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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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financer la construction de voies de chemin de fer, de routes, de barrages et d'immeubles, à tel point que, cette année, au mois de mai, la Bourse de Vienne vécut un véritable krach. La panique a gagné l'Allemagne, puis l'Angleterre et la France, jusqu'au Japon et à l'Australie. Personne ne veut plus, ni obligations ni actions des sociétés américaines. Encore moins depuis que l'emprunt de huit cents millions de dollars, lancé en janvier par le Trésor américain, n'a pas été couvert. Une crise mondiale, vous dis-je.
     
    – Si l'on ajoute à cela les scandales de Tammany Hall, dont le boss , comme on dit à New York, un certain William Tweed 6 a été arrêté et condamné pour corruption, on comprend que les épargnants américains soient devenus méfiants, surtout quand chaque jour apporte son lot de faillites et que les banques de New York, qui ont prêté de fortes sommes aux compagnies de chemins de fer, n'ont plus de réserves et manquent de numéraires pour faire face aux retraits de leurs plus modestes clients, compléta Lewis Colson.
     
    – Vous avez lu, comme moi, dans la dernière lettre de Pacal, que les chômeurs sont de plus en plus nombreux dans les cités industrielles du nord des États-Unis, rappela Charles.
     
    – On peut se demander si la ligne de la Northern Pacific sera jamais construite. Cooke, qui a déjà dépensé quinze millions de dollars, n'a établi que cinq cents miles de voies ferrées, grommela lord Simon.
     

    Un événement d'un autre genre, survenu à Cuba, suscita une grande émotion dans l'archipel, toujours attentif à ce qui se passait dans la proche colonie espagnole.
     
    La lutte des Noirs et des créoles pour l'indépendance de « la perle des Antilles » était latente depuis 1868. Les Cubains installés en Floride, à Jacksonville et à Tampa, où ils fabriquaient des cigares, et la Junta Cubana des indépendantistes, active à New York et à Washington, soutenaient la guérilla qui, sur l'île, menait des actions ponctuelles contre les Espagnols, parfois contre des sucreries et des usines propriétés de citoyens américains. Des bateaux, affrétés par les exilés cubains aux États-Unis et chargés d'armes et de munitions, empruntaient le vieux canal des Bahamas, pour livrer leurs cargaisons sur les côtes cubaines. Des Américains, et parfois des Britanniques, participaient à ce trafic, assimilé à de la flibuste par les autorités espagnoles et réprimé comme tel.
     
    C'est par John Maitland qui, à la veille de quitter la Royal Navy, effectuait sa dernière croisière dans les West Indies, avec d'autres navires de l'escadre de la Jamaïque, que l'on apprit, à Soledad, ce nouvel épisode sanglant d'une guerre d'indépendance dont on refusait, à Madrid comme à Washington, de prononcer le nom.
     
    Reçu à Cornfield Manor, au cours de l'escale de sa frégate Hawk , l'époux de Myra, la plus jeune fille du défunt Bertie III, raconta ce qu'il avait vécu, quelques semaines plus tôt, à Santiago de Cuba, où son navire relâchait, en compagnie d'autres bâtiments de la Royal Navy.
     
    – Le Virginius , bateau parti de Tampa, qui naviguait frauduleusement sous pavillon américain et transportait des hommes et des armes pour les rebelles cubains, fut arraisonné, le 31 octobre, dans les eaux cubaines, par la frégate espagnole Tornado . Tous les hommes qui se trouvaient à bord furent arrêtés et conduits à Santiago. Le jugement de ces gens, qualifiés de flibustiers, commença aussitôt. Le capitaine du bateau, ainsi que trente-six hommes d'équipage, dont plusieurs Américains, furent passés par les armes. Apprenant cette répression sans merci, le commandant du HMS Niobe , sir Lambton Loraine, envoya, sur-le-champ, un message comminatoire au général espagnol Burriel, gouverneur de Santiago, pour que cessât immédiatement la répression.
     
    – C'était là se mêler d'une affaire qui ne concernait pas la Grande-Bretagne, fit observer lord Simon.
     
    – Sir Lambton en était bien conscient, puisqu'il écrivit ces phrases, gravées dans ma mémoire, car elle font honneur à notre marine : « Je n'ai aucune instruction de mon gouvernement, qui est dans l'ignorance de ce qui se passe ici ; mais j'assume la responsabilité de ma démarche et je suis convaincu que ma conduite recevra l'approbation de Sa Très Gracieuse Majesté, étant donné que j'interviens au nom de l'humanité et de la civilisation. J'exige que vous

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