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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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parlementaire revint, avec une lettre du gouverneur. Il la tendit à Bernard qui la remit à Saint-Just. Sans daigner l’ouvrir, le jeune homme la rendit à l’Autrichien en lui disant sèchement :
    « Ce n’est pas un chiffon de papier, c’est la place que je veux.
    — Mais, protesta le colonel, si la garnison capitule sans conditions, elle se déshonore.
    — Nous ne pouvons ici vous honorer ni vous déshonorer, monsieur. Pas plus qu’il ne serait en votre pouvoir d’honorer ou de déshonorer l’armée française. Il n’existe rien de commun entre vous et nous. » Comme l’Autrichien insistait, Saint-Just ajouta : « Il y a huit jours, on aurait pu vous écouter. Aujourd’hui, vous n’êtes plus en mesure de poser des conditions. Il faut vous rendre ou subir notre assaut. Il sera donné à midi. C’est ma dernière parole. »
    Une demi-heure plus tard, la place se rendait à discrétion, avec ses trois mille hommes encore valides et cinquante canons. Cela libérait la division Hatry et une artillerie importante. Bernard s’empressa de répartir les pièces autrichiennes entre Kléber, à Monceau sur l’extrême gauche du front, au-delà de Charleroi, et Marceau, à Lambussart, sur l’extrême droite. Quant aux batteries françaises, il en garnit les retranchements de Gosselies dont l’ingénieur Marescot fit une formidable redoute. Derrière, le corps Hatry fut installé en réserve générale. On allait avoir à soutenir incessamment un choc redoutable, mais Bernard, en inspectant ce soir là, avec Jourdan, les principales positions, se sentait tranquille maintenant qu’il avait réalisé son dessein primitif. « Si, dit-il, nous avions pu nous renforcer, la première fois, comme je le voulais et comme nous le sommes aujourd’hui, jamais Orange ne nous aurait rejetés. » Les brigades, maintenant, étaient en situation de s’accrocher au terrain, elles ne reculeraient pas. Ces dispositions s’achevaient juste à temps, car, à la tombée du soir, on entendit des grondements dans l’ouest. Cobourg arrivait. Ignorant la reddition de Charleroi, il tirait le canon pour s’annoncer aux assiégés et soutenir leur courage.
    Les troupes bivouaquèrent sous les armes, dans la nuit tiède de la fin juin. À trois heures du matin, Jourdan et Bernard étaient à Ransart, en avant des divisions de réserve auxquelles les munitionnaires, avec leurs voitures, distribuaient les vivres. Un parfum de café imprégnait l’air calme. Il ne faisait point encore jour, mais l’obscurité n’était plus qu’une pénombre et déjà le haut du ciel pâlissait. Un peu à gauche du village, les officiers aérostiers s’embarquaient dans leur nacelle. Le câble se mit à se dérouler, le ballon, globe luisant et sombre, s’éleva lentement. Tout, à quelques instants de la bataille, restait extraordinairement paisible. Jamais on n’eût imaginé qu’en face, à une lieue, une lieue et demie au plus, quatre-vingt-cinq mille hommes s’apprêtaient à se ruer. L’assaut néanmoins ne pouvait tarder. Croyant toujours la place occupée par les Alliés, Cobourg devait sans attendre obtenir la levée du siège, mais il n’avait eu que peu d’heures pour organiser son attaque.
    L’aube allait paraître. Dans le ciel, l’Entreprenant devenait visible et se colorait. Bernard, très tranquille, écoutait la chanson du ruisseau : un affluent du Piéton, qui coulait au pied de la petite butte occupée par l’état-major, sous des hêtres.
    « Ce murmure me rappelle l’aube de Jemmapes. T’en souviens-tu ? »
    Ils n’étaient pas fort loin de la route de Mons, près de laquelle, chefs de bataillon, ils avaient bivouaqué avant de manœuvrer interminablement au pied des plateaux.
    « Oui, répondit Jourdan. Avec cette différence qu’aujourd’hui nous attendons l’assaut, au lieu d’attendre de le donner. L’initiative ne dépend pas de nous, je n’aime guère ça.
    — C’est peut-être ce que pensaient Clerfayt et Beaulieu, ce jour-là.
    — Ils disposaient de retranchements auprès desquels les nôtres sont peu de chose. Si Cobourg, Orange et Beaulieu concentraient leurs quatre-vingt-cinq mille hommes sur un point de notre front, je ne nous verrais pas beaux.
    — Sans doute, mais ils ne le feront pas. Ils n’ont point l’usage des attaques en masses. Je gagerais ma tête qu’ils se préparent à frapper sur tout le dispositif, comme Orange l’autre jour. Ainsi étirés sur dix

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