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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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autorité et que, en
conséquence, le prieur de Kingsbridge n’était pas habilité à exercer le moindre
contrôle sur ses activités. Elle ferait valoir également que toute attaque
portée à l’encontre de l’hospice Sainte-Élisabeth revenait à remettre en
question des droits et des privilèges n’appartenant qu’à lui. À la réflexion,
elle se dit que ses protestations n’aboutiraient qu’à étayer les rumeurs selon
lesquelles elle pratiquait des dissections. Ce qui n’était pour l’heure qu’un
vague soupçon, facile à dissiper, deviendrait alors un fait connu de tous
qu’elle ne pourrait plus balayer d’un simple revers de main. Elle décida donc
de garder le silence.
    À côté d’elle se tenaient les fils du comte Ralph, par
ailleurs neveux de Merthin. Âgés respectivement de treize et dix ans, Gerry et
Roland fréquentaient l’école du monastère et vivaient au prieuré, mais ils
passaient la plus grande partie de leur temps libre sur l’île aux lépreux.
Merthin avait la main nonchalamment posée sur l’épaule de Roley, qui était en
vérité son fils, ce que savaient trois personnes au monde seulement :
lui-même, la mère, dame Philippa, et Caris. Merthin s’efforçait de ne jamais
favoriser Roley, mais il avait du mal à cacher ses sentiments et il était aux
anges dès que le petit apprenait quelque chose de nouveau à l’école ou recevait
une bonne note.
    Caris songeait souvent à l’enfant qu’elle aurait pu avoir
avec Merthin si elle n’avait pas avorté. Une petite fille, elle en était
persuadée, et qui aurait aujourd’hui vingt-trois ans et serait sans doute
mariée et mère à son tour. Cette pensée lui était douloureuse comme peut l’être
une blessure ancienne : désagréable mais trop familière pour être
véritablement pénible.
    À la fin de la messe, ils quittèrent les lieux tous
ensemble. Comme à l’accoutumée, les garçons furent conviés au repas du
dimanche. Sur le parvis, Merthin marqua un temps d’arrêt pour regarder la tour
qui s’élevait désormais au centre de la cathédrale.
    D’un œil critique, il scrutait les défauts invisibles de son
œuvre quasi achevée. Caris l’observa avec tendresse. Elle le connaissait depuis
l’âge de onze ans et l’aimait quasiment depuis le jour de leur rencontre. À
présent, il en avait quarante-cinq. Son front s’était dégarni, il ne lui
restait plus qu’une couronne de boucles rousses. Et s’il ne pouvait plus plier
le bras gauche depuis qu’un petit corbeau en pierre, échappé des mains d’un
maçon étourdi, avait atterri sur son épaule du haut d’un échafaudage, il
n’avait rien perdu de cette fougue juvénile qui l’avait tant séduite trente ans
plus tôt, le jour de la Toussaint.
    Elle se déplaça pour regarder l’édifice à partir du même
angle que lui. La tour donnait l’impression d’avoir une largeur équivalente à
deux travées et de s’élever exactement au-dessus de la croisée du transept,
alors qu’en réalité les énormes piliers sur lesquels elle s’appuyait étaient
situés en avancée par rapport aux angles du transept qui reposaient sur des
fondations nouvelles, distinctes de celles qui supportaient jadis la tour
d’origine. D’apparence légère et aérienne, elle était flanquée de colonnes
élancées et possédait de nombreuses ouvertures à travers lesquelles on
apercevait l’azur du ciel par beau temps. Son toit carré était surmonté d’un
lacis d’échafaudages qui permettraient de procéder à l’ultime étape de la
construction : l’érection de la flèche.
    Caris baissait à nouveau les yeux sur le monde quand elle
vit sa sœur s’approcher. À quarante-cinq ans, Alice, son aînée d’un an,
semblait appartenir à la génération précédente. À la mort d’Elfric, victime de
la peste, elle ne s’était pas remariée et son caractère s’était aigri, à croire
qu’une veuve ne pouvait pas rester coquette. Autrefois, Caris lui avait
violemment reproché la façon dont son époux traitait Merthin. Le temps passant,
l’animosité entre les sœurs s’était estompée, mais chaque fois qu’elles se
saluaient, Caris percevait chez sa sœur un vague ressentiment.
    Alice était accompagnée de sa belle-fille Griselda, d’un an
sa cadette, et du fils de celle-ci, qui la dépassait d’une bonne tête. Merthin
le Bâtard, comme on le surnommait, ne ressemblait en rien à Merthin le Pontier.
En revanche, il avait le charme

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