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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Pittsburgh, recrutée par la mère de Bob.
     
    Un matin de juin, alors que Pacal étudiait avec assiduité, Viola lui proposa une journée de baignade à Nantasket Beach.
     
    – Tu dois te distraire un peu. Je suis témoin que tu as bien travaillé. Nous prendrons le vapeur au Rowe's Warf et, après une heure de navigation à travers les îles, nous serons à Hull, sur la presqu'île de Nantasket. Une plage de cinq miles de long, avec des coins tranquilles. Aux premiers temps de notre mariage, Bob m'y conduisait. Comme il ne voulait pas se montrer sans mains, car, pour se baigner il devait ôter ses prothèses, nous avions trouvé des criques isolées, loin des regards. Je suis certaine de reconnaître ces endroits, dit-elle sans dissimuler le plaisir que la perspective de la baignade offrait à cette excellente nageuse.
     
    Pacal accepta et les consignes furent données aux domestiques, chargés de s'occuper des enfants pendant l'absence de leur mère. Empruntant le boghei de Lowell, ils traversèrent le fleuve Charles, sur le pont de l'ouest, puis le centre de Boston, pour embarquer sur le vapeur qui les conduisit aux plages de Nantasket, très peuplées en cette première semaine d'été.
     
    Viola se repéra aisément, et après une marche sous les ombrages, choisit une petite crique déserte, abritée de tous côtés par une épaisse végétation.
     
    – Nous serons tranquilles. C'est étonnant comme ici les gens aiment se rassembler pour se baigner, boire de l'orangeade et sucer des glaces, dit-elle en faisant glisser sa robe avant d'ôter ses bas.
     
    Elle s'éloigna derrière un buisson pour passer son costume de bain, une sorte de combinaison à rayures bleu et blanc, festonnée de dentelle, qui la couvrait des genoux aux épaules. Apercevant Viola ainsi attifée, Pacal, qui ne portait qu'un caleçon, bien que cette tenue ne fût admise que lors de baignades entre hommes, pouffa de rire.
     
    – Ne te manque qu'un chapeau à plumes, dit-il.
     
    – À Soledad, les filles et les garçons se baignaient nus, rappelle-toi, dit-elle.
     
    – Je m'en souviens, nous étions comme des poissons.
     
    – Nous étions des sauvages, mais maintenant nous sommes civilisés, lança-t-elle en riant.
     
    Pacal courut pour se jeter à l'eau le premier et, émergeant après un plongeon, attendit Viola. Elle approcha sur le rivage, d'un pas souple de danseuse. Dénoués, ses longs cheveux noirs, à reflets d'acier bleui, déferlaient sur ses épaules. En dépit de son costume peu seyant, Pacal la trouva belle, hanches étroites, buste ferme, jambes fines. Il gardait le vague souvenir d'une adolescente maigre, aux formes peu différentes de celles des garçons, quand ils se baignaient en bande, sous la surveillance de Timbo ou de Sima. Mais, dès l'âge de sept ou huit ans, le petit Desteyrac, promu nageur intrépide, avait été autorisé à se baigner avec Tokitok, Nardo, Kameko, Shakera et Shana et non plus avec Alida et Viola, les petites-filles de Maoti-Mata, devenues adolescentes un peu maniérées.
     
    Pour une Arawak des Bahamas, comme pour le fils de Charles et d'Ounca Lou, l'Océan avait été et restait le premier terrain de jeu.
     
    – Qui de nous deux touchera le premier cet arbre couché, là-bas ? lança-t-elle à son compagnon en désignant, sur une langue de sable, un arbre déraciné à demi immergé.
     
    – Peut-être a-t-il été abattu par la tempête du 15 février, qui, à Boston, renversa le vieil orme planté en 1634 par les pèlerins du Mayflower, observa Pacal, se souvenant de l'émotion suscitée à l'université par cette destruction.
     
    Tous deux s'élancèrent, nageant tantôt l'indienne, tantôt le crawl. Pacal toucha le premier et s'assit sur le tronc battu par les vagues. Elle le rejoignit et prit place un instant à son côté. Puis, ils regagnèrent la terre ferme.
     
    Un peu essoufflée, elle essora ses cheveux avant de les nouer en torsade sur la nuque.
     
    – Autrefois, c'est moi qui gagnais quand…
     
    Un cri de douleur l'empêcha de finir sa phrase.
     
    – Une bête me pique la cuisse, là, Pacal, fais quelque chose !
     
    Le garçon se pencha sur la jambe de Viola, vit l'insecte et l'écrasa en tordant le tissu mouillé.
     
    – C'était une guêpe, dit-il.
     
    – J'ai été piquée ! J'ai mal, ça brûle, se plaignit la jeune femme.
     
    – Montre-moi ça, relève ton maillot.
     
    – Je ne peux pas, il est serré… et d'une

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