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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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retenti des crimes des égoïstes et des fripons. L’acte constitutionnel va être présenté à la sanction du peuple souverain. Y avez-vous proscrit l’agiotage ? Non. Avez-vous prononcé la peine de mort pour les accapareurs ? Non. Eh bien, nous vous déclarons que vous n’avez pas tout fait pour le bonheur du peuple… Eh quoi, les propriétés des fripons seraient-elles plus sacrées que la vie de l’homme ? La liberté du commerce est le droit d’user et de faire user, et non le droit de tyranniser et d’empêcher d’user. Les denrées nécessaires à tous doivent être livrées au prix auquel tous puissent atteindre. Prononcez donc encore une fois. Les sans-culottes feront exécuter vos décrets avec leurs piques… Quand il y aura une loi claire et précise dans l’acte constitutionnel contre l’agiotage et les accaparements, le peuple verra que la cause du pauvre vous tient plus à cœur que celle du riche. Il verra qu’il ne siège point parmi vous des banquiers, des armateurs, et des monopoleurs, il verra enfin que vous ne voulez pas la contre-révolution. »
    Il avait raison, certes, mais les mesures qu’il réclamait n’étaient pas applicables pour le moment. Elles achèveraient d’anéantir le commerce. Et il ne les réclamait assurément, comme Robespierre le lui avait dit en pleine séance aux Jacobins, que pour accuser les représentants, les déconsidérer aux yeux de la population, pour la soulever contre eux. Il mettait la Convention, impuissante à satisfaire de telles demandes, devant cette alternative : ou se démettre et laisser les Enragés précipiter la France dans l’anarchie, ou bien établir un régime d’étatisme absolu – une tyrannie qui rendrait la Révolution haïssable à tous les Français.
    Indignant la Convention, la Commune, les vieux Jacobins, les vieux Cordeliers, cette tactique d’insolence et de violence avait échoué. Était-ce pour cela que Jacques Roux en essayait une autre ? Parbleu ! Elle se révéla dans son numéro du 25 juillet. Selon sa nouvelle marche, il prêchait le calme, il accusait à la façon de Marat, d’Hébert, de Robespierre, « des fripons couverts du manteau du patriotisme d’échauffer les esprits sur l’article des subsistances. Ils savent bien qu’en annonçant la disette on la fait naître, on favorise les accaparements », etc. Après quoi venait cette queue sournoise et empoisonnée :
    « Il est de mon devoir de dire que ceux qui alarment les citoyens sur les subsistances prennent jusqu’à vingt et trente pains par jour, qu’ils font brûler ou pourrir dans des caves ; que les aubergistes, pour la plupart, sont coalisés avec les habitants des campagnes pour leur livrer, la nuit principalement, des pains de quatre et six livres en échange des marchandises qu’ils leur fournissent… Il est de mon devoir de dire qu’on a trouvé dans les filets de Saint-Cloud plusieurs pains. »
    À un moment où, malgré la garde et les commissaires chargés de la distribution, on se battait aux portes des boulangeries, où un homme avait été tué, rue des Gravilliers, en défendant le pain qu’il venait d’acheter pour sa famille, où un autre citoyen avait eu, le même jour, dans la rue Froidmanteau, le bras coupé, où une femme enceinte avait été blessée, de tels ragots étaient conçus pour déchaîner l’émeute.
    Les Enragés la voulaient, cela ne laissait aucun doute. Le jeune Leclerc, ci-devant d’Oze, ne s’en cachait pas. Ambitionnant lui aussi la succession de Marat, il continuait purement et simplement l’Ami du peuple, dans lequel il dénonçait « l’aristocratie bourgeoise et mercantile, comme l’aristocratie nobiliaire et sacerdotale ». Il cherchait à surexciter la foule. Il lui dépeignait la cherté des vivres comme le résultat d’un complot brissotin et feuillant. Il lui montrait « les voleurs publics jouissant, sous la protection de la loi, du fruit de leurs rapines », et s’étonnait que « le peuple patient et bon ne tombe pas sur cette poignée d’assassins ». Il réclamait la peine de mort contre « tout homme qui, par une astuce criminelle, chercherait à soustraire aux perquisitions et à accumuler des denrées de première nécessité ».
    La Société des Femmes révolutionnaires, présidée par la Cordelière Claire Lacombe : la jolie actrice qui s’était signalée à Versailles en octobre 89, au 10 août, et à l’Évêché la veille du 31 mai, suivait

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