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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pelle
sur le côté et, d’un mouvement plein de grâce, lui fit effectuer un arc de
cercle. Jonno, qui vacillait encore après son effort, ne put esquiver à temps.
Le tranchant de la pelle l’atteignit à la tempe. Sam était une force de la
nature, le bruit du bois sur l’os de Jonno s’entendit jusqu’au bout de la rue.
    Le fils du bailli n’avait pas repris son équilibre que Sam
lui assenait déjà un second coup, cette fois de haut en bas, en tenant sa pelle
des deux mains. L’outil s’abattit sur sa tête avec une violence inouïe. Le son
produit n’avait pas la même netteté : c’était un bruit plus sourd, un
bruit de crâne fracassé.
    Jonno était tombé à genoux. Sam en profita pour le frapper
une troisième fois. La lame en bois pénétra sauvagement dans le front du
blessé, causant plus de dégâts qu’un glaive. Au désespoir, Gwenda voulut
retenir Sam. Les villageois la devancèrent. Quatre d’entre eux s’étaient jetés
sur lui et le tiraient en arrière, pendus à ses bras.
    Jonno gisait par terre, la tête dans une mare de sang.
Écœurée par ce spectacle horrible, Gwenda imagina la douleur de Nathan quand il
apprendrait de quelle blessure son fils était mort. La mère de Jonno ne
souffrirait pas. Emportée par la peste, elle se trouvait maintenant dans un
lieu où le chagrin ne l’atteignait plus.
    À en juger par la façon dont Sam se débattait pour se
libérer de la poigne de ses compagnons et repartir à l’assaut, sa blessure
n’était pas grave, même s’il saignait abondamment. Gwenda se pencha au-dessus
de Jonno. Ses paupières étaient closes et il ne bougeait plus. Elle posa la
main sur son cœur et ne sentit rien. Elle essaya de prendre son pouls, comme
Caris lui avait enseigné à le faire. Sans succès. Jonno était passé de vie à
trépas.
    Comprenant toutes les conséquences du geste de son fils,
Gwenda fondit en larmes.
    L’un était mort, l’autre était un meurtrier.

 
82.
    En cette même année 1361, Caris et Merthin fêtèrent leurs
dix ans de mariage le dimanche de Pâques.
    Tout en regardant la procession entrer dans la cathédrale,
Caris se remémora ses noces. Comme ses amours tumultueuses avec Merthin
duraient depuis des lustres, elle avait cru que ce mariage n’avait d’autre
raison d’être que celle d’officialiser une relation établie de longue date.
Elle avait bêtement envisagé une cérémonie toute simple : une messe
discrète à l’église Saint-Marc, suivie d’un dîner entre intimes à l’auberge de
La Cloche. La veille, le père l’avait informée que d’après ses calculs deux
mille personnes au bas mot comptaient assister au mariage. Il avait donc fallu
célébrer la cérémonie dans la cathédrale. Ils découvriraient ensuite que Madge
la Tisserande avait organisé en secret un banquet à la halle de la guilde pour
les notables et un pique-nique au Champ aux amoureux pour le reste de la
population. Finalement, leurs épousailles étaient devenues la fête de l’année.
    Au souvenir d’une si belle noce, Caris sourit. Ce jour-là,
elle portait une robe de mariée en écarlate de Kingsbridge, couleur que
l’évêque jugea sans doute tout à fait adaptée à son caractère. Merthin,
rayonnant de bonheur, arborait un superbe manteau italien en brocart brun tissé
de fils d’or. Ils avaient compris, tardivement, que les péripéties de leur
romance, loin d’être circonscrites à leur entourage personnel comme ils le
croyaient, passionnaient leurs concitoyens depuis des années. Tout le monde tenait
à en célébrer l’heureux dénouement.
    Les agréables souvenirs de Caris s’évanouirent quand son
vieil ennemi Philémon monta en chaire. En dix ans, il s’était bien empâté. Le
collier de graisse qui entourait son cou partait de son menton glabre et rejoignait
la nuque sous son crâne tonsuré. Quant à son habit sacerdotal, il bouffait,
telle une toile de tente.
    Le prieur se lança dans un prêche vilipendant la dissection.
    Les cadavres, commença-t-il, appartenaient à Dieu. Tout
chrétien était tenu de les ensevelir selon un rituel précis : les défunts
sauvés du péché originel dans une terre bénie, les autres ailleurs. Ne pas
respecter cette tradition était contraire à la volonté divine. Quant à découper
les corps, ajouta-t-il avec une ferveur inhabituelle, c’était un
sacrilège ! Des trémolos dans la voix, il enjoignit à l’assemblée de se
représenter l’effroyable spectacle que

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