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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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étouffait sa voix, tandis qu’un Camille Desmoulins, ce traître vendu au parti de l’étranger, chassé, rayé par les patriotes, jouissait de la protection d’un homme…
    Au bord du Rubicon, le chef de file des ultra-révolutionnaires renâcla de nouveau. Ravalant le nom qui allait sortir, il se défila encore une fois par la tangente : « Oui, un homme égaré sans doute, car autrement je ne saurais de quelle épithète le qualifier, s’est trouvé là fort à propos pour faire réintégrer Desmoulins, malgré la volonté du peuple. »
    Hébert s’interrompit, tamponnant sa figure en sueur. Il estimait assurément ne s’être que trop aventuré malgré ses circonlocutions. Il détourna sa bilieuse éloquence sur les comparses : Paré, que les intrigants lui avaient préféré pour le ministère de l’Intérieur.
    « Un Paré ! d’où vient-il ? Comment est-il parvenu à cet emploi ? On ne sait, ou plutôt on sait trop par quelle cabale.
    — C’est un nouveau Roland, aboya Vincent.
    — Et Deforgues qui occupe le ministère des Affaires étrangères, et que j’appelle, moi, un ministre étranger aux affaires ! »
    Bouchotte seul était un solide patriote. Voilà pourquoi la faction voulait lui enlever le portefeuille de la Guerre. On devait nommer à sa place un Carnot-Feulens, ex-feuillant, frère du membre du Comité de Salut public, un imbécile et un malveillant, général à l’armée du Nord, ou bien Westermann, monstre couvert d’opprobre, complice de Dumouriez, qui s’était montré, en Vendée, le pire ennemi des généraux révolutionnaires. En présence de tels complots, le seul moyen de soustraire le peuple à la faction qui l’opprimait, c’était l’insurrection.
    « Les Cordeliers ne seront pas les derniers à en donner le signal », conclut Hébert au milieu des applaudissements.
    Toute l’assistance, néanmoins, ne partageait pas cet enthousiasme. Si prudentes qu’elles demeurassent, les attaques contre Robespierre et les Jacobins avaient déplu à des citoyennes familières des deux clubs. Elles murmuraient. Comme Vincent observait qu’il semblait y avoir dans l’assemblée des femmes payées pour injurier le Père Duchesne, l’une d’elles riposta vertement : « Et moi je suis payée pour te claquer, polisson ! »
    S’adressant à la veuve et à la sœur de Marat, présentes à la séance, elle ajouta : « Les scélérats qui sont là cherchent à vous tromper et à vous perdre.
    — Il faut chasser toutes ces taupes-là ! » vociféra Ancard. Vincent escaladait les marches de la tribune. « Que chacun, ordonna-t-il, mette sa carte à la boutonnière. Je vais faire ma ronde, accompagné des commissaires épurateurs, afin de démasquer les faux frères. »
    Pendant qu’il procédait à ce contrôle, d’autres orateurs se succédèrent, prônant eux aussi l’insurrection. Ils se répétaient à l’envi. Dubon se leva, gagna la porte. Il fut arrêté par Vincent qui lui dit aigrement :
    « Tu vas faire ton rapport à la faction, annonce-lui sa fin prochaine.
    — Je vais tout bonnement me mettre entre les draps, j’en ai mon saoul de vos sottises. Tout cela ne vaut même pas la peine d’y penser. On ne parle point d’insurrection quand on n’est pas capable de la faire, et vous ne l’êtes pas. »
    Ce qui se vérifia le lendemain. Seule, la section Marat répondit à l’appel des Cordeliers. Claude était bien tranquille là-dessus. L’organisation du gouvernement révolutionnaire avait rompu la puissante machine montée par Danton, deux ans plus tôt, à l’Hôtel de ville, avec le bureau de correspondance des sections : la machine à soulever le peuple. À présent, les sections ne correspondaient plus avec la Commune, elles ne relevaient plus du Conseil général, elles se trouvaient sous l’autorité directe de la Convention, c’est-à-dire de ses deux Comités. Dans celui de Sûreté générale, les Hébertistes ne comptaient plus que deux partisans : Voulland et Vadier, d’ailleurs occupés à virer savamment de bord depuis la dégringolade d’Hébert aux Jacobins. Dans le Comité de Salut public, Collot d’Herbois évoluait aussi. Il avait subi l’influence de son ami Billaud-Varenne qui criait contre « les parvenus de la démagogie ». Mais, pour l’instant, Billaud était en mission.
    Conduits par Momoro, les délégués de la section Marat se présentèrent à la Maison commune. Ils se déclarèrent en

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