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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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entrent à l’école du prieuré. Ses neveux vivant à
Kingsbridge, Merthin s’était occupé d’eux, tout naturellement. Et, tout aussi
naturellement, dame Philippa avait pris l’habitude de venir voir ses enfants
chez son beau-frère quand elle était de passage en ville.
    Au début, Caris avait été incapable de lui pardonner d’avoir
suscité plus qu’une attirance physique chez Merthin. Celui-ci, en effet,
n’avait jamais prétendu que son aventure avec Philippa avait été une amourette
sans importance. Il admettait d’ailleurs tenir encore beaucoup à elle, ce qui
exacerbait la jalousie de Caris. À présent, dame Philippa offrait une triste
apparence. Les déceptions avaient laissé leurs empreintes sur son visage. Ses
cheveux gris et ses rides la faisaient paraître bien plus âgée que ses
quarante-neuf ans. Ses enfants étaient devenus sa seule raison de vivre et elle
s’organisait pour passer le moins de temps possible à Château-le-Comte, auprès
de son époux. Quand elle ne venait pas voir ses fils à Kingsbridge, elle
rendait visite à sa fille, Odila, comtesse de Monmouth.
    « Je dois emmener les garçons à Shiring,
expliqua-t-elle. Ralph veut les emmener au tribunal assister à un procès. Il
estime que c’est un pan essentiel de l’éducation.
    — Il a raison », approuva Caris, car Gerry était
appelé à devenir comte si le ciel lui prêtait longue vie, sinon le titre
reviendrait à Roley. Les deux garçons se devaient donc de connaître les rouages
de la justice.
    « Je comptais venir à la messe de Pâques, ajouta
Philippa, mais une roue de ma carriole s’est brisée et j’ai été obligée de
faire une halte cette nuit.
    — Puisque vous êtes là, restez donc dîner avec
nous », proposa Caris.
    Ils passèrent dans la salle à manger. Caris ouvrit les
fenêtres qui donnaient sur la rivière. Quelle conduite Merthin s’apprêtait-il à
adopter vis-à-vis de Lolla ? se demanda-t-elle tandis qu’une brise fraîche
pénétrait dans la pièce. Pour l’heure, il la laissait ruminer à l’étage et
c’était aussi bien, car la présence à table d’un enfant maussade risquait de
gâcher le repas.
    Au menu, il y avait un ragoût de mouton aux poireaux.
Merthin servit à boire. Philippa s’empressa de vider sa coupe. Ces derniers
temps, elle s’était mise à apprécier le vin. Peut-être y trouvait-elle du
réconfort.
    Au cours du repas, Em vint annoncer que quelqu’un demandait
à voir la maîtresse de céans.
    « Quel est son nom ? jeta Merthin avec impatience.
    — Il a refusé de me le dire ! Il affirme que la
maîtresse le connaît.
    — À quoi ressemble-t-il ?
    — C’est un jeune. Un paysan, à en juger d’après ses
vêtements. Pas un gars de la ville, laissa-t-elle tomber avec un déplaisir
teinté de condescendance.
    — Eh bien, fais-le entrer. Il m’a l’air
inoffensif. »
    Quelques instants plus tard s’encadrait sur le seuil une
haute silhouette au visage dissimulé sous une capuche. Caris reconnut Sam, le
fils aîné de Gwenda, sitôt qu’il la retira.
    Elle l’avait vu naître ; elle avait vu son crâne
visqueux émerger du corps chétif de sa mère ; puis elle avait suivi sa
croissance jusqu’à ce qu’il devienne un homme. Un homme en qui elle retrouvait
Wulfric dans sa façon de marcher, dans son maintien, dans sa main qu’il levait
un peu avant de commencer une phrase. Pourtant elle avait toujours douté que
Sam soit son fils. À sa naissance, c’était la copie de Ralph. Mais il y avait
des sujets qu’elle n’avait jamais abordés avec Gwenda, nonobstant leur
proximité ; certaines questions méritaient de demeurer sans réponse.
Néanmoins, elles n’avaient pas manqué de ressurgir dans l’esprit de Caris quand
elle avait appris que Sam était accusé du meurtre de Jonno le Bailli.
    Le garçon s’approcha d’elle. Levant la main à la manière de
Wulfric, il voulut dire quelque chose et se ravisa. À la place, il
s’agenouilla. « Sauvez-moi, je vous en supplie !
    — De quelle manière ? lâcha-t-elle, horrifiée.
    — Cachez-moi. Je fuis depuis des jours. J’ai quitté
Vieille Église de nuit, j’ai marché jusqu’à l’aube. Je n’ai quasiment pas pris
de repos depuis. Tout à l’heure, quand j’ai voulu acheter à manger à l’auberge,
j’ai été reconnu et j’ai dû me sauver. »
    Le désespoir de Sam faisait peine à voir, pourtant elle
répondit, malgré sa compassion : « Je ne peux pas te

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