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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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père comme lui, bonnes gens ! Qui parmi vous
a été vendu par ses parents ? Qui a été forcé de voler dans son enfance,
sous prétexte que des petites mains se faufilent plus discrètement dans la
bourse des gens ? »
    Joby commença à s’inquiéter. « Elle délire, messire le
gendarme. Aucun de mes enfants n’a jamais volé !
    — Ça n’a pas d’importance, dit John. Que chacun
m’écoute bien, car je vais rendre mon jugement. Ceux qui ne seront pas d’accord
pourront aller se plaindre au prieur. Mais si l’un de vous se révolte ou crée
de l’agitation, qui que ce soit, je l’arrête sur-le-champ. C’est bien
clair ? » Il promena sur l’assistance un regard belliqueux. Personne
ne pipa mot. Tout le monde était curieux d’entendre sa décision. Il
reprit : « En ce qui me concerne, je ne vois rien d’illégal dans
cette transaction. Moyennant quoi, j’autorise Sim le Colporteur à partir où bon
lui semble avec la fille.
    — Je vous l’avais dit...
    — Ferme-la, Joby ! Et toi, Sim, va-t’en sans plus
tarder !
    Quant à toi, la Tisserande, si tu lèves la main, je te mets
au pilori et ce n’est pas ton mari qui m’en empêchera. Et vous, Caris la
Lainière, vous pouvez vous plaindre de moi à votre père si ça vous
chante. »
    John n’avait pas fini de parler que Sim tirait déjà durement
sur la corde. Entraînée en avant, Gwenda n’eut d’autre solution que de poser un
pied devant elle pour ne pas tomber. Et c’est ainsi qu’elle se retrouva malgré
elle à descendre la rue, moitié trébuchant, moitié courant. Du coin de l’œil,
elle vit Caris lui emboîter le pas et le sergent de ville la retenir par le
bras malgré ses protestations. L’instant d’après, Caris avait disparu.
    D’un pas rapide, Sim descendit la grand-rue rendue glissante
par la boue en tirant toujours sur la corde. Aux abords du pont, prise de
désespoir, Gwenda voulut résister et rejeta le corps en arrière. Il réagit en
donnant une secousse si violente sur la corde qu’elle s’affala de tout son
long. Ayant les bras liés sur les côtés, elle ne put amortir la chute et
atterrit sur la poitrine, le visage dans la boue. Parvenue à se remettre
debout, elle continua de déployer toute la résistance dont elle était capable
malgré ses douloureuses contusions. Tenue en laisse comme un animal, terrorisée
et trempée, elle traversa le pont d’un pas chancelant à la suite de son
propriétaire et se retrouva bientôt à cheminer sur la route menant à la forêt.
    *
    Sim le Colporteur la conduisit par les faubourgs de la ville
nouvelle jusqu’à un carrefour appelé la croisée au Gibet, car c’était ici
qu’avaient lieu les pendaisons. Arrivé là, il prit au sud, en direction de
Wigleigh. Il avait attaché la corde à son poignet ; ainsi Gwenda ne
pouvait lui échapper même s’il ne la surveillait pas. Skip avait trottiné
derrière eux malgré les pierres que Sim lui lançait. Mais quand l’une d’elles
atterrit sur son museau, il battit en retraite, la queue entre les jambes.
    Après plusieurs lieues, alors que le soleil commençait à
baisser, Sim quitta la route pour entrer dans la forêt. Gwenda n’avait pas
remarqué de repère, mais Sim semblait avoir choisi cet endroit délibérément. Et
de fait, au bout d’une centaine de pas au milieu des taillis, ils débouchèrent
sur un sentier. Il devait mener à un point d’eau, se dit Gwenda, car des traces
de pattes d’animaux s’entrecroisaient sur le sol – celles de cerfs, notamment.
Ils arrivèrent bientôt à un terrain bourbeux traversé par un petit ruisseau.
    Sim s’agenouilla près de l’eau. Unissant ses mains en coupe,
il puisa de l’eau et but. S’étant désaltéré, il détacha la corde pour la
remonter autour du cou de Gwenda avant de la conduire au bord de l’eau.
    Elle se lava d’abord les mains avant de boire à longues
gorgées assoiffées.
    « Lave-toi le visage, ordonna-t-il. Tu es déjà assez
moche comme ça ! »
    Elle obtempéra, se demandant avec angoisse ce que cachait
cet intérêt subit pour son apparence.
    Le sentier se poursuivait de l’autre côté du point d’eau.
Ils reprirent leur chemin. De constitution solide, Gwenda pouvait marcher toute
une journée, mais après ce qu’elle venait de vivre, elle était épuisée. Quel
sort l’attendait, une fois arrivée à destination ? Un sort affreux
assurément. Pire que tout ce qu’elle avait connu à ce jour. Pourtant,

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