! Retournez à
vos études. »
    Ils détalèrent aussitôt.
    « Les gens estiment que votre place est à l’hospice.
    — Moi aussi, répondit Caris, mais je ne serai pas aux
ordres de Sime, je m’y refuse énergiquement. Ses remèdes demeurent sans effet,
quand ils n’aggravent pas la maladie ! Voilà pourquoi les malades ne
veulent plus entendre parler de lui.
    — Votre hôtel-dieu accueillait si peu de patients que
nous l’avons transformé en maison pour nos hôtes. Cela vous est
égal ? »
    Son ironie fit mouche. Caris détourna la tête. « Si, je
trouve cela désespérant, dit-elle, la gorge nouée.
    — Alors, revenez ! Passez un compromis avec Sime.
Avant son arrivée, vous étiez sous la tutelle de frère Joseph qui avait reçu le
même enseignement.
    — C’est exact, mais nous pensions déjà que ses méthodes
faisaient souvent empirer les choses au lieu de les améliorer. La plupart du
temps, nous appliquions les traitements qui nous paraissaient les mieux
adaptées, sans nécessairement suivre les instructions des moines médecins à la
lettre ni même les consulter. Nous ne nous en cachions pas. Moyennant quoi,
nous arrivions à travailler en bonne

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