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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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le corps de cette femme
soit examiné pour voir si le diable y a laissé sa marque ?
    — Oui, monseigneur, pour...
    — C’est bon. Inutile de débattre plus longtemps. Vous
avez bien défendu votre point de vue. » Promenant les yeux autour de lui,
il ajouta : « Mère Cécilia est-elle parmi nous ? »
    La mère supérieure occupait une place sur un banc à côté des
membres du tribunal, entourée de sœur Juliana et d’autres religieuses de rang
élevé. Nell devant être examinée dans sa nudité, seules des femmes pouvaient
s’en charger. Il était donc normal que cette tâche soit dévolue aux
religieuses.
    Caris les plaignit de tout cœur. Car si les gens des villes,
pour la plupart, se lavaient le visage et les mains chaque jour, ils ne
s’occupaient des parties plus odorantes de leur corps qu’une fois par semaine.
Rituel indispensable, le bain était considéré comme dangereux pour la santé et
l’on n’y sacrifiait au mieux que deux fois l’an, pour des occasions bien
précises. Nell la folle, quant à elle, ne se lavait plus depuis longtemps. Son
visage était crasseux, ses mains dégoûtantes, et elle sentait aussi mauvais
qu’un tas de fumier.
    Cécilia se leva. Richard ordonna : « Conduisez
cette femme dans une salle individuelle. Déshabillez-la et examinez son corps soigneusement.
Puis revenez nous rapporter vos observations en toute honnêteté. »
    Les religieuses se levèrent aussitôt et s’avancèrent vers
Nell. Cécilia lui parla avec douceur et voulut la prendre gentiment par le
bras. Mais Nell ne fut pas dupe. Elle se jeta sur le côté, les bras en l’air.
    Alors frère Murdo s’écria : « Je vois la
marque ! Je la vois ! » Quatre des religieuses étaient parvenues
à maintenir la folle.
    « Inutile de lui retirer ses vêtements ! insistait
le frère lai.
    Regardez sous son bras droit. » Comme Nell recommençait
à se tortiller, il s’avança vers elle et souleva son bras lui-même, le tenant
haut au-dessus de sa tête « Là ! » dit-il, en désignant son
aisselle.
    La foule se tendit en avant. « Je la vois ! »
hurla quelqu’un et d’autres reprirent son cri. Caris ne voyait rien, sinon les
poils qui poussent habituellement à cet endroit du corps, et elle trouvait
indigne d’aller y regarder de plus près. Il était fort possible que Nell ait en
effet une tache ou une excroissance sous le bras, mais tant de gens avaient des
taches sur la peau, à commencer par les personnes âgées.
    L’archidiacre Lloyd rappela la foule à l’ordre. Le sergent
de ville y alla de son bâton pour repousser les gens. Quand le silence fut
revenu, Richard se leva : « Nell la folle de Kingsbridge, je te
déclare coupable d’hérésie. Tu seras attachée à l’arrière d’une charrette et
promenée dans les rues de la ville avant d’être conduite à l’embranchement de
la croisée au Gibet où tu seras pendue jusqu’à ce que mort s’ensuive. »
    La foule salua haut et fort sa sentence. Caris se détourna,
emplie de dégoût. Avec de tels juges, aucune femme n’était en sécurité. Son œil
se posa sur Merthin, qui attendait patiemment. « C’est bon, dit-elle sur
un ton énervé. De quoi s’agit-il ?
    — Il ne pleut plus. Descendons à la rivière. »
    *
    Le prieuré possédait quantité de poneys à l’intention des
moines et des religieuses âgés, ainsi que plusieurs carrioles destinées au
transport des marchandises. Les écuries de pierre, érigées le long du flanc sud
de la cathédrale, accueillaient également les montures des visiteurs nantis. Le
crottin de toutes ces bêtes était utilisé comme engrais dans le potager voisin.
    Ralph se trouvait devant les écuries avec une partie de
l’entourage du comte Roland. Leurs chevaux étaient déjà sellés, prêts à prendre
la route pour les deux jours de voyage qui les ramèneraient à Château-le-Comte,
près de Shiring, où le suzerain avait sa résidence. Il ne manquait plus que
lui.
    Tenant par la bride son cheval, un étalon bai du nom de
Griff, il conversait avec ses parents. « Je ne m’explique pas pourquoi
Stephen a été fait seigneur de Wigleigh et moi rien du tout, alors que nous
avons le même âge et qu’il n’est pas meilleur cavalier, bretteur ou jouteur que
moi. »
    Ralph aurait mieux supporté l’échec si son père n’avait
montré une ardeur aussi pathétique à le voir élevé au rang de chevalier. À
chacune de leurs rencontres, sieur Gérald lui posait

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