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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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insurrection jusqu’au moment où la punition des ennemis du peuple aurait ramené la liberté, le calme et l’abondance. Dehors, sur la Grève, au jeune soleil de mars quelques agitateurs menés par des épauletiers faisaient du bruit. Un bruit ridicule pour les hommes qui avaient, ici même, entendu les formidables grondements du 14 juillet, du 20 juin, du 10 août. Comme Pétion alors, Pache aujourd’hui restait dans sa mairie, sur l’autre rive. À sa place, Dubon répondit aux pétitionnaires.
    « Il est étonnant, dit-il d’un ton froid, il est étonnant que l’on choisisse, pour lancer le signal de l’émeute, pour violer la Déclaration des droits, le moment où l’Assemblée nationale prend les mesures les plus énergiques contre les ennemis de la Révolution et en faveur des patriotes malheureux. Cette agitation inclinerait à croire qu’un certain parti, agissant pour le compte des aristocrates visés par ces mesures, et pour celui de l’étranger, veut ruiner l’ouvrage bienfaisant de la Convention et priver les sans-culottes d’en jouir. Ceux-ci trouveront singulier qu’après les efforts accomplis par le Conseil général pour assurer les subsistances et en régler la distribution à tous, à l’instant que ces efforts vont porter leur fruit on vienne nous demander de proclamer la guerre civile. »
    Comme les tribunes applaudissaient, Dubon conclut : « Vous entendez ? Notre réponse à cette surprenante pétition, ce sont les citoyens et les citoyennes qui vous la donnent. »
    Discours adroit. Avec la fin de l’hiver, l’approvisionnement devenait moins difficile. Bientôt, on récolterait les légumes cultivés « nationalement » dans les jardins publics et les terrains réquisitionnés. Le procureur syndic Chaumette le dit dans une allocution lénifiante et embarrassée. Il était fort mal à l’aise, abandonné de tous. Hébert n’avait pas jugé bon d’occuper son siège de substitut ni d’accompagner les pétitionnaires. Ronsin, seul capable, avec ses troupes, de donner consistance au mouvement, ne se manifestait point. Tout cela sentait la défaite. Dehors, les braillards s’essoufflaient sans réunir rien de plus que quelques badauds. Hanriot sortit avec une compagnie de la garde nationale, et les épauletiers se dispersèrent sans résistance.
    Non seulement l’affaire ne mordait pas, mais déjà le Comité de Salut public lançait une foudroyante riposte préparée pendant la nuit. La Convention, émue par les bruits d’insurrection, se réunissait avant l’heure habituelle. Barère parut aussitôt à la tribune. « Vos deux Comités, annonça-t-il, assurés de l’existence d’un complot contre la Convention, ont mandé le citoyen Fouquier et l’ont chargé par décret de rechercher et de poursuivre toutes les personnes coupables d’avoir, par leurs écrits, par des libelles ou pamphlets, ou par des placards affichés sur la voie publique, provoqué à la révolte. Nous vous demandons la confirmation de ce décret. »
    Saint-Just et Claude étaient là, prêts à épauler le porte-parole du Comité. Ils n’eurent point à intervenir, la confirmation fut votée sur-le-champ, même par les quelques députés amis d’Hébert, car nul ne pouvait refuser son suffrage sans se désigner par là comme conspirateur. Et Fouquier-Tinville était déjà en train d’instruire.
    Cependant, le soir, à la séance des Jacobins, Collot d’Herbois tout en blâmant « l’agitation populaire », et en invitant les bons citoyens « à se serrer autour du Comité de Salut public », s’efforça d’empêcher la rupture avec les Cordeliers. Momoro en profita pour tenter une justification. Il convint que l’on avait violé la Déclaration des droits, mais nia tout dessein d’insurrection. Le mensonge était flagrant, des protestations éclatèrent. Plus adroitement, Carrier reconnut les propos qu’il avait tenus lui-même, mais il s’agissait, spécifia-t-il, d’une « insurrection conditionnelle ». Finalement, on admit que Collot irait, avec une délégation, aux Cordeliers pour « ramener à la raison ces frères égarés par des suggestions perfides ».
    Il s’y rendit le lendemain soir et donna aux frères égarés une sévère leçon. « On parle de s’insurger, quand Pitt, embouchant la trompette de Daniel, prophétise une insurrection en France. » Hébert répondit piteusement que, pour les Cordeliers, insurrection voulait dire union plus

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