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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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intime avec les Jacobins. On enleva l’étoffe noire couvrant le tableau des Droits, on la déchira, on la remit à la délégation en signe de fraternité.
    Les jours suivants, ce ne furent que palinodies et embrassades. Les Cordeliers rendirent leur visite aux Jacobins. Ils eurent le désagrément d’entendre Collot vitupérer avec rudesse « la couleur noire, couleur de l’hypocrisie et du mensonge ». Hébert, affolé par cette sévérité persistante, se débattait. Il flétrit les journalistes assez infâmes pour oser dire que ses amis avaient voulu créer un schisme avec les Jacobins et renverser la république par la dissolution de la représentation nationale. « Je demande acte du désaveu formel que je fais d’avoir, comme l’insinuent les journaux, mis en cause Robespierre, dans la séance du 14 ventôse. »
    Ces dérobades provoquées par l’idée de l’accusateur public à l’ouvrage ne trompaient personne, au pavillon de l’Égalité. Sans doute, Hébert aurait-il bien voulu revenir en eau plus calme, mais après avoir outrepassé Marat puis Jacques Roux, Varlet, Leclerc, il se trouvait dépassé à son tour par ce qu’il avait déclenché. Les rapports de police parvenant aux deux Comités confirmaient la défaveur des Hébertistes dans beaucoup de sociétés populaires. Dans certaines, on entendait qualifier Hébert d’accapareur. (L’agent d’Héron, notant ce propos, ignorait qu’il avait été mis en circulation par les agents de la Sûreté générale. Il prenait assez bien, en dépit de son absurdité.) Mais dans d’autres sections, on affirmait, encore selon les rapports des mouches : « Le club des Cordeliers ne quittera point prise avant d’avoir culbuté les ministres, excepté Bouchotte, pour mettre à leur place des hommes de son choix. » Un autre espion signalait : « Chaque section a son esprit de parti. L’une est pour Hébert, l’autre pour Danton, celle-ci pour les Cordeliers, celle-là pour les Jacobins. On craint que cette division n’allume la guerre civile. »
    Tel semblait être, en effet, le risque. Après l’échec de l’insurrection hébertiste, les contre-révolutionnaires – tous les contre-révolutionnaires, ultras et citras – devaient nécessairement recourir à la guerre, en lançant contre la Convention Ronsin et ses troupes associées à celles qu’un général rebelle amènerait des frontières, le tout avec le concours des royalistes et le soutien de l’étranger.
    Dans le petit groupe des Robespierristes, Claude était seul sceptique là-dessus. Il n’en disait rien toutefois. Il en profita pour faire rappeler Jourdan au service, sous prétexte de l’opposer à Hoche, le cas échéant. Il avait également écrit à Bernard pour lui demander s’il marcherait au besoin sur Paris avec ses divisions afin de défendre la représentation nationale. C’était surtout pour montrer la réponse de Bernard au Comité dont elle lui vaudrait la faveur. Bernard déclara qu’au premier signal il accourrait avec trois divisions, laissant les autres à Malinvaud pour interdire tout mouvement ennemi sur le Rhin, et qu’il se portait garant du républicanisme de son armée. Pendant ce temps, Bouchotte se hâtait de faire connaître à Jourdan, pour lequel il avait toujours eu de la sympathie, sa nomination à l’armée de Moselle dont le commandement serait retiré à Hoche. Or, le ministre de la Guerre connaissait fort bien le sans-culottisme de Jourdan, confirmé par toute la conduite du général depuis son renvoi à Limoges. Si donc Bouchotte trempait dans un complot militaire – et comment en eût-il existé dont il ne fût pas au courant, lui, le protecteur de Vincent et de Ronsin ? – il ne se serait pas empressé d’appeler un pur Jacobin à la succession du « généralissime » choisi par les conspirateurs.
    La vérité, pour Claude, c’était qu’évidemment les néo-Cor-deliers et les Dantonistes voulaient une contre-révolution à leur profit, mais ils la désiraient d’une façon absolument anarchique, en se tirant mutuellement dans les jambes, et ils ne disposaient d’aucun moyen organisé pour la faire. Ils étaient les jouets, les instruments des royalistes et de Pitt. Ni le rapport Amar ni les déclarations de Pache lors d’une dernière réunion secrète, à Choisy, ne démontraient autre chose que le disparate des efforts antirépublicains. À cette réunion assistaient Robespierre, Couthon, Barère,

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