Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
pour un oui ou pour un non – qu’on lui refuse l’aumône, qu’on lui bloque
le passage, qu’on porte un joli manteau ou même sans raison.
    Chaque témoin relata un malheur qui lui était survenu après
avoir été maudit. La femme d’un orfèvre avait perdu une broche de valeur ;
un aubergiste avait vu périr toutes ses poules d’un coup ; une veuve avait
eu un méchant furoncle au postérieur. Si cette dernière histoire souleva les
rires de l’assistance, elle eut surtout pour résultat de convaincre les indécis
que Nell était bel et bien une sorcière, celles-ci étant connues pour leurs
facéties malveillantes.
    Pendant l’audition, Merthin vint se placer près de Caris.
« C’est tellement bête ! lui souffla-t-elle, indignée. Dix fois plus
de personnes pourraient s’avancer et témoigner que rien de mauvais ne leur est
arrivé après avoir été maudits. »
    Merthin haussa les épaules. « Les gens croient ce
qu’ils veulent bien croire.
    — Les gens du commun, peut-être, mais l’évêque et le
prieur ? Ils ont de l’instruction, eux.
    — J’ai quelque chose à te dire », chuchota
Merthin.
    Caris se réjouit. Allait-elle connaître les raisons de sa
mauvaise humeur ? Se tournant vers lui, ce qu’elle n’avait pas fait
jusque-là, elle découvrit qu’il avait tout le côté gauche du visage tuméfié.
« Qu’est-ce qui t’est arrivé ? »
    À ce moment, un rire énorme secoua la foule, provoqué par
une repartie de Nell. L’archidiacre Lloyd dut réclamer le silence à plusieurs
reprises. Lorsqu’il lui fut enfin possible de se faire entendre de Caris,
Merthin déclara : « Pas ici. Est-ce qu’on peut aller dans un endroit
tranquille ? »
    Elle faillit quitter la cathédrale avec lui et se ravisa au
dernier instant. Durant toute la semaine, Merthin l’avait blessée par sa
froideur inexpliquée. Pour quelle raison devrait-elle danser soudain au son de
son tambourin ? Pourquoi était-ce à lui de décider de l’heure et du lieu
de cette conversation ? Il l’avait fait attendre cinq longues journées. À son
tour de le faire attendre une heure ou deux. « Pas tout de suite,
répondit-elle.
    — Pourquoi ?
    — Parce que cela ne me sied pas. Et maintenant,
tais-toi ! J’écoute. » Elle se détourna de lui, mais eut le temps de
voir son visage se fermer et elle regretta sa sécheresse. Tant pis, c’était
trop tard. Il n’était pas question qu’elle lui fasse des excuses.
    Les témoins avaient terminé. L’évêque Richard prit la
parole : « Femme, dis-tu que le diable règne sur la
terre ? »
    La question scandalisa Caris. Les hérétiques adoraient
Satan.
    Ils lui prêtaient toute juridiction sur la terre, réservant
à Dieu la seule prééminence du ciel. Comment une pauvre folle qui ne savait pas
lire pouvait-elle comprendre un credo aussi élaboré ? Que Richard reprenne
à son compte les ridicules accusations du frère Murdo, c’était tout simplement
une honte !
    « Tu peux t’enfoncer la queue dans le cul ! »
répliqua Nell d’une voix forte et la foule éclata de rire, ravie de l’insulte
brutale lancée à l’évêque.
    Celui-ci répondit : « Si telle est la défense de
l’accusée...
    — Quelqu’un, me semble-t-il, devrait parler en sa
faveur », intervint l’archidiacre, s’exprimant avec respect bien qu’il
n’éprouve visiblement aucune timidité à corriger son supérieur. Paresseux comme
il l’était, Richard devait compter sur lui pour lui rappeler les règles.
    Richard promena les yeux sur l’assistance. « Qui veut
prendre la défense de Nell ? » demanda-t-il avec autorité.
    Personne ne se présenta. Caris attendit. On ne pouvait pas
laisser une telle chose se produire. Quelqu’un devait montrer toute l’absurdité
de cette procédure. Comme personne ne se décidait, elle s’avança et dit :
« Nell est folle, tout le monde le sait. »
    Les gens s’entre-regardèrent, curieux de voir qui avait la
bêtise de prendre le parti de l’accusée. Un murmure parcourut la foule, mais
peu de gens s’étonnèrent : Caris était connue de presque toute
l’assemblée et réputée pour être fantasque.
    Le prieur Anthony se pencha vers l’évêque pour lui souffler
quelques mots à l’oreille. Richard déclara : « Caris, la fille
d’Edmond le Lainier, nous indique que la femme accusée est folle. Nous en
étions venus tout seuls à cette conclusion. »
    Piquée par son ton sarcastique,

Weitere Kostenlose Bücher