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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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avoir un abri pour dormir, alors que les Blancs natifs font la loi.
     
    » Les gens de couleur sont conscients que les choses ne sont pas normales, qu'ils sont à peine mieux considérés que des esclaves. Ils ne savent ni où est le remède ni comment l'appliquer.
     
    » Ce qu'ils veulent, ce sont des lumières et non des droits. Des droits, ils en ont eu depuis cinquante ans, mais ceux-ci ne leur ont rien apporté puisqu'ils n'ont pas eu les compétences pour apprendre à utiliser ces droits. Les connaissances leur viendront de deux façons, rapidement par Key West et plus lentement à travers les écoles.
     
    » L'objectif de The Freeman est de leur fournir une troisième lumière, qui leur dira comment utiliser les deux autres pour un meilleur emploi. Mais ils ont tout à apprendre et, en premier lieu, ils doivent apprendre ce que représente la valeur d'un organe qui leur appartient en propre. Actuellement ils réalisent difficilement ce qu'est un journal et moins encore ce qu'il peut faire. Nous calculons qu'au rythme ou les choses progressent ici cela prendra trois ans pour leur inculquer les rudiments de cette compréhension.
     
    » S'il y eut jamais un moment dans lequel un journal a été nécessaire pour dire la vérité, c'est bien le moment présent. Une cruelle erreur est perpétrée dans notre communauté et il n'y a aucune voix, hors celle de The Freeman , pour protester. »
     
    Le journaliste donnait aussi sa version des démêlés qu'avait connus le juge Powles.
     
    « En février dernier, Louis Diston Powles avait fait comparaître un homme blanc, nommé James Lightbourn, qui avait agressé et battu sa servante noire, une délicate jeune fille, et condamné cet homme à un mois de prison pour agression sur une femme, sans option d'amende. Antérieurement, Powles avait envoyé trois ou quatre hommes noirs en prison, pour agression sur des femmes, et personne n'avait trouvé à redire à cela. Mais, parce qu'il avait traité de la même façon Blancs et Noirs, le magistrat a été soupçonné, au cours des deux derniers mois, de toutes sortes de persécutions par les natifs blancs et, pour couronner le tout, l' Assembly a refusé de payer à Powles les deux cent cinquante livres promises par le gouvernement anglais pour ses frais de passage aux Bahamas. Quels que soient les motifs évoqués pour ne pas payer cette somme, chacun sait que la vraie raison est que Powles a envoyé un Blanc en prison, pour avoir frappé une jeune fille noire, sans lui laisser l'option de l'amende. Dans n'importe quel autre pays que celui-ci, les gens auraient organisé des manifestations de masse et envoyé des pétitions aux autorités pour que justice soit rendue à l'homme qui a essayé de faire justice pour eux. Nos gens ne manquent pas de générosité, mais ils sont tellement en retard sur le monde qu'ils ne comprennent pas ces réalités. Pourquoi les natifs bahamiens de Key West ne nous aideraient-ils pas en envoyant leur abonnement pour garder The Freeman en vie et l'aider à se développer, pour atteindre la taille d'un journal respectable ? »
     
    Le journaliste, soucieux de ne pas compromettre ses confrères de The Key of the Gulf ajoutait : « Je ne peux pas conclure sans préciser que, moi, le rédacteur de cet appel, je suis seul responsable de l'envoi de cette lettre et des opinions qu'elle contient. » L'article était signé «  A Voice from Bahamas , Nassau, New Providence, Bahama Islands, 21 avril 1887. »
     

    Le jour même, lord Pacal Desteyrac-Cornfield donna l'ordre à sa banque de Nassau d'envoyer cent dollars à The Freeman . Son grand-père, n'avait-il pas, pendant des années, sans se soucier de l'opinion de ses cousins planteurs sudistes, soutenu de ses dollars The Liberator , de William Lloyd Garrison, organe des abolitionnistes américains ?
     
    1 Le marché foncier de Harlem s'effondrerait en 1904-1905, les spéculateurs ayant construit trop d'immeubles, dont le prix était surévalué. Pour réduire leurs pertes, ils s'adressèrent aux Noirs, à qui ils louèrent par appartement. Ces nouveaux arrivants firent fuir les Blancs. Jim Haskins, The Cotton Club , Jade, Paris, 1984.
     
    2 Ce superbe navire, dont la construction aux chantiers de Penhoët avait coûté 5 500 000 francs de l'époque, fut perdu par échouage en 1915.
     
    3 Peintre d'origine allemande, né à Düsseldorf en 1830, mort à New York en 1902. Il a beaucoup peint les montagnes Rocheuses et

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