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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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échange.
    — Et tu donnes quoi au colporteur, en échange de sa
vache ?
    — Toi !
    — Ne dis pas de bêtises ! » Mais à peine
eut-elle prononcé ces mots qu’elle sentit un nœud coulant passer au-dessus de
sa tête et lui emprisonner la taille et les bras.
    C’était un mauvais rêve ! Elle se débattit pour se
libérer mais Sim tira fort sur la corde pour la serrer davantage.
    « Tu ne vas pas en faire tout un drame ! réagit
Pa.
    — Mais qu’est-ce que tu fais, idiot ?
s’écria-t-elle, éberluée. Tu ne peux pas me vendre comme ça !
    — C’est pourtant simple, expliqua le père. Sim a besoin
d’une femme et moi d’une vache. »
    Le Sim en question prit la parole pour la première fois.
« Elle est plutôt laide, ta fille.
    — C’est ridicule ! » s’écria Gwenda.
    Sim lui sourit. « Ne t’inquiète pas, Gwenda, je serai
bon envers toi aussi longtemps que tu seras gentille et feras ce qu’on te
dit. »
    Non, ce n’était pas une plaisanterie, c’était un échange
mûrement réfléchi. La peur transperça son cœur comme une aiguille.
    « Cette plaisanterie a assez duré, intervint Caris
d’une voix forte et claire. Libérez Gwenda immédiatement !
    — Qui es-tu, pour nous donner des ordres ?
rétorqua Sim sans la moindre timidité.
    — La fille du prévôt de la guilde de la paroisse.
    — Et puis quoi encore ? ricana Sim. Et même si
c’est vrai, tu n’as aucune autorité sur moi ou sur mon ami.
    — Vous ne pouvez pas échanger une fille contre une
vache !
    — Qu’est-ce qui nous en empêche ? riposta Sim.
C’est ma vache, et la donzelle est la fille de Joby. »
    Leurs cris avaient attiré l’attention. Des passants
s’arrêtaient pour regarder cette fille ligotée. « Qu’est-ce qui se
passe ? » demanda quelqu’un. D’autres répondirent : « Ce
type a vendu sa fille pour une vache. » Gwenda vit l’effroi saisir son
père. Visiblement, il se mordait les doigts de ne pas avoir prévu la réaction
des badauds ni effectué sa transaction dans une ruelle écartée. Mais il n’était
pas assez intelligent pour cela. Gwenda comprit que ces badauds, justement,
étaient son seul espoir.
    Un moine sortait du prieuré. « Frère Godwyn ! le
héla Caris en joignant le geste à la parole. Viens vite, s’il te plaît !
Aide nous à régler un différend ! » Et d’ajouter avec un regard de
triomphe à l’adresse de Sim : « Le prieuré a juridiction sur toutes
les transactions effectuées à la foire. Frère Godwyn est le sacristain. Je
pense que vous accepterez son autorité.
    — Bonjour, ma cousine, répondit Godwyn. Que se
passe-t-il donc ici ?
    — Votre cousine, vraiment ? » grogna Sim avec
une grimace de dégoût.
    Godwyn lui retourna un regard glacial. « Quel que soit
l’objet de la dispute, je ferai de mon mieux pour l’examiner en toute justice,
comme il sied à un homme de Dieu. Vous pouvez compter sur moi, j’espère.
    — Heureux de vous l’entendre dire, mon père »,
réagit Sim, se faisant obséquieux.
    Joby ne fut pas en reste. « Je vous connais, mon frère.
Mon fils Philémon vous est totalement dévoué. Vous avez été la bonté même pour
lui.
    — Bien, cela suffit ! Que se passe-t-il
donc ? »
    Et Caris entreprit d’expliquer : « Joby, que
voici, veut vendre Gwenda pour une vache. Explique-lui qu’il n’en a pas le
droit.
    — C’est ma fille, mon frère. Elle a dix-huit ans et
elle est vierge. Je peux en faire ce que je veux.
    — Quand même, admit Godwyn, c’est honteux de vendre ses
enfants. »
    À ces mots, Joby prit un ton pathétique. « Je ne m’y
résoudrais pas si je n’en avais pas trois autres à la maison, messire, et si je
n’étais pas un ouvrier sans terre qui n’a pas les moyens de nourrir ses enfants
l’hiver quand il n’a pas de vache. Et la nôtre est morte de vieillesse. »
    Un murmure de sympathie parcourut la foule de plus en plus
nombreuse. Nul n’ignorait les difficultés liées à l’hiver. Que de gens en
étaient parfois réduits aux pires extrémités pour subvenir aux besoins de leur
famille ! Gwenda sentit ses espoirs vaciller.
    « Que ce soit une honte, libre à vous de le penser,
frère Godwyn. La question est de savoir si c’est un péché », lança le
colporteur sur le ton de l’homme qui connaissait déjà la réponse, et Gwenda se
dit qu’il avait déjà été confronté à cette situation.
    Godwyn déclara, après une

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