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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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hommes enrôlés sous son pavillon.
     
    – La discipline, sur nos bateaux, est d'ordre militaire. Les uniformes, grades et emplois sont calqués sur ceux de la marine britannique. Seules les punitions corporelles, que vous avez peut-être subies comme midships, ont été supprimées. Vous aurez à commander des équipages qui connaissent leur métier et sont fiers de servir dans une flotte qui, pour être privée et indépendante, n'en est pas moins au service de Sa Très Gracieuse Majesté. Tous sont très attachés à leur île, ce qui explique que la plupart des retraités nous restent, dit Pacal, se tournant, avec un sourire, à l'adresse de Lewis.
     
    » Mon grand-père, lord Simon, reprit-il, a toujours voulu que les marins jouissent, à terre, d'une vie agréable. Je me suis fait un devoir de l'imiter. Vous disposerez chacun d'un bungalow et d'un domestique dans ce que l'on nomme, à Soledad, le Cornfieldshire. Vous serez membres de droit du Loyalists Club où l'on trouve, en plus du pink gin et du whisky, les journaux et magazines anglais, américains, parfois espagnols, et aussi The Nassau Guardian , quotidien de l'archipel qui, du fait de la rotation du bateau-poste, prend, à Soledad, une périodicité irrégulière, conclut lord Pacal.
     
    Le lendemain, au cours d'une brève cérémonie au port occidental, Philip Rodney, à la veille de la retraite, reçut officiellement le commandement du luxueux Phoenix II , dont il connaissait les qualités et les susceptibilités. Il accepta, comme second et probable successeur, le lieutenant Anthony MacLay, qui avait commandé une goélette de l'escadre des West Indies. John Maitland, commandant de la flotte, conserva le Lady Ounca , nouveau navire amiral, auquel fut affecté le lieutenant Edward Carrington, dit le Balafré, et l'officier mécanicien Gilles Artwood. Joseph Balmer, ancien écrivain de marine, prit la barre du Centaur , radoubé, remis en état, remeublé. Ce brick rapide transporterait vers Nassau, la Floride et parfois New York, les productions de la Cornfield Company.
     
    Le même jour, lord Pacal promut le maître charpentier Tom O'Graney capitaine. À soixante-dix ans, le robuste Irlandais devenait responsable de l'entretien des navires et de l'aménagement des ports.
     
    – Libre à vous, cher Tom, de naviguer sur l'un ou l'autre de mes bateaux, quand l'envie vous en prendra, dit Pacal en lui passant à l'épaulette un troisième galon doré.
     

    En décembre, lord Pacal, en route pour Boston, où il était attendu pour les fêtes de fin d'année, fit escale à Nassau, afin d'assister à la mise en service de la première pompe à incendie de la colonie. Livrée par le vapeur anglais Atlantis , elle avait été fabriquée à Northampton par Appliances Manufacturing Company, comme toutes celles que le gouvernement britannique offrait à ses colonies des West Indies, mal équipées pour lutter contre les incendies.
     
    Les autorités de Nassau avaient immédiatement recruté une équipe de pompiers et, comme aux Bahamas tout événement devient prétexte à fête, la population, au son des tambours et des sifflets, accompagna la pompe à vapeur, montée sur quatre grandes roues et tirée par un attelage empanaché, du port jusqu'à Town Parade, lieu habituel des rassemblements. Là eut lieu une démonstration convaincante, au grand plaisir des badauds. La pompe projeta par sa lance un puissant jet d'eau, à plus de cent pieds de hauteur. Les cinq pompiers affectés à la lutte contre les incendies posèrent en uniforme neuf et casque de cuir bouilli, devant le photographe du Nassau Guardian près de leur machine peinte en rouge, aux flancs de laquelle on lisait en lettres d'or «  Nassau Volonteer Fire Brigade  ».
     
    – Ils sont tellement fiers de leur machine, que je les crois capables d'allumer des incendies pour avoir l'occasion de s'en servir ! observa John Maitland.
     
    Tandis que l' Atlantis poursuivait sa route, pour distribuer d'autres pompes, à la Jamaïque, à la Barbade et à Sainte-Lucie, le Lady Ounca appareilla pour les États-Unis.
     
    À Boston, Christmas était d'abord, comme il se doit, une fête religieuse, dédiée à la naissance du Christ. Les ministres épisocopaliens la célébrait en ornements blancs et tous les Buchanan assistèrent à l'office de Noël, à Trinity Church, avant de s'adonner aux réjouissances profanes, à la distribution de cadeaux aux enfants et de partager la dinde rôtie et les

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