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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Lyon, avait été poignardé, dans son landau, par un anarchiste italien de vingt ans, Santo Cesario 1 . Le lendemain du meurtre, des Lyonnais en colère avaient saccagé et pillé des cafés, restaurants et magasins appartenant à des Italiens.
     
    Le 27 juin, Jean Casimir-Perier, petit-fils du Premier ministre du roi Louis-Philippe, avait été élu à la présidence de la République.
     
    Cet assassinat toucha moins les Bahamiens que la naissance, pendant la semaine des courses d'Ascot, le 23 juin, à Richmond Park, dans le Surrey, près de Londres, d'un enfant mâle au foyer du duc d'York 2 , fils d'Albert Édouard, prince de Galles 3 , héritier du trône.
     
    L'enfant, empaqueté dans une robe de dentelle d'Haniton, était à la première page de tous les journaux anglais, photographié dans les bras de son arrière-grand-mère, Sa Très Gracieuse Majesté la reine Victoria, assise entre le prince de Galles et le duc d'York, debout à ses côtés. Troisième en ligne de succession, l'enfant avait reçu une kyrielle de prénoms : Albert, Christian, George, Andrew, Patrick, David 4 .
     
    – Si Dieu le veut, notre reine est assurée de la continuité de sa lignée royale, pour les trois générations à venir, se réjouit le pasteur Russell, au commencement de l'office célébré en l'honneur de l'illustre nouveau-né.
     
    Ce matin-là, lord Pacal doucha un peu l'enthousiasme monarchique des Britanniques présents au temple, en leur rappelant un autre événement, commenté par la presse anglaise. Tandis que la famille royale célébrait le baptême d'un héritier, deux cent soixante mineurs, dont des enfants, avaient été ensevelis suite à une explosion dans la mine d'Albion à Cilfynydd, pays de Galles. Le lord demanda au pasteur de dire une prière à la mémoire de ces victimes du travail. Le bon Russell s'exécuta et, plus tard, au Loyalists Club, les sujets de Sa Très Gracieuse Majesté observèrent une minute de recueillement pour les mineurs, avant de boire –  pink gin , bière ou whisky – en l'honneur de l'arrière-petit-fils de la reine.
     

    En 1894, la saison des ouragans se résuma à quelques orages tropicaux et, à l'automne, ce fut dans un climat serein que le Tout-Nassau accueillit un nouveau gouverneur, W.H. Haynes-Smith, que l'on disait imbu de modernité.
     
    Présent aux cérémonies, lord Pacal fut invité, par les membres du club de polo, à participer au tournoi de 1896, le calendrier de la saison 95 étant déjà bouclé. Il promit sa présence, avec une nouvelle équipe. Les jeunes officiers de la flotte Cornfield, MacLay et Carrington, ayant pratiqué ce sport lors de leurs escales en Inde, feraient de bons coéquipiers et Andrew Cunnings serait enchanté de reprendre le maillet. De Nassau, Pacal commanda six poneys irlandais, qui seraient soignés et entraînés à Soledad et non confiés au haras de New Providence, comme les précédents.
     

    En décembre, cette année-là, lord Pacal choisit de passer les fêtes de fin d'année en Floride, chez les Cunnings, auprès de son fils. Il découvrit la belle demeure des exilés et fut ravi, autant que surpris, de voir Andrew et Fanny jouer les grands-parents gâteaux auprès du petit George. À huit mois, ce gros bébé blond, teint clair, yeux marron, gazouillait et cramponnait fermement le doigt qu'on lui tendait.
     
    – Il ressemble à sa mère. Les yeux, la peau rosée, les cheveux tire-bouchonnants. Ce garçon sera plus Buchanan Metaz O'Brien que Desteyrac-Cornfield soupira Fanny.
     
    – L'important, c'est que nous puissions en faire un homme, dit Pacal, avant de confier à Fanny le souhait de passer désormais Noël à Palm Beach.
     

    En janvier 1895, de retour à Soledad, il trouva une courte lettre de sa fille Martha. Elle exprimait, avec une écriture appliquée, des vœux formels et les remerciements obligés pour les cadeaux de Noël qu'il avait envoyés. Aucun sentiment ni abandon ne ressortait d'un message de pure politesse, sans doute dicté par tante Maguy. Pacal refusa de tenir compte de cette attitude et expédia à sa fille une photographie de son petit frère, gesticulant comme un nageur, à plat ventre sur un coussin. Les Buchanan ne le décourageraient pas. Quelle que fût la façon dont on le traiterait, il tiendrait et ferait respecter son rôle de père.
     
    Le même courrier lui avait apporté une nouvelle lettre de Liz Ferguson. Elle annonçait son retour à Nassau à la fin de

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