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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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secret l’avènement du petit roi. Claude se demandait si Danton ne favorisait pas une telle entreprise, dans l’idée de se substituer à Hébert, au dernier moment. Depuis qu’il avait contribué à la libération de Vincent et de Ronsin, les ultras, tout en se déchaînant contre les Dantonistes, semblaient réconciliés avec Danton lui-même.
    Tout était possible. On nageait dans un océan d’intrigues qui se chevauchaient, innombrables, comme les vagues. Jamais, même pendant les prolégomènes du 10 août, il n’y avait eu pareil grouillement. Tout le monde tramait, soit par ambition, soit pour se défendre, car tout le monde se sentait menacé par les uns ou les autres. Le Comité formait bloc contre ses ennemis cordeliers ou dantonistes, mais dans son sein chacun menait ses propres combinaisons offensives ou défensives. Claude en venait à penser que, non pas la maladie de Robespierre, mais le prolongement de sa convalescence tandis que Couthon lui aussi s’éternisait au logis, répondait à un calcul. Lequel ? Voulaient-ils tous deux éviter de se compromettre en prenant des mesures contre les ultras, tant que l’on n’était pas sûr de les abattre ? Maximilien n’avait jamais été très communicatif, il le devenait de moins en moins. Il aurait pu retourner aux Tuileries, il allait tous les jours respirer l’air de la campagne déjà printanière, à Choisy, chez Vaugeois, beau-frère de Duplay et maire du village. Il avait demandé à Claude d’employer ses relations avec Xavier Audouin pour amener là-bas son beau-père, Pache, qui s’y était rendu. S’assurer Pache, le grand homme des Hébertistes : bon moyen de les affaiblir.
    Chez Duplay, ce soir du 4 mars, on savait que la section Marat, présidée par Momoro, s’était réunie tumultueusement, avant la séance ordinaire des Cordeliers. Dubon avait fait prévenir qu’il irait à celle-ci pour observer. L’opposition menée depuis longtemps par Dubon, aux Cordeliers, contre Danton, lui donnait à présent une assise difficilement ébranlable dans le club devenu anti-dantoniste. Aussi les Hébertistes, quoique n’ignorant point son hostilité, n’avaient pas osé demander son expulsion. Il aurait eu toute une majorité pour lui. Enfin, il avait fait son possible pour défendre Clootz contre la rage de Robespierre qu’il estimait injuste envers l’Orateur du genre humain. Chaumette lui en savait gré.
    Arrivant à l’heure habituelle à la Société des Amis des Droits de l’Homme, Dubon trouva la vieille salle basse déjà pleine et en effervescence. Sous la voûte, au centre de laquelle pendait l’urne enfermant le cœur de Marat, au moins trois cents personnes des deux sexes s’entassaient, soit sur les bancs de bois en amphithéâtre, soit dans les espèces de tribunes qui surmontaient ces bancs. Les chandelles des lustres fumaient, ajoutant leur odeur à celle d’une assistance dont une grande partie considérait la propreté comme contre-révolutionnaire, et d’ailleurs n’avait pas les moyens d’acheter du savon, au prix qu’il coûtait. Les lourdes chaînes rouillées, suspendues au mur derrière la tribune des orateurs, encadraient toujours le tableau de la Déclaration des droits. On était en train de le couvrir d’un crêpe noir. Momoro, président, déclara d’un ton colère et lugubre : « Ce saint tableau restera voilé jusqu’à ce que, par l’anéantissement de la faction, le peuple ait recouvré ses droits sacrés. »
    C’était le classique appel à l’insurrection. Ainsi avaient procédé les prédécesseurs des Hébertistes, ainsi avaient été annoncés le 10 août et le 31 mai. Seulement, le 9 août, à cette heure-ci, tout le quartier, toute la rive gauche et les faubourgs grondaient, bouillonnant d’un patriotisme volcanique. Ce soir, par les baies en ogives, entrouvertes sur la nuit du jardin conventuel, pour donner un peu d’air, n’arrivait aucun bruit. Le 9 août encore, Dubon avait assisté aux hésitations de Danton. Ce soir, Hébert semblait bien plus embarrassé devant la véhémence de ses acolytes. Il ne pouvait se montrer moins enragé que l’hystérique Vincent ou le monstrueux Carrier. Criaillant comme une femme, Vincent dénonçait la nouvelle faction des Dufourny, des Delaunay, Philippeaux, Bourdon de l’Oise, Chabot, Bazire, Fabre d’Églantine, qui, dit-il, « veulent établir un système destructif de modérantisme. Leur conspiration renversera

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