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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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moment.
    — Depuis que l’archevêque est tombé malade, j’imagine.
    — C’est une catastrophe !
    — Pourquoi ? s’enquit Grégory.
    — Philémon est un homme querelleur et revanchard. S’il
est nommé évêque, nous vivrons dans un climat de rancœur permanent. Il faut
empêcher ça ! »
    Plantant ses yeux dans ceux de son interlocuteur, il
demanda : « Pourquoi êtes-vous venu m’avertir ? »
    Mais à peine avait-il formulé cette question que la réponse
lui apparut dans toute son évidence. « Oui, je comprends : vous ne
voulez pas non plus de Philémon, mais vous ne pouvez pas mettre un veto à sa
nomination, car il bénéficie déjà du soutien de personnages importants. Vous
savez aussi, sans que je vous l’explique, que c’est un fauteur de
troubles. »
    Au sourire énigmatique de son interlocuteur, Merthin supposa
qu’il avait deviné juste. « Qu’attendez-vous de moi, sieur Grégory ?
    — À votre place, je commencerais par présenter une
autre candidature.
    — Je dois y réfléchir.
    — Je vous en prie, déclara Grégory et il se leva,
signifiant par là la fin de l’entretien. Surtout, faites-moi part de votre
choix. »
    Merthin quitta le prieuré et reprit le chemin de l’île aux
lépreux d’un pas pensif. Qui proposer au poste d’évêque de Kingsbridge ?
L’archidiacre Lloyd était trop âgé, hélas, car la population l’appréciait.
Quand bien même parviendrait-on à le faire élire, il faudrait tout recommencer
d’ici un an.
    Arrivé chez lui, Merthin n’avait toujours pas trouvé de
candidat.
    Caris était au salon. Il s’apprêtait à lui demander conseil
quand elle lui coupa la parole, blême et effrayée : « Lolla s’est
enfuie à nouveau ! »

 
86.
    À en croire le curé, on ne travaillait pas le dimanche, jour
du Seigneur. Hélas, Gwenda n’avait jamais profité de ce repos dominical. Ce
jour-là, après la messe et le souper, elle s’occupa du jardin derrière sa
maison avec Wulfric. C’était un bon terrain d’une demi-acre, avec un poirier,
un poulailler, une grange et, tout au bout, le potager où elle était en train
de semer des petits pois, pendant que son mari traçait des sillons.
    Les garçons étaient partis disputer une partie de balle dans
un autre village, comme ils en avaient l’habitude le dimanche. Pour les
paysans, les jeux de ballon équivalaient aux tournois pour les nobles :
c’était une confrontation pour rire, mais au cours de laquelle les blessures
reçues étaient bien réelles. Gwenda pria le ciel que ses fils reviennent
indemnes.
    Sam rentra de bonne heure dans l’après-midi en maugréant que
le ballon avait crevé.
    « Où est David ?
    — Il n’est pas venu, mère.
    — Je croyais qu’il était parti avec toi.
    — Non, il va souvent de son côté.
    — Je l’ignorais. Et où donc ? »
    Sam haussa les épaules. « Ça, je ne suis pas dans la
confidence. »
    Son fils cadet fréquenterait-il une jeune fille ?
s’interrogea Gwenda, le sachant cachottier. À supposer que ce soit le cas, de
qui s’agissait-il ? À Wigleigh, les prétendantes n’étaient pas foison. Les
rescapées de la peste s’étaient mariées tôt, comme si elles avaient à cœur de repeupler
la région. Quant aux jeunes filles nées après l’épidémie, ce n’étaient encore
que des gamines. Peut-être David voyait-il une demoiselle d’un hameau voisin à
qui il donnait des rendez-vous galants dans la forêt. Le cas n’était pas rare.
    Quand son cadet rentra deux heures plus tard, Gwenda lui
posa la question carrément. David reconnut qu’il s’était éclipsé en douce.
« Je peux vous montrer à quoi je m’occupe, si vous le voulez. De toute
façon, je ne pourrai pas garder le secret éternellement. Suivez-moi. »
    Gwenda, Wulfric et Sam lui emboîtèrent le pas. En ce jour de
repos, les champs étaient déserts. Ils traversèrent Cent Acres dans une vive
brise de printemps sans y croiser qui que ce soit. Plusieurs parcelles étaient
à l’abandon. Certains villageois possédaient plus de terres qu’ils ne pouvaient
en cultiver et les journaliers étaient de plus en plus difficiles à trouver,
hélas. C’était le cas d’Annet, qui n’avait plus que sa fille Amabel pour lui
prêter main-forte. Son avoine était envahie de mauvaises herbes.
    Après avoir parcouru un quart de lieue dans la forêt, David
quitta le sentier battu et conduisit les siens jusqu’à une

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