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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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étaient plus efficaces que leurs médecines.
    Mattie continuait : « Ne désespère pas. Je peux te
fournir un philtre d’amour.
    — Je suis désolée, je n’ai pas un sou.
    — Je sais. Mais ton amie Caris t’aime beaucoup. Elle
veut ton bonheur. Elle est prête à payer le prix du philtre. Quant à toi, tu
devras respecter scrupuleusement mes consignes. Peux-tu te retrouver seule avec
ce garçon pendant une heure entière ?
    — Je me débrouillerai.
    — À ce moment-là, verse le philtre dans sa boisson. Au
bout de quelques instants, il tombera amoureux de toi. Mais attention : si
une autre fille se trouve dans la pièce quand il boira ce philtre, il risque de
tomber amoureux d’elle. Par conséquent, veille bien à ce qu’il n’y ait pas
d’autre femme dans les parages et sois très douce avec lui. Il pensera que tu
es la femme la plus désirable au monde. Embrasse-le, dis-lui qu’il est
merveilleux. Tu peux faire l’amour avec lui si tu veux. Après, il s’endormira.
Au réveil, il se souviendra seulement d’avoir passé dans tes bras l’heure la
plus heureuse de sa vie, et il voudra refaire l’amour avec toi le plus tôt
possible.
    — Une seule dose suffit ?
    — Oui. La deuxième fois, ce seront ton amour et ton
désir qui agiront, ta féminité. Une femme peut rendre heureux n’importe quel
homme sur terre, pourvu qu’il lui en donne l’occasion. »
    À cette pensée, Gwenda se sentait devenir lascive. « Je
meurs d’impatience ! s’écria-t-elle.
    — Eh bien, allons composer la mixture ! prononça Mattie
d’une voix décidée en se hissant sur ses jambes. Vous pouvez me suivre derrière
le rideau. Il n’est là que pour les ignorants. »
    Gwenda et Caris lui emboîtèrent le pas. Le dallage en pierre
de la cuisine luisait de propreté. L’âtre de la grande cheminée était encombré
par un nombre impressionnant de crochets et de trépieds, en quantité bien
supérieure à ce dont une femme seule avait besoin pour faire cuire ses
aliments. Il y avait aussi une vieille table écornée au plateau gratté et
frotté avec soin mais qui portait la trace de brûlures anciennes, ainsi qu’un
cabinet fermé à clef où Mattie rangeait sans doute les précieux ingrédients
qu’elle utilisait pour préparer ses philtres. Toute une série de pots en terre
s’alignait sur une étagère et une grande ardoise accrochée au mur portait des
chiffres et des lettres barrées, probablement un pense-bête se rapportant à des
recettes.
    « Pourquoi cachez-vous votre cuisine derrière un
rideau ? voulut savoir Gwenda.
    — L’homme qui prépare les onguents et les médecines a
pour nom apothicaire. Lorsque c’est une femme qui exerce cette activité, on
l’appelle sorcière. Il y a en ville une femme, Nell, qui se promène en appelant
le démon. Tout le monde sait qu’elle est folle. Murdo, le frère lai, l’a
accusée d’hérésie. Pourtant elle ne fait rien de mal. Elle a seulement l’esprit
dérangé.
    Mais Murdo se démène comme un beau diable pour qu’on lui
intente un procès. Les hommes aiment bien tuer une femme de temps en temps, et
les dénonciations de Murdo sont une bonne excuse. Après, il recevra des
aumônes. C’est pourquoi je dis toujours aux gens que Dieu seul accomplit des
miracles. Je ne fais pas intervenir les esprits. J’utilise seulement des herbes
de la forêt et mon talent d’observation. »
    Laissant Mattie à son bavardage, Caris vaquait dans la
cuisine en toute liberté. Visiblement, elle se sentait chez elle dans cette
maison. Elle déposa sur la table un pot et une écuelle. Mattie lui tendit une
clef et elle alla ouvrir l’armoire. « Verse trois gouttes d’essence de
coquelicot dans une cuillerée de vin distillé, lui ordonna-t-elle. Il ne faut
pas que la mixture soit trop forte, sinon il s’endormira avant qu’elle n’ait le
temps d’agir. »
    Gwenda ne put cacher sa surprise. « C’est toi qui vas
préparer le philtre, Caris ?
    — Il m’arrive d’aider Mattie. Mais ne le dis pas à
Pétronille, elle serait fâchée.
    — Ses cheveux pourraient brûler sur sa tête que je ne
lui dirais rien ! » répliqua Gwenda qui détestait la tante de Caris.
Celle-ci le lui rendait bien du fait de sa modeste origine. Pour cette même
raison, Pétronille ne devait pas non plus porter Mattie dans son cœur, car le
statut social était une chose capitale à ses yeux. Que son amie, fille d’un
homme fortuné, puisse jouer les

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