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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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plus loin. Si vous n’avez été que trompés, avait-il écrit dans son factum.
    Le chirurgien Levasseur, comme lui député du Mans, l’attaqua sans merci, lui reprochant ses erreurs politiques passées et ses dénonciations mensongères. Il dit que Philippeaux voulait faire retomber sur d’autres son propre échec avec les « colonnes mobiles » imaginées par lui et dont le résultat avait été déplorable. « Non seulement, ajouta-t-il, Philippeaux a traité Ronsin et Rossignol de scélérats, mais encore il a déclaré que le club des Jacobins est une assemblée de fripons.
    — Je n’ai jamais tenu pareil propos. C’est une calomnie !
    — Tu l’as tenu, s’écria Hébert, j’en garantis l’authenticité. » Tapotant sur le bureau, Claude pria les orateurs de revenir au fond de la question.
    « Je maintiens les termes de mon rapport, assura Philippeaux. Les épauletiers ont causé les malheurs de la république, en Vendée. Ils ont gaspillé le sang de cinquante mille de nos frères et dilapidé les deniers publics. Rossignol et Ronsin ne pensaient qu’aux intrigues, au plaisir, à la bonne chère. Ils n’étaient jamais à la tête de leurs troupes, excepté, malheureusement, le 18 septembre, où Ronsin laissa trois mille brigands écraser quarante-cinq mille hommes. Le jour fatal de Coron, après avoir disposé notre artillerie dans une gorge, en tête d’une colonne de six lieues de flanc, il se tint caché dans une étable, comme un lâche coquin, à deux lieues du champ de bataille où nos infortunés camarades étaient hachés par nos propres canons tournés contre eux par l’ennemi. »
    Un tollé s’éleva. Claude dut recourir à sa sonnette. Danton réclamait la parole. « J’ai averti Philippeaux, annonça-t-il. Je lui ai dit : Il faut que tu prouves tes accusations ou que tu portes ta tête sur l’échafaud. J’ajouterai : il n’y a peut-être de coupables que les événements. Dans tous les cas, tout le monde doit être entendu, et surtout écouté. »
    Robespierre, se posant en arbitre entre Philippeaux et les Hébertistes, reprocha aux deux partis de favoriser la contre-révolution par leur ardeur à s’entre-déchirer. « Évidemment, Philippeaux doit prouver ses accusations, il doit démontrer si le Comité de Salut public, en refusant d’arrêter Rossignol, a réellement sacrifié trente mille hommes, comme notre collègue n’a pas hésité à l’écrire. En cela, je ne le crois pas coupable d’intentions mauvaises, mais entraîné par des passions. Qu’il examine s’il n’y a en lui ni petites vanités ni haines personnelles. Qu’il considère la lutte dans laquelle il nous engage. Il verra que les modérantistes seront heureux de se ranger derrière lui, puis les aristocrates à leur suite. La Convention elle-même se partagera, il s’y élèvera un nouveau parti d’opposition. Ce serait désastreux, car cela renouvellerait le combat dont nous sortons à peine et les conspirations que nous avons eu tant de mal à déjouer. »
    Sur un ton un peu doctoral, c’était là cependant la voix de la sagesse. Celle aussi de la sincérité. Claude le savait bien : Maximilien appréhendait de voir renaître une puissante opposition. C’est pourquoi il n’osait point porter des coups décisifs aux nouveaux Cordeliers. Il redoutait, en les abattant, de laisser le champ libre aux intrigants dantonistes pour former cette nouvelle droite contre-révolutionnaire. « Ah ! si Danton voulait ! » confiait-il parfois à Claude. Mais, pas plus l’un que l’autre, ils ne croyaient au désintéressement ni au républicanisme de Danton.
    Philippeaux se déclara d’accord avec Robespierre, tout en reprochant au Comité de Salut public d’avoir mal accueilli son rapport. « Voilà pourquoi j’ai fait imprimer ma brochure, dont il n’a été tiré, précisa-t-il, que le nombre d’exemplaires destinés à nos collègues de la Convention.
    — Tu mens ! » lui cria Levasseur.
    Nouveau tumulte. Les clameurs emplissaient la voûte de la salle bondée où la chaleur de la foule, ajoutée à celle des poêles, rendait l’atmosphère étouffante. Danton en sueur tonna, couvrant le vacarme : « L’ennemi est à nos portes et nous nous dévorons les uns les autres ! Toutes nos altercations tuent-elles un Prussien ? » En vérité, aux dernières nouvelles des armées du Nord et du Rhin, l’ennemi se trouvait à présent loin de « nos portes », mais la

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