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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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formule restait bonne ; on applaudit. Claude ramena le silence. Momoro en profita pour insinuer que la Convention opprimait les patriotes. « Non, répondit Robespierre, on ne me le fera pas croire. Et si le peuple, égaré par une poignée de factieux, voulait en imposer à l’Assemblée nationale, nous mourrions sur nos chaises curules. » Avis aux Cordeliers. On n’était plus au 2 juin. Danton, impatienté, s’écria qu’il fallait en finir avec ces discordes. « Nommons une commission chargée d’entendre accusés et accusateurs.
    — Ne pourrait-on d’abord, suggéra Couthon, s’assurer si la question en vaut la peine, si ce n’est pas simplement une querelle d’homme à homme ? Philippeaux, en ton âme et conscience, crois-tu qu’il y ait eu vraiment trahison ?
    — J’en suis certain, répondit l’impétueux député du Mans.
    — Alors il faut nommer une commission, elle nous présentera son rapport. »
    Sur la proposition de Claude, qui prit les Hébertistes par surprise, les cas de Desmoulins, Fabre et Bourdon furent adjoints à celui de Philippeaux, et soumis à l’examen des commissaires. Camille échappait ainsi aux hasards, aux pièges, d’une discussion particulière. C’est pour lui seul que Claude avait accompli ce tour de prestidigitation sous le nez d’Hébert, de Momoro, de Nicolas privés des bêtes noires dont ils espéraient bien sonner, ce soir, l’hallali.
    Ils murmurèrent et ne s’en seraient pas tenus là. Mais, le lendemain, tandis que la tête de l’ancien ministre Lebrun tombait sur la place de la Révolution, Barère annonçait à l’Assemblée la reprise de Toulon. Ce fut une séance triomphale pour le Comité de Salut public. À cette nouvelle, parvenue dans la nuit, s’ajoutaient les succès continus des armées du Rhin et de Moselle. Après Deux-Ponts, Lauterbourg était enlevé aux Austro-Prussiens qui ne cessaient de reculer devant l’offensive de Hoche, admirablement servi par Bernard.
    Claude, allant voir, un instant, son beau-frère Dubon tenu à la chambre depuis une décade par un mauvais coup de froid, put l’assurer que la sournoise coalition héberto-dantoniste du 22 frimaire pour abattre le Comité ne risquait plus de se reproduire. La victoire de Toulon sur les royalistes et les Anglais, la marche irrésistible en Alsace ne laissaient à Danton aucun espoir de renverser le comité Robespierre. « Il était grand temps, ajouta Claude. Si cet heureux événement avait tardé le gouvernement républicain succombait sous la calomnie. Legendre, Panis et beaucoup d’autres, même du Marais, Sieyès, Cambacérès, nous ont déclaré : « Vous avez bien fait de réussir, car si votre Dugommier et votre Buonaparte n’avaient pas emporté Toulon, vous étiez cuits, au renouvellement du Comité…»
    « Pourquoi me regardes-tu comme ça, Gabrielle ? » demanda brusquement Claude à sa sœur qui cousait, en face de son mari, au coin du feu.
    « Ah ! pourquoi ? » répondit-elle avec une mine mystérieuse. « Demande-le à Jean.
    — Voyez-moi cette futée ! fit-il en souriant. Elle veut parler, j’imagine, de la lettre dans laquelle Delmay annonce la délivrance imminente de Landau.
    — Oui. Tu n’en dis rien. Nous sommes donc mieux renseignés que toi, à ton Comité ?
    — Ça, par exemple ! Bernard vous écrit et nous laisse, Lise et moi, sans nouvelles ! J’en ai indirectement par les rapports, mais…
    — En vérité, expliqua Gabrielle tendrement amusée, ce n’est pas tant à Jean et à moi que Bernard écrit. C’est bien plutôt à ta nièce, seulement il s’adresse à nous tous. Même un général révolutionnaire ne saurait entretenir une correspondance avec une jeune fille. En revanche, les parents peuvent la charger de répondre en leur nom. Voilà. »
    Claude n’en revenait pas. Il considérait avec stupéfaction Gabrielle et Jean drapé dans sa robe de chambre, un madras noué autour de la tête. Il fallait dire quelque chose. « Je comprends », fit Claude d’une façon toute machinale. Or, justement, il ne comprenait pas, absolument pas. Son regard erra, à travers les petits carreaux de la fenêtre, par-dessus la bannière tricolore qui surmontait le piédestal vide de la statue du Vert-Galant, par-dessus la Seine charriant des glaçons, par-dessus le toit du pavillon de Flore, vers les lointains perdus dans la grisaille de ce jour d’hiver. « Alors, Bernard annonce qu’ils vont dégager

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