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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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intelligence.
    — Ne me dites pas qu’ils se trompaient
constamment !
    — Non, il leur arrivait parfois de guérir des patients.
Je me souviens qu’un jour, Joseph a ouvert le crâne d’un homme pour drainer le
fluide qui lui causait d’insoutenables maux de tête.
    Très impressionnant !
    — Agissez donc de même aujourd’hui.
    — Sime s’est ingénié à rendre toute collaboration
impossible. Après avoir transféré ses livres et son matériel dans ma pharmacie,
il a pris la direction de l’hospice, grâce à un bienveillant coup de pouce de
votre part, je n’en doute pas. D’ailleurs, vous étiez assurément à l’origine de
cette intrigue. »
    À la mine de Philémon, elle sut qu’elle avait deviné juste.
    « Vous avez voulu me pousser dehors. Vous êtes parvenu
à vos fins. Subissez-en les conséquences.
    — Nous pouvons revenir à l’ancien système. J’ordonnerai
à Sime de déménager son attirail.
    — Non, la situation n’est plus du tout la même. Cette
épidémie m’a beaucoup appris. Notamment que les méthodes de vos médecins pouvaient
se révéler mortelles. J’en suis aujourd’hui plus que jamais convaincue.
Figurez-vous que je n’ai pas l’intention de tuer qui que ce soit pour le simple
plaisir de passer un compromis avec vous.
    — Visiblement, certains enjeux vous
échappent ! » laissa tomber Philémon, avec une petite moue
suffisante.
    Sa réplique n’étonna pas Caris. Elle le savait bien plus
intéressé à concocter des manigances susceptibles de le hisser sur l’échelle du
pouvoir sans porter atteinte à sa fierté, qu’à œuvrer pour la santé de ses
ouailles. « Que me cachez-vous donc ? s’enquit-elle.
    — Les habitants de Kingsbridge parlent de ne plus
participer au financement de la tour. Ils vont jusqu’à dire : « À
quoi bon nous saigner aux quatre veines pour la cathédrale alors que le prieuré
ne fait rien pour nous ? » Maintenant que la ville a obtenu du roi
une charte, mon statut de prieur ne me permet plus de les obliger à payer.
    — Et s’ils ne paient pas... ?
    — Votre Merthin bien-aimé devra dire adieu au rêve de
sa vie », jubila Philémon.
    Sans doute croyait-il avoir abattu sa carte maîtresse. Las,
l’époque où une telle déclaration aurait ébranlé les convictions de Caris était
bel et bien révolue.
    « Merthin n’est plus mon bien-aimé. Vous vous y êtes
également employé.
    — L’évêque veut cette tour à tout prix ! s’affola
Philémon.
    Vous ne sauriez remettre le projet en question ! »
    Caris se leva du muret : « Ah bon ? Et
pourquoi cela ? »
    Elle tourna les talons et partit vers le couvent, le
laissant pantois !
    Il se ressaisit vite. « Comment pouvez-vous être aussi
irresponsable ? » s’exclama-t-il à sa suite.
    Elle faillit faire la sourde oreille et se ravisa. D’une
voix sans emphase elle expliqua : « Tout ce à quoi je tenais dans la
vie m’a été arraché...» Mais sa façade d’indifférence se craquela, sa voix la
trahit et elle dut faire un effort sur elle-même pour enchaîner :
« Voyez-vous, quand on a tout perdu, on n’a plus rien à perdre. »
    *
    Les premières neiges tombèrent en janvier. Un épais manteau
se déposa sur le toit de la cathédrale, ensevelit les pignons finement ornés et
dissimula le visage des anges et des saints sculptés sur le porche ouest. La
paille dont on avait recouvert les nouvelles fondations de la tour pour
empêcher le mortier de geler disparaissait elle aussi sous la neige.
    Dans les monastères, peu de salles possédaient une cheminée.
Les cuisines étaient dotées de fourneaux, bien sûr, ce qui expliquait
l’empressement des novices à se proposer pour remplir toutes sortes de corvées,
mais les cathédrales, où moines et religieuses passaient entre sept et huit
heures par jour, n’étaient pas chauffées. Lorsqu’un incendie s’y déclarait,
c’était bien souvent par la faute d’un moine qui y avait introduit un petit
récipient rempli de braises, d’où s’envolait une étincelle qui allait se nicher
dans le bois du plafond. En dehors des heures de prière et de travail, moines
et religieuses étaient censés lire et se promener dans des cloîtres ouverts aux
quatre vents. Au pire de l’hiver, ils étaient autorisés à se réfugier pendant
de courtes périodes dans une petite salle voisine, appelée
« chauffoir », où brûlait un feu, et c’était bien l’unique

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