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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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bienvenu à Londres, à bord et à Soledad », concluait Cornfield, répondant ainsi à une demande de Desteyrac, formulée par lettre.
     
    Pendant leur nouveau séjour à Paris, tandis qu'Ottilia courait les boutiques des modistes et des marchandes de nouveautés, que Pacal, visitait les musées – il vit la Joconde comme une paysanne bouffie et trouva son fameux sourire aussi niais que celui des débutantes bostoniennes –, Charles et Albert Fouquet surveillèrent l'emballage de la coupole et de l'optique du phare du Cabo del Diablo aux ateliers Barbier-Benard-Turenne.
     
    L'ingénieur Fouquet qui, au printemps 1879, devait rejoindre, à Panama, Ferdinand de Lesseps, maintenant chargé, malgré l'hostilité de l'opinion publique américaine, de l'étude d'un tracé du canal interocéanique, avait proposé d'accompagner Charles à Soledad pour aider à la mise en place de la coupole de son phare.
     
    – J'ose espérer que tu me présenteras quelques belles Arawak. Je suis las des grisettes parisiennes qui, à l'exemple de ton ancienne amie Rosalie, ne souhaitent plus que s'embourgeoiser en épousant un préfet ou un banquier, dit Albert.
     
    – Quand nous étions étudiants aux Ponts, les filles ne pensaient pas au mariage. Pourquoi les grisettes d'aujourd'hui veulent-elles la sécurité du conjungo ? demanda Charles.
     
    – Parce qu'une trop bonne santé interdit à ces demoiselles de jouer à la dame aux Camélias, type de femme qui semble beaucoup plaire à ton fils ! lança Fouquet en riant.
     
    1 Célèbre cantatrice née à Montréal en 1851. Se produisit souvent au théâtre des Italiens, à Paris. Elle épousa, en 1878, le directeur de l'opéra de Covent Garden et s'illustra sur cette scène.
     
    2 Louis Michel Le Peletier de Saint-Fargeau (1760-1793), député de la noblesse aux États généraux, s'associa, en 1789, aux révolutionnaires et vota la mort de Louis XVI. Il fut assassiné le lendemain du vote, dans un restaurant du Palais-Royal, par Pierre Nicolas Marie de Paris, garde du corps du roi.
     

DEUXIÈME ÉPOQUE
     
    Le Temps des héritiers
     

1.
     
    En cette fin d'année 1879, se rendre de Paris à Londres était aisé. Pour trente-deux francs, en première classe, le candidat au voyage quittait la gare Saint-Lazare par le chemin de fer de la Compagnie de l'Ouest pour rejoindre Dieppe et embarquer sur un vapeur de la compagnie Maples, qui le portait à New Haven où l'attendait le convoi du London-Brighton and South Coast Railway.
     
    Quelques jours avant Noël, Charles Desteyrac, Ottilia, Pacal et Albert Fouquet choisirent ce moyen pour regagner l'Angleterre.
     
    En quatre heures et demie, le Brighton III traversa la Manche et les débarqua à New Haven, sur le quai même où, locomotive sous pression, le train pour Londres stationnait. Partis le matin de Paris, les voyageurs retrouvèrent lord Simon, à l'heure du thé, dans son hôtel de Belgravia Square.
     
    Celui que l'on pouvait maintenant considérer comme le patriarche des Cornfield avait mis à profit son séjour pour revoir, sous les lambris du Reform Club, de vieux amis et régler avec ses notaires nombre de questions intéressant sa succession. À soixante-dix-neuf ans, âge jamais atteint par un Cornfield et fort avancé pour l'époque, il ne pouvait l'estimer très lointaine d'autant plus qu'il souffrait sans le dire, depuis quelques mois, de difficultés digestives et parfois de nausées. Bien qu'il se proclamât toujours capable de « digérer des pierres », il avait consulté sir William Gull 1 , alors le plus estimé clinicien de Hartley Street. Médecin de la reine Victoria, le docteur Gull avait été fait baron en 1871, pour avoir guéri le prince de Galles d'une fièvre typhoïde. Il soignait présentement la néphrite chronique et l'asthme du Premier ministre, Benjamin Disraeli, et avait accompagné, jusqu'à sa mort en 1870, l'écrivain Charles Dickens.
     
    De sa visite au praticien, lord Simon retint qu'il devait souffrir d'un « mauvais fonctionnement du foie ». D'autres examens eussent été nécessaires pour poser un diagnostic précis, mais Simon Leonard déclara qu'il avait un très bon médecin à Soledad et qu'il lui ferait part de cette consultation.
     
    Ottilia, à qui son père ne fit aucune confidence, mit sur le compte des abus de bonne chère et de vin la lassitude que le vieil homme dissimulait, sous un entrain exagéré, à l'approche des fêtes de Christmas . Il prouva

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