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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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hésitation évidente :
« La Bible, semble-t-il, condamne le fait de vendre sa fille comme
esclave. Livre de l’Exode, chapitre 21.
    — On est des chrétiens, nous ! L’Ancien Testament,
ça ne nous concerne pas ! s’écria Joby.
    — Le Livre de l’Exode ! » s’exclama Caris,
outragée.
    Une spectatrice se joignit à elle, une femme pauvrement
vêtue, de petite taille et trapue, dotée d’une mâchoire prognathe qui lui
donnait un air déterminé. « Nous ne sommes pas les enfants d’Israël. Nous
ne sommes plus au temps de l’esclavage ! » affirma-t-elle sur un ton
d’autorité. Gwenda reconnut en elle Madge, l’épouse de Marc le Tisserand.
    À quoi Sim rétorqua : « Et les apprentis qui ne
touchent pas de salaire et sont battus par leur maître ? Et les novices
dans les monastères et les couvents ? Et tous ceux qui s’échinent dans les
châteaux des nobles en échange du gîte et du couvert ?
    — Ils ont la vie dure, je n’en disconviens pas,
répliqua Madge. Mais ils ne peuvent pas être achetés ou vendus. Le peuvent-ils,
frère Godwyn ?
    — Je ne saurais dire si ce commerce est légal, répondit
l’interpellé. À Oxford, j’ai étudié la médecine, pas le droit. En tout cas, je
ne vois pas de textes dans les Saintes Écritures ou dans les enseignements de
l’Église spécifiant qu’il s’agit là d’un péché. » Levant une épaule, il
regarda Caris. « Je suis désolé, ma cousine. »
    Les bras croisés sur sa poitrine, Madge la Tisserande se
planta devant Sim. « Dis-moi un peu, le colporteur ! Tu comptes t’y
prendre comment pour la faire sortir de la ville ?
    — Comme je m’y suis pris pour faire entrer ma
vache : en la menant au bout d’une corde.
    — Sauf que ta vache, tu n’avais pas à la faire passer
devant moi et les autres ! »
    Un élan d’espoir inonda à nouveau le cœur de Gwenda. Combien
de personnes parmi ces badauds prendraient-elles son parti, elle n’aurait su le
dire. Mais si l’affaire tournait au pugilat, il y avait tout lieu de penser
qu’ils soutiendraient Madge plutôt que Sim, qui n’était pas de la ville.
    « Ça va, la mégère ! J’en ai apprivoisé de plus
dures que toi !
    — Peut-être que tu as seulement eu de la chance,
riposta-t-elle sans se laisser démonter et elle posa la main sur la corde.
    — Ôte tes pattes de mon bien ou gare à
toi ! » s’écria Sim en la lui arrachant.
    Madge posa alors la main sur l’épaule de Gwenda.
    Sim la repoussa rudement. Elle chancela en arrière. Un
murmure de protestation monta de la foule.
    « Si tu voyais son mari, tu t’abstiendrais »,
lança une voix.
    Un rire secoua la populace. Madge avait pour époux un géant
d’une douceur infinie. Si seulement il pouvait apparaître ! pensa Gwenda.
    Mais ce fut le sergent de ville qui débarqua sur ces
entrefaites. John avait le don pour flairer les rassemblements à cent pas à la
ronde. « On se calme, dit-il. Est-ce que tu nous créerais des ennuis,
colporteur ? »
    Les colporteurs ayant mauvaise réputation, Gwenda eut un
regain d’espoir en voyant John le soupçonner d’emblée d’être à l’origine des
troubles.
    Sim se fit tout miel immédiatement. « Excusez le
dérangement, messire, mais un acheteur ne devrait-il pas pouvoir quitter
Kingsbridge avec sa marchandise, quand il l’a dûment payée au prix
convenu ?
    — Naturellement, convint John, car il n’ignorait pas
que la réputation d’une foire se fondait sur l’honnêteté de ses pratiques commerciales.
Qu’as-tu donc acheté ?
    — Cette fille.
    — Ah..., fit John, quelque peu abasourdi. Et qui te l’a
vendue ?
    — Moi, intervint Joby. Je suis son père. »
    Sim reprit : « Et cette dame, là, avec le grand
menton, veut m’empêcher d’emmener la fille.
    — Et comment ! déclara Madge. Je n’ai jamais
entendu dire qu’une femme pouvait être achetée ou vendue sur le marché de
Kingsbridge, et personne ici non plus !
    — Un père peut agir avec ses enfants comme il
l’entend ! la coupa Joby. Quelqu’un en douterait-il parmi vous ? »
Il promena sur la foule un regard interrogateur.
    Tout le monde s’accordait à reconnaître au père un pouvoir
absolu sur sa progéniture, qu’il traite ses enfants avec bonté ou qu’il les
martyrise. Par conséquent, personne ne le démentirait. Le comprenant, Gwenda ne
put retenir sa colère : « Vous ne resteriez pas là, les bras
ballants, si vous aviez eu un

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