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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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superficiel de son père Thurstan, l’amant de sa
mère qui avait pris ses jambes à son cou en apprenant que Griselda était
enceinte. Une jeune fille de seize ans, du nom de Pétronille, complétait le
groupe. C’était la fille de Griselda et de son époux Harold Masson. Celui-ci, à
la mort de maître Elfric, avait repris l’entreprise. Ce n’était pas un
bâtisseur de grand talent, selon Merthin, mais il menait bien sa barque en dépit
du fait qu’il n’avait plus le monopole des travaux de réfection du prieuré, qui
avaient assuré la fortune d’Elfric. Il s’approcha de Merthin. « Le bruit
court que tu t’apprêtes à construire la flèche sans coffrage. »
    Caris devina sans mal à quoi il faisait référence : le
coffrage, ou carcasse centrale, était l’armature en bois provisoire qui
maintenait en place une construction, le temps que sèche le mortier.
    « Une flèche est trop étroite pour en accueillir un,
répondit Merthin. Et d’ailleurs, sur quoi reposerait-il ? »
    À son ton poli mais quelque peu tranchant, Caris supposa
qu’il n’aimait pas Harold.
    « Je le croirais volontiers si ta flèche avait une base
circulaire. »
    Cette fois encore, ce dont parlait Harold était tout à fait
compréhensible pour une profane comme Caris. Ériger une flèche ne représentait
pas de grande difficulté : il suffisait de poser des cercles de pierres
concentriques les uns sur les autres en réduisant progressivement le diamètre.
Les cercles se soutenant mutuellement, les pierres ne risquaient pas de
basculer à l’intérieur et l’emploi d’un coffrage devenait superflu. Toutefois,
il en allait différemment avec les constructions angulaires.
    « Tu as vu les plans, dit Merthin. Il s’agit d’un
octogone. »
    Sur les croquis, en effet, la tour carrée était surmontée
aux quatre angles de tourelles placées en diagonale et donc se faisant face
deux à deux. Cette position incitait l’œil à s’élever et à suivre l’envolée de
la flèche, elle-même très étroite et de forme différente. Merthin s’était inspiré
de la cathédrale de Chartres, mais son œuvre ne prendrait tout son sens que si
cette flèche était octogonale.
    « Comment élèveras-tu une structure octogonale sans
recourir à l’emploi d’un coffrage ? s’étonna Harold.
    — Sois patient, tu verras bien », laissa tomber
Merthin et il tourna les talons.
    Tandis qu’ils descendaient la grand-rue, Caris lui
demanda :
    « Pourquoi refuses-tu d’expliquer ton procédé ?
    — Je ne veux pas qu’on me remercie, comme au temps du
pont. Rappelle-toi dès que j’ai eu achevé la partie la plus difficile des
travaux, ils se sont débarrassés de moi pour embaucher un constructeur à
moindres frais.
    — Je m’en souviens.
    — Cette fois, je ne leur en laisserai pas la
possibilité : je suis et demeurerai le seul bâtisseur capable de
construire la flèche.
    — Tu étais jeune à l’époque. Aujourd’hui, tu es prévôt.
Personne n’oserait te flanquer à la porte.
    — Peut-être, mais ça me fait plaisir de savoir qu’ils
ont les mains liées. »
    Tout au bas de la rue, en passant près de l’endroit où jadis
se trouvait le vieux pont, Caris aperçut la fille de Merthin. Lolla était
maintenant une jolie demoiselle de seize ans au teint mat et aux splendides
cheveux bruns. Sa bouche pulpeuse et ses yeux noisette au regard enjôleur ne
laissaient pas les hommes indifférents. Elle était adossée au mur d’une auberge
mal famée, appelée Le Cheval blanc, en compagnie d’un groupe de jeunes gens qui
disputaient une partie de dés en descendant de grandes chopes de bière. À
défaut d’être surprise, Caris fut navrée de découvrir sa fille adoptive
bambochant en pleine rue, à l’heure du déjeuner.
    Furieux, Merthin empoigna Lolla par le bras.
    « Tu as intérêt à rentrer à la maison », lui
jeta-t-il entre ses dents.
    Lolla secoua sa tignasse avec une sensualité qui n’était
certainement pas destinée à son père.
    « Je n’ai pas envie de rentrer, je m’amuse bien
ici !
    — Je ne t’ai pas demandé ton avis »,
rétorqua-t-il. Sur ces mots, il l’arracha à ses amis.
    Un garçon séduisant d’une vingtaine d’années se détacha du
groupe. Un sourire narquois aux lèvres, il mordillait une brindille. Caris le
reconnut à ses beaux cheveux bouclés. C’était Jake Riley, un jeune homme
désœuvré qui avait toujours les poches pleines. Il avança vers eux

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